Fidèle à sa politique de la chaise vide, l’Opposition FRDDR a tout simplement boycotté la réunion du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP). Ce qui a surpris le Premier ministre Brigi Rafini qui avait informé l’opinion publique d’avoir rencontré en prélude à cette rencontre trois leaders de cette opposition. Pas étonnant de la part de ceux qui ont fait le deuil de la voie démocratique pour prévaloir leur prétention à diriger le pays au sommet. Conditionner la reprise du dialogue par la tenue d’une mini-conférence nationale pour restaurer la démocratie en dit long sur la mauvaise foi du FRDDR. Commentaire sur ce petit jeu ou les raisons d’un boycott.
Lorsque les esprits préparent la guerre, la raison a tendance à déserter les consciences. C’est le printemps du populisme et de la vantardise : face aux appels au dialogue ou à la retenue on est sourd muet et aveugle. Machiavel traduit cette réalité en écrivant : « Il y a deux manières de combattre, l’une avec les lois, l’autre avec la force. La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes. » S’il y a une constante dans la lutte de l’actuelle opposition, c’est bel et bien son nihilisme et son approche anti démocratique de la lutte politique.
L’autre constante c’est justement sa vaine tentative de discréditer vaille que vaille les institutions de la République et les tenants du régime en place. Pour maquiller sa politique de l’autriche, l’opposition FRDDR demande à la majorité la tenue d’une mini-conférence nationale pour restaurer la démocratie ! Il n’y a tout simplement pas lieu de s’attarder sur cette demande assez spécieuse car ce serait spéculer sur le sexe des anges que de vouloir convaincre l’opinion publique qu’il n’y a pas de démocratie au Niger.
Le renoncement du combat avec les lois par le FRDDR…
L’opposition avait renoncé au combat avec les lois depuis belles lurettes. Du moins depuis le mot d’ordre du chef de file de l’opposition au forum d’Abidjan de la diaspora Fa Lumana lorsqu’il a posé son postulat : « Si vous tenez réellement à me voir rentré au pays et surtout à me voir à sa direction, alors vous devez savoir et comprendre que jamais cela n’arrivera par la voie normale des choses».
Tel est l’agenda de l’opposition politique nigérienne, réduite à sa plus simple expression, elle ne compte que sur la fortune ( des aléas ) pour supplanter le régime en place. C’est dire que cette opposition se trouve dans une sorte de désespoir car en renonçant à la voie normale de la conquête du pouvoir en démocratie, cela revient tout simplement à renoncer à sa vocation d’opposition qui aspire à conquérir et exercer le pouvoir d’Etat.
Il faut le dire tout net, ce jeu de quitte ou double auquel Hama Amadou et ses sbires voudraient s’adonner repose sur une mise en scène digne de celle de la maison mère du studio universel (Hollywood). A la quête d’une intelligibilité de la décision de l’ancien président du parlement de rentrer malgré le mandat d’arrêt qui pesait sur lui en son temps, un observateur averti de la scène politique nigérienne nous confiait : « En fait son scénario, c’est que son retour donne lieu à des troubles. La répression qui pourrait suivre lui permettra de diluer son dossier de bébés importés et de conduire le régime dos au mur. Les opposants misent sur une intrusion de l’armée pour se sortir d’affaire. C’est pourquoi, tout est bon pour créer la chienlit. Ils ont voulu faire croire à la communauté internationale que le processus électoral est enchainé par le régime en place. Le diplomate onusien Ibn Chambas a constaté le contraire puisque les représentants de l’opposition continuent à siéger à la CENI, au CFEB et que la Cour constitutionnelle ne saurait être dissoute. Il n’existe aucun mécanisme qui le permet et aucun argument ne milite en faveur de la complaisance de la Cour vis à vis du régime. »
Et l’on se souvient du mot d’ordre lancé sur les médias par un député Lumana : « Nous tenons à informer le gouvernement : « que son Excellence Hama Amadou sera au Niger incha Allah qu’il pleuve, qu’il neige ou même qu’il y ait une pluie de feu sur Niamey. »
Après les élections, l’opposition avait vainement et sans retenue utilisé des antivaleurs pour aboutir à sa fin : créer par tous les moyens une crise post-électorale au Niger. Dans une autre vie dénommée COPA 2016, n’est-ce pas la même opposition qui avait mis les institutions de la République entre parenthèses dont la Cour Constitutionnelle qu’elle avait considéré comme un ‘’machin’’ du pouvoir ? Toutes les déclarations incendiaires du FRDDR jusqu’à son auto-constat du parjure du président Issoufou concourent à corroborer le choix d’une stratégie de lutte non démocratique par l’opposition politique incapable d’assumer son rôle constitutionnelle.
Les dessous du boycott du CNDP…
Depuis son émiettement avec le départ du MNSD et ‘’l’hibernation’’ de Mahamane Ousmane et Amadou Boubacar Cissé, l’opposition FRDDR réduite en réalité à une seule formation politique manque de stratégie. Celle qui en tient lieu à savoir le quitte ou double du Lumana s’avère inopérante. Pour rappel, depuis le fameux forum de la diaspora Lumana d’Abidjan leur stratégie de lutte a été peaufinée en substance comme suit : mobiliser les jeunes et les femmes de Lumana à travers des déclarations incendiaires, des injures comme ils savent le faire et des slogans hostiles au Président de la République et ses très proches compagnons. L’idée ici serait de surfer sur la haine de l’autre, de monter les uns contre les autres, de délégitimer les dirigeants et les institutions de la République en particulier le Président de la République et la justice. C’est ce qui justifie tous ces tracts orduriers où l’insulte et l’injure sont devenues les arguments qu’ils chérissent fièrement. C’est dans ce registre qu’il faut inscrire le contrat indigne passé entre les leaders de Lumana et l’ordurier Ali Tera. En fait, qui peut expliquer pourquoi, ce parti et ses partisans adorent revendiquer le monopôle et l’incarnation de l’insolence et de l’impudence !
Comme on le voit, on est en face d’un véritable agenda de déstabilisation des institutions de la République. Et ce, juste parce que « le soldat Rayan » a perdu tout espoir de conquérir le pouvoir par la voie normale et démocratique.
Entre les lignes, l’on comprend aisément pourquoi le député Nassirou Halidou a fait montre d’intelligence d’un politologue lorsqu’il confia à notre confrère de Canal 3 : « La seule différence entre Lumana et les autres partis, c’est que Lumana est un comité de soutien » !
Ceci expliquant cela, il est loisible de comprendre pourquoi l’appel du premier ministre Brigi Rafini est adressé à un sourd, muet et aveugle. Ceux qui ont un autre agenda politique ne sauraient s’engager dans un CNDP qu’ils ont relégué aux calendes grecques. « Si vous tenez réellement à me voir rentré au pays et surtout à me voir à sa direction, alors vous devez savoir et comprendre que jamais cela n’arrivera par la voie normale des choses». Monsieur le Premier ministre a-t-on besoin encore d’une herméneutique pour comprendre un tel discours ? Nous, nous décodons que votre agenda républicain jure avec celui du FRDDR. Toute la nuance est là.