Les délestages et les difficultés de Nigelec concentrent l’attention des citoyens et des pouvoirs publics sur le problème de la satisfaction des villes en électricité. Niamey dépend à plus de 70% du barrage de Kainji au Nigeria et nous attendons impatiemment notre Kandadji et ses 125 MW ; en attendant NIGELEC fait ce qu’elle peut avec toutes les tensions opérationnelles et financières.
Mais si l’on regarde le problème dans son ensemble et qu’on part du principe que tous les Nigériens ont un droit égal à l’énergie électrique, la problématique se pose tout autrement. Il s’agit de l’énergie pour le développement et la sortie de la pauvreté. De ce point de vue il est clair que l’énergie produite par les voies actuelles, si elles sont nécessaires, sont insuffisantes même pour satisfaire totalement les grandes villes.
Actuellement moins de 10% des citoyens ont accès à l’électricité pour une population qui croît au rythme de 3.7% par an. Soyons lucides : les plus de 90% qui n’ont pas accès n’y accèderont jamais par la voie des équipements thermiques. Les 10 000 villages du pays éparpillés sur le territoire sont trop petits pour être connectés économiquement à des réseaux payants ; les gros bourgs et les villes secondaires devront payer l’électricité thermique de plus en plus chère. Et en dehors de Kandadji il n’y a presque pas de site capable de justifier l’investissement hydro-électrique aux coûts actuels.
Il nous reste donc les sources d’énergie renouvelables : le vent et le solaire. Le solaire étant le moins cher en investissement par KWH produit et le plus sûr en stabilité. Pour un pays qui a plus de 300 jours d’ensoleillement par an et dont le développement dépend essentiellement de sa volonté de sortir de la pauvreté (et non des investissements extérieurs à la recherche de profit), il est évident qu’il faut considérer le solaire, don de Dieu, comme un puissant moteur d’action :
Pour tous paysans et ruraux pauvres qui ont besoin de produire en dehors de la saison des pluies, de s’alphabétiser et de s’équiper pour assurer leur autonomie économique.
Pour tous les éleveurs qui ont besoin de gérer des points d’eau plus modernes et plus durables
Pour tous les secteurs informels urbains et péri-urbains qui ne peuvent être fixés et rendus « formels » et modernes sans approvisionnement fixe en électricité.
Pour tous les édifices publics décentralisés de services de base (santé, éducation, formations professionnelles, projets sociaux, etc.).
Pour faire fonctionner tout ou partie des administrations centrales, des collèges et lycées, des universités et écoles, etc.
Pour tous les privés et particuliers hors zones NIGELEC.
Lorsqu’on entre dans cette vision de l’énergie pour le développement il est logique d’envisager l’industrie qui sera la garantie de tous ces équipements en création, installation et entretien ; la formation du capital humain qui permettra sa maîtrise sur le long terme.
Ce qu’il faut proscrire c’est la stratégie illusoire de s’équiper par l’importation de produits finis qui ne rencontreront ici ni acceptation par les usagers (par méconnaissance) ni ressources humaines d’entretien, encore une capacité de remplacement endogène.
En effet il s’agit d’équiper le Niger d’une véritable industrie du solaire capable de :
Produire les équipements, essentiellement des panneaux solaires et des batteries et savoir les monter et les entretenir Créer et gérer des parcs solaires en partenariat avec NIGELEC Former les générations de personnels capables d’assurer le fonctionnement des acquisitions publiques et privées.
Est-ce un rêve au pays d’ABDOU MOUMOUNI ?
Des pays comparables au notre en termes de pauvreté et de ressources économiques sont déjà lancés dans cette voie d’avenir : Le Burkina Faso, le Rwanda, le Sénégal, etc.
Le processus des Conférences sur le climat n’est pas fait seulement pour afficher des professions de foi ; on y mobilise des ressources qui sont à la disposition des pays comme le nôtre à condition qu’ils présentent des projets crédibles et persévèrent dans leur réalisation.
A quand un véritable consensus national autour d’un plan national du solaire pour le développement ?