La culture du poivron, interdite depuis deux ans au Niger, est de nouveau autorisée dans la région Diffa (sud-est) où les autorités soupçonnaient la filière de financer les activités du groupe islamiste nigérian Boko Haram, a indiqué mercredi un responsable local.
"Nous avons levé il y a deux semaines l'interdiction sur la culture du poivron qui procurait avant la crise (de Boko Haram en 2014) à la région des milliards FCFA de revenus annuels" (des millions d'euros), a déclaré à l'AFP Bako Mamadou, le maire de Bosso, une des nombreuses localités dont les habitants vivent du poivron.
"Ici les paysans poussent un grand ouf de soulagement", s'est-t-il félicité.
Selon le maire, "mêmes les réfugiés nigérians" de la région sont "autorisés" à cultiver le poivron "à condition d'en faire une demande de terre".
Une source humanitaire a expliqué la levée de l'interdiction "probablement" par ses "effets dévastateurs sur les paysans" et "les attaques spectaculaires" de Boko Haram qui sont "rares" dans la région.
Mais "pour des raisons évidentes de sécurité", les activités agricoles ne sont pas encore autorisées autour des zones "trop proches de la frontière" nigériane, a précisé à l'AFP une source sécuritaire.
Les autorités de Diffa avaient expliqué l'interdiction de la culture du poivron par le fait que Boko Haram "profitait" de la filière, qui génère 7 à 10 milliards FCFA par an (10,6 millions d'euros), pour "financer ses activités".
Certains producteurs ont eux-mêmes déserté leurs champs de peur d'être tués par Boko Haram ou d'être soupçonnés d'être leurs "complices" par l'armée, selon les ONG.
Les combattants de Boko Haram "rançonnaient" les commerçants et "imposaient des lourdes taxes" sur les exportations de poivron, a affirmé un élu local.
Le groupe islamiste, qui ne dispose pas de base au Niger, a mené ses premières attaques dans ce pays le 6 février 2015. Fin 2016, Niamey a annoncé que des opérations de ratissage contre les fiefs de Boko Haram, menées par le Niger, le Tchad et le Nigeria, avaient permis de libérer plusieurs localités autrefois occupées par les insurgés nigérians et de "désorganiser le flux logistique".
La région de Diffa abrite plus de 300.000 réfugiés et déplacés, dont des milliers vivent aux dépens d'une population locale déjà très pauvre, selon l'ONU qui demande à la communauté internationale d'accroître son soutien financier.