Le journaliste Ali Soumana, Fondateur et directeur de publication l’hebdomadaire privé « Le Courrier » est sorti de la prison de Filingué ce lundi 11 septembre sur décision de justice. Il a en effet bénéficié d’une liberté provisoire en attendant la suite de son procès pour "complicité de soustraction de pièces de procédure et violation du secret de l'instruction" dans le cadre de l’affaire « AFRICARD ».
Interpellé depuis le 29 juin dernier et placé en détention préventive par la suite à la prison de Filingué, Ali Soumana retrouve ainsi les seins après presque trois (3) moins de privation de liberté.
Depuis son interpellation et son placement sous mandat de dépôt, la société civile et les organisations socioprofessionnelles du secteur de la presse n’ont cessé de monter au créneau pour dénoncer « une détention illégale ». La principale raison, c’est qu’elle contreviendrait aux dispositions de l’article 67 de l’ordonnance 2010-035 du 04 juin 2010 portant régime de la liberté de presse au Niger qui stipule qu’en matière de délit de presse, « la détention préventive est interdite. Le juge ne peut décerner ni un mandat de dépôt ni un mandat d’arrêt ».
Reporters Sans Frontière (RSF) tout comme La Maison de la presse se sont ainsi insurgés à l’époque des faits, «contre toute violation des textes régissant le métier de journaliste au Niger » appelant ainsi à sa libération et à l’abandon des poursuites.
Cependant en juillet dernier, le gouvernement a dans un communiqué de clarification estimé que « la détention du journaliste Ali Soumana est légale ». Pour l’exécutif, le journaliste est poursuivi pour « complicité de soustraction de pièces de procédure et violation du secret de l'instruction, un délit puni par le code pénal en vigueur au Niger et non couvertes par l'ordonnance de juin 2010 portant sur la liberté de la presse » a tenu à faire savoir le ministère de la communication en guise de réponse aux ONG et autres organisations professionnelles du secteur pour qui Ali Soumana paie le prix de ses critiques acerbes contre le régime du président Issoufou.
Ali Soumana avait déjà été arrêté puis condamné à trois mois avec sursis en juin 2016, en compagnie d’un autre journaliste du même organe Moussa Dodo, directeur du Courrier, pour publication de documents relatifs à des fraudes dans le cadre du concours d’intégration de la fonction publique pour le compte du ministère de la santé, un dossier dans lequel plusieurs personnalités du régime ont été citées.
Tout comme l’affaire AFRICARD, le procès du journaliste Ali Soumana est loin de connaitre son épilogue. Cependant, le bénéfice de la liberté provisoire que lui vient de lui accorder la justice s’annonce sous de bons auspices pour le directeur de publication du Courrier.