Le gouvernement nigérien veut réduire le déficit budgétaire en mobilisant plus de ressources internes (par les impôts) en 2018. Une réalité que la société civile et une partie de l’opinion rejettent, soutenant que la situation socio-économique actuelle est déjà difficile.
Devant la représentation nationale mercredi, le ministre des Finances Hassoumi Massaoudou est revenu sur la genèse des investissements faits par l’Etat depuis 2011, date de l’arrivée au pouvoir du Président Mahamadou Issoufou.
Pour M. Massaoudou, le contexte économique d’avant 2011 présageait de bonnes perspectives. Tout d’abord, l’uranium dont on pouvait doubler la production avec l’exploitation de la mine d’Imouraren, une production de près de 5 000 tonnes actuellement, à 10 000 tonnes. « Nous étions dans un contexte de bon prix de l’uranium sur le marché.» lâche-t-il.
Ensuite, « nous projetions de quadrupler la production du pétrole qui passera de 20 000 barils actuellement à 80 000 avec la construction d’un pipeline reliant le Niger, le Tchad et le Cameroun ». Et des négociations étaient en cours entre ces pays puisque l’option retenue était le port de Kribi au Cameroun. « Donc une multiplication par 4 des recettes pétrolières, ce qui engendrera des recettes fiscales. Et des recettes qui seront tirées de la multiplication par deux des prix au niveau de l’uranium. C’était dans ce contexte que nous pourrons aussi mobiliser les recettes pour faire face à nos dépenses. », narre-t-il.
Mesures
Avec cette prévision, l’Etat dit avoir triplé la masse salariale et investi dans les services publics notamment la santé et l’éducation ; dans l’agriculture où plus de 1 100 milliards de FCfa ont été injectés pour la réussite de l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens). L’Etat annonce aussi avoir beaucoup investi dans les infrastructures routières, télécoms avec le déploiement de la fibre optique sur l’étendue du pays.
Hassoumi Massaoudou annonce aussi que le gouvernement a beaucoup financé le volet sécuritaire (avec l’éclatement de la crise en Libye en 2011) dont le montant s’élève actuellement à 15% du PIB. Il a aussi parlé des investissements dans l’énergie ; les retombées sont retardées à cause du changement d’opérateurs comme c’est le cas pour le programme Kandadji.
Contrecoups
A partir de 2014, l’Etat nigérien a vite déchanté. Premièrement avec la chute au niveau international du prix de l’uranium, qui a conduit au report sine die de l’exploitation, de la mine d’Imouraren dont Areva détient le titre d’exploitation. Ensuite, la chute du prix du baril qui a entraîné la réticence des investisseurs à continuer la construction du pipeline.
A cela, s’ajoute selon l’argentier, les effets de la crise en Libye qui a coûté 2 points (2%) au PIB. Tout comme ce qu’ont coûté les pertes au niveau des recettes attendues au niveau de l’exploitation des matières premières.
Revenant sur la chute du prix du baril, le ministre nigérien informe que cela a engendré d’autres pertes économiques ; surtout envers son principal partenaire économique dans la région, le Nigéria. L’économie de ce dernier dépendant fortement de l’exploitation du pétrole, le Niger s’est vu confronté à une inversion des flux commerciaux : « Nous exportions des produits agro-pastoraux vers le Nigéria. Avec cette récession économique due à la dépréciation du naira, c’est plutôt le Nigéria qui exportait vers nous les mêmes produits à cause des problèmes de change.», détaille-t-il.
Ces contrecoups ont mis l’Etat dans une situation de dette. « Nous avons creusé un déficit de 9% en 2015. (…) Que faire ? Et pour financer le déficit, nous avons accumulé des arriérés. C’est comme cela que nous avons eu beaucoup d’endettements.», a-t-il conclu.
Pour info, la Banque mondiale projette une croissance d’1% au Niger en 2017 dans son rapport « Africa’s pulse ». Un chiffre jugé insuffisant par l’institution qui a recommandé à l’Etat de mobiliser plus de ressources internes pour faire face aux multiples défis.