Le ministère public a requis vendredi cinq ans de prison ferme contre trois dirigeants d'une association nigérienne après une manifestation fin octobre qui avait dégénéré en violences, a indiqué un membre de la société civile.
"Le procureur a requis cinq ans ferme contre nos trois camarades à l'issue de leur jugement", a déclaré à la presse Gamatié Mahamadou, le dirigeant d'un Collectif d'organisations de la société civile à l'origine de la manifestation du 29 octobre à Niamey. Les manifestants protestaient contre la loi de finances 2018 qu'ils jugeaient "anti-sociale".
Le verdict du procès sera rendu dans une semaine, a-t-il indiqué.
Ecroués le 2 novembre dans une prison au sud de Niamey, les trois accusés sont poursuivis pour "participation à une manifestation interdite, attroupement armé, vol et complicité de vol", selon l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International.
Amnesty affirme que ces dirigeants de l'Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l'Information, de la communication et de l'énergie (ACTICE) avaient obtenu une autorisation de la mairie de Niamey pour ce rassemblement contre la loi de finances 2018.
Amnesty a dénoncé "la dixième" arrestation d'activistes "depuis le début de l'année" au Niger et demande aux autorités de "mettre fin aux intimidations des défenseurs des droits humains".
Selon l'ONG, une vingtaine de personnes, dont six mineurs, avaient été également arrêtées lors de la manifestation alors que 23 policiers avaient été blessés dans les heurts, selon le ministre de l'Intérieur, Mohamed Bazoum, qui a dissous ACTICE.
Pour Amnesty, la dissolution d'ACTICE "sans décision de justice préalable doit être immédiatement levée". Le Collectif de la société civile a manifesté contre la loi de finances 2018, en dénonçant "de nouvelles taxes et de nouveaux impôts".
Le rassemblement a dégénéré lorsqu'un groupe de protestataires s'est dirigé, malgré les interdictions, vers le parlement où les attendaient les forces de l'ordre. Les mesures ne touchent pas les pauvres mais les plus riches et la pression fiscale sera comprise "entre 13% et 16%, soit son niveau de 2015", avait assuré devant les députés le ministre des Finances Hassoumi Massoudou.