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Le coup de gueule du Canard en furie : lorsqu’on ne peut pas, on démissionne pour faire place à ceux qui peuvent
Publié le vendredi 15 septembre 2017   |  Le Canard en Furie




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S’agirait-il d’une farce ou du sérieux ? On penserait volontiers à un poisson d’avril. Sauf que nous ne sommes pas en avril mais en septembre et qu’au regard de la cérémonie solennelle qui a été organisée à l’occasion, il y a bien des raisons de croire qu’il ne s’agit pas d’une farce. C’est du sé- rieux et cela est grave. Très grave même puisque la dé- cision ne vient ni dans un contexte de succès économique ou de gestion orthodoxe qui autorisent une telle option, ni au tournant d’une embellie économique entrevue, mais dans la dèche totale, le développement de la corruption, les détournements de deniers et biens publics, les passe-droits, les trafics en tous genres, bref, dans un contexte d’Etat profondément malade, avec une économie exsangue et des ressources détournées. N’est-ce pas plus de trois milliards qui seraient détournés par l’ancien président du Conseil de ville de Niamey, Assane Saïdou ?

L’assurance donnée que l’Etat central sera là pour soutenir les collectivités territoriales n’est qu’un leurre, car l’Etat central-même est en faillite, incapable de faire face à ses charges de souveraineté. Tout est pratiquement en lambeaux. Transférer l’école, déjà mal en point, la santé abandonnée, l’hydraulique et l’environnement si déterminants pour les populations semi-urbaines et rurales aux collectivités, c’est leur refiler la patate chaude. Tout le monde l’aura compris. Incapables de faire face à leurs responsabilités, ils essaient, par des faux-fuyants et des choix suicidaires pour les secteurs vitaux, de se décharger sur d’autres.

Transfert de compétences et de…ressources, nous diton ! Ma barbe, de qui veuton se moquer. Pour beaucoup de Nigériens, c’est un coup de grâce porté à ce qui reste de l’Etat. Dans peu de temps, il n’y aura ni Etat ni collectivités et la chienlit sera d’autant plus grande que les communes choisiront, elles aussi, à leur tour, de remercier un grand nombre de personnels dans l’enseignement, la santé, l’hydraulique et l’environnement. Au motif qu’elles ne pourront garder des effectifs qu’elles ne pourraient pas payer, les collectivités vont donc remercier des milliers d’autres travailleurs dans les quatre secteurs retenus. Ce n’est pas un hasard si ce prétendu transfert de compétences et de ressources intervient au lendemain de la publication des résultats de l’évaluation des enseignants contractuels. Un maire va-t-il maintenir des effectifs d’enseignants ou d’agents d’environnement qu’il ne pourrait payer ? Le chômage et le désespoir des classes sociales les plus exposées vont rapidement prendre des proportions inquiétantes. Connaissant la politisation à outrance de l’administration nigé- rienne sous Mahamadou Issoufou, la perspective est redoutable puisqu’elle ouvrira nécessairement la voie à des règlements de comptes divers. Est-il si difficile de dire « Je ne peux pas, je démissionne » ? Mahamadou Issoufou est sans aucun doute à bout de souffle. Or, lorsqu’on ne peut pas, on démissionne pour faire place à ceux qui peuvent.

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