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Du Darfour à Paris, le périple de deux migrants soudanais
Publié le mercredi 20 septembre 2017   |  LeMonde.fr


Tunisie
© Autre presse par DR
Tunisie : naufrage de migrants nigériens


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Après un an de voyage, deux Soudanais arrivent gare de Lyon. Une journaliste du « Monde », témoin de la scène, raconte leurs premiers pas en France.
A peine descendue du wagon, j’ai croisé le regard inquiet de mon fils. « Tu as vu l’homme, dans le train ? Il a l’air désespéré, on dirait qu’il va pleurer. » Je n’ai rien vu, j’ignore de qui il parle. « Il y avait un migrant africain dans le TGV, le contrôleur lui disait “Police, police !”, il n’osait pas sortir, il paraissait terrorisé », ajoute mon compagnon.
En ce dimanche de fin d’été, la gare de Lyon est envahie par des voyageurs encombrés de valises et de poussettes, mais en quelques minutes, le quai est désert. Le migrant est là – debout, seul, immobile. « Do you need help ? » Tout en surveillant des yeux les alentours, il confie être originaire du Soudan. Il est monté dans le TGV près de Marseille, il a 17 ans.
Bientôt, un deuxième migrant s’approche. Il parle un peu mieux anglais, il a 23 ans. Ils ont voyagé ensemble depuis le Darfour, dans l’ouest du pays. « Vous êtes partis il y a longtemps ? » « Un an et demi, début 2016. » Au beau milieu de cette ambiance de fin de vacances, les images des reportages sur les migrants me reviennent : la traversée du Niger, les violences de la police libyenne, les chavirages de bateaux en Méditerranée.
Tous deux sont vêtus d’un simple tee-shirt, d’un bermuda et d’une paire de baskets – pas un sac, pas une valise, pas même un pull. « Vous n’avez pas de bagages ? » « Plus rien depuis la Libye, ils nous ont tout pris. » Le plus âgé sort de sa poche un papier froissé qu’il déplie lentement : une liste de noms et de numéros de téléphone portable. Il connaît un homme parti du Darfour plus d’un an avant eux : s’il a survécu, il est peut-être à Paris.
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