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Comment le piège Boko Haram s’est refermé sur le lac Tchad
Publié le vendredi 22 septembre 2017   |  LeMonde.fr


Les
© RFI par Sayouba Traoré
Les insurgés islamistes confisquent aux pêcheurs du lac Tchad leurs cargaisons de carpes et de silures fumés.


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Dans cette région à cheval sur quatre pays, la guerre contre le groupe terroriste est empêtrée dans des héritages historiques et économiques, décrypte le chercheur Christian Seignobos. Quatre armées et une Force multinationale mixte (FMM) des pays riverains du lac Tchad, comptant officiellement 7 500 hommes, sont engagées contre Boko Haram depuis 2016. Cette coalition a reçu le mandat d’en finir. La réalité de cette mobilisation autour du lac est difficile à cerner, entre les chiffres officiels actés et le terrain, où doivent être décomptés les « ghost soldiers » (soldats fantômes).

La zone est vaste, plus de 25 000 km2 couverte de diverses formes de marécages, coupée d’eaux libres d’où émergent des milliers d’îles. Plus malaisée encore est l’évaluation des bandes de Boko Haram qui s’y sont réfugiées. Abandonnant le mode de vie de leurs anciennes bases, elles auraient opté pour celui de leurs hôtes et alliés, les Yedina : une constante déambulation à travers les îles en fonction du mouvement des eaux du lac.

Nul ne peut prétendre aujourd’hui maîtriser le calendrier sécuritaire de la région du lac Tchad. Toutefois, nombreux sont ceux qui, dans les états-majors, pensent, depuis mi-2016, que si la guerre contre Boko Haram n’est pas encore gagnée, le scénario en est écrit et la phase finale se jouera sur le lac. Quant au nécessaire « retour à la normale » qui ne saurait, pour autant, se limiter à une situation ante, l’incertitude domine.

Un vivier inépuisable

Il s’agit de rappeler la matrice historique, sociale et démographique qui a donné naissance à Boko Haram. Sans ce substrat, « l’accident historique » que fut, en juillet 2009, l’exécution de Mohamed Yusuf, prédicateur islamiste populaire ultra-rigoriste, et la brutale répression militaire qui s’ensuivit, n’auraient pu être l’étincelle qui a embrasé toute la région.

Sur l’inépuisable vivier de Boko Haram, nous ne disposons que de quelques statistiques approximatives, comme celles concernant le seul canton kanuri du Cameroun, celui de Kolofata, sur la frontière avec le Nigeria, pris dans l’épicentre d’un bastion de Boko Haram, le triangle Kerawa-Mora-Waza. Dans ce canton de 80 000 personnes, 700 jeunes seraient partis faire le djihad. Il en resterait moins de 200 en vie, présentés comme des « enragés ».
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