Niamey, 5 oct 2017 (AFP) - La mort de soldats américains tués dans une embuscade au Niger a révélé au grand jour la présence de forces armées américaines dans une région en proie à d'innombrables attaques jihadistes et qui bénéficie d'une forte coopération militaire avec les Occidentaux.
C'est la première fois qu'une présence de soldats américains est reconnue dans la zone, où les attaques visent généralement des positions de l'armée nigérienne et des camps de réfugiés.
Des soldats américains et nigériens ont été tués dans une attaque "probablement terroriste" contre une patrouille américano-nigérienne dans le sud-ouest du Niger, près du Mali "dans la zone de Tillabéri", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire, sans pouvoir préciser le nombre "d'élements perdus".
Selon le New York Times citant des sources anonymes, trois soldats américains ont été tués et deux blessés.
L'embuscade, a assuré à l'AFP une source sécuritaire régionale, est l'oeuvre "d'hommes lourdement armés venus du Mali" et "a visé une patrouille de soldats nigériens et américains, certainement des instructeurs".
Selon Radio France Internationale (RFI), les soldats américains et nigériens sont tombés dans un guet-apens après s'être lancés à la poursuite d'assaillants qui venaient d'attaquer le village de Tongo Tongo, dans la région Nord-Tillabéri.
- Base américaine -
Le commandement américain pour l'Afrique (Africom) a confirmé dans un communiqué qu'une patrouille mixte américano-nigérienne avait été attaquée, en ajoutant seulement qu'une enquête était en cours pour déterminer les détails de l'embuscade.
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a indiqué à des journalistes à Washington que le président américain Donald Trump avait été informé "sur le Niger", sans donner plus d'informations.
Les Américains sont très présents au Niger, notamment sur l'aéroport d'Agadez (nord) avec une base gérant des drones qui surveillent la zone sahélienne. Les militaires opérant sur cette base ne sortent toutefois qu'extrêmement rarement de cette position.
En plus de cette base, des forces spéciales américaines et des instructeurs sont présents dans le pays depuis les années 2000 pour former les militaires nigériens. Ces soldats effectuent des missions dans tout le pays et un journaliste de l'AFP a déjà rencontré des soldats américains à Niamey, mais aussi à Diffa (sud-est), une zone où sévit le groupe islamiste nigérian Boko Haram.
En octobre 2015, le Niger et les Etats-Unis avaient notamment signé un accord militaire sur "la sécurité et la bonne gouvernance" qui prévoit que les deux pays s'engagent "à travailler ensemble sur la lutte contre le terrorisme". L'armée américaine doit aussi "former les militaires nigériens dans la lutte contre le terrorisme", selon cet accord.
"Il y a ponctuellement des missions de renseignement et de formation de soldats américains ou français un peu partout dans le pays", souligne une source militaire occidentale.
Mi-septembre, Niamey a prolongé l'état d'urgence en vigueur depuis mars dans la zone "devant la persistance de la menace" des "groupes terroristes", notamment venus du nord du Mali voisin. Mi-juin, l'armée nigérienne a monté une nouvelle opération militaire à partir de la région de Tillabéri pour mieux combattre les jihadistes.
En octobre 2016, un humanitaire américain Jeffery Woodke avait été enlevé dans la région de Tahoua, au nord-est de Niamey, non loin de la frontière malienne. Le ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum avait attribué l'enlèvement à des groupes jihadistes et souligné que les ravisseurs avaent emmené leur otage - dont on est sans nouvelles - de l'autre côté de la frontière, dans le nord-est du Mali, devenu un sanctuaire jihadiste.
Outre les Américains, la France, ancienne puissance coloniale et partenaire privilégié du Niger, compte une base sur l'aéroport de Niamey à partir duquel opèrent des avions de chasse Rafale et des drones. Dans le cadre de l'opération Barkhane, les forces spéciales françaises disposent aussi d'une base à Madama, dans le nord nigérien.
L'Allemagne a aussi commencé la construction d'une base aérienne logistique d'appui à la mission onusienne au Mali (Minusma).