L'année 2017 au Niger aura été des plus meurtrières au regard des dizaines de victimes civiles et militaires enregistrées sur le territoire national depuis que le pays subit ces dernières années les attaques de nombreux mouvements djihadistes et autres groupes armés.
Cette année, la recrudescence des attaques meurtrières sur le sol nigérien et au-delà a été d'autant plus inquiétante que chaque recoin de ce pays vaste de plus de 1.267.000km2 a semblé une cible facile pour les mouvements djihadistes.
Il faut souligner que le Niger, enclavé dans la vaste bande sahélo-saharienne, fait face à trois fronts d'insécurité très actifs : au sud et sud-est, la secte islamiste Boko Haram basée au Nigeria depuis 2009; à l'ouest, les groupes terroristes Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et d'autres mouvements rebelles basés depuis près de cinq ans; au nord, des groupes armés et autres bandits de tout acabit qui contrôlent le sud de la Libye depuis la chute en 2011 du régime de Moammar Kadhafi.
Aussi, en dépit des moyens colossaux mobilisés et des dispositions juridiques et institutionnelles importantes prises par les autorités, le pays a été, tout le long de l'année, la cible des forces du Mal dans plusieurs localités nigériennes, notamment frontalières du Mali, de la Libye et du Nigeria, visant des positions militaires et même des civils innocents.
Cette année, c'est plus de 15% des recettes budgétaires du pays qui ont été consacrés à la lutte antiterroriste, selon le président nigérien Mahamadou Issoufou. Cela pour, entre autres, poursuivre la formation des soldats, accroître leurs effectifs et assurer leur équipement en vue de renforcer la présence sécuritaire dans les régions les plus exposées aux menaces.
Parallèlement, depuis février 2015, le gouvernement a instauré l'état d'urgence dans la région de Diffa (extrême sud-est, proche du Nigeria) face à la persistance des attaques meurtrières de Boko Haram et, depuis mars 2017, dans certains départements des régions de Tillabéry et de Tahoua, frontaliers du Mali, victimes d'incursions de terroristes.
A cela s'ajoute une série d'implantations de bases militaires de certaines puissances occidentales notamment la France, les Etats-Unis, l'Allemagne et bientôt l'Italie, sur le sol nigérien pour mener la lutte contre les forces terroristes et autres trafiquants de drogues qui opèrent dans la bande sahélo-saharienne.
Dans ce but, la force conjointe G5 Sahel, composée des armées du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, a été lancée pour faire face à la montée des mouvements djihadistes dans la région. Selon le président français Emmanuel Macron, en visite les 22 et 23 décembre à Niamey, la question du financement des opérations a été bouclée avec un budget revu à la baisse grâce à l'offensive diplomatique de Paris auprès de l'ONU, des Etats-Unis et dernièrement des pays du Golfe. Le démarrage effectif des opérations est prévu dans les prochains mois.
Cependant, même si une relative accalmie semble s'installer depuis près d'un an dans l'est du Niger, grâce notamment aux efforts des Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes appuyées par les armées du Tchad, du Cameroun et du Nigeria dans le cadre d'une force multinationale mixte, on a en revanche assisté à une recrudescence des attaques terroristes dans l'ouest du pays, frontalier du Mali et du Burkina Faso.
Selon des chiffres du ministère de la Défense, le Niger a déploré en 2017 la mort de plus de 70 de ses soldats et d'une trentaine de civils, enregistré de nombreux blessés civils et militaires et d'importants dégâts matériels lors des attaques perpétrées par les groupes terroristes.
Parmi les plus meurtrières, les Nigériens gardent en mémoire l'embuscade tendue le 22 février à une patrouille des FDS à Tirzawane, près du Mali par des terroristes lourdement armés qui a vu la mort de 16 militaires ou encore l'attaque le 6 mars du poste de gendarmerie de Wanzerbé, près du Burkina Faso et du Mali, occasionnant la mort de cinq gendarmes.
Dans la série noire, on retient également la mort de six éléments des FDS le 1er juin à Abala, dans la région de Tillabery, lors d'une attaque menée par des terroristes venus à bord de cinq véhicules équipés d'armes lourdes et l'attaque le 5 juin d'un détachement militaire près de Midal dans le département de Tassara, frontalier du Mali, qui a tué six soldats et blessé plusieurs autres.
Le mois d'octobre a été celui où les forces armées nigériennes ont le plus subi de lourdes pertes avec notamment la mort de 13 gendarmes à Ayarou (région de Tillabery) le 21 octobre dans l'assaut de leur brigade par des inconnus armés. Auparavant, le 5 octobre, à Tongo-Tongo, près de la frontière malienne, ce sont cinq militaires nigériens et quatre autres américains qui ont perdu la vie lors de violents combats avec un nombre important d'individus lourdement armés.
C'est la première fois, dit-on, que des assaillants s'en sont pris ouvertement et dans un combat frontal à une force occidentale sur le sol nigérien.
Côté civil, ces attaques ont fait également des dizaines de victimes et des milliers de déplacés cette année. Parmi celles-ci, on retient notamment celle perpétrée le 3 juillet par des éléments de Boko Haram à Ngalewa, dans la région de Diffa, au cours de laquelle neuf civils ont été tués et 45 autres enlevés. Ils n'ont jamais été retrouvés.
Cette dernière est survenue moins d'une semaine après un attentat suicide à Kabaléwa, dans la même région, où deux femmes kamikazes de Boko Haram se sont fait exploser dans un camp de réfugiés, faisant cinq morts. Par ailleurs, le 6 juillet, c'est une patrouille de l'armée nigérienne qui a tué par erreur 14 civils qu'elle avait confondus avec des combattants de Boko Haram à Toumour dans la région de Diffa.
Cependant, ce sont les différents groupes terroristes qui ont payé le plus lourd tribut dans les différentes opérations menées par l'armée nigérienne, appuyée parfois par la force multinationale mixte (Niger, Tchad, Nigeria et Cameroun). Au total, plus de 200 d'entre eux ont été tués dans différents affrontements au cours de l'année, selon le ministère nigérien de la Défense.
Parmi les sanglants revers subis par djihadistes, on peut citer la mort de quelque 162 éléments de Boko Haram les 24 et 25 juin dans des affrontements avec la force multinationale mixte dans le nord du Nigeria, près de la frontière avec le Niger, ou celle d'une trentaine de terroristes tués les 19 et 20 août par les forces nigériennes près de Barwa lors d'opérations de "nettoyage et de sécurisation".
Dans leur lutte, les FDS ont également intercepté d'importantes quantités d'armes et de munitions, notamment dans des localités de la région d'Agadez (nord), aux frontières algériennes, libyennes et maliennes, devenues un corridor fréquenté par les mouvements armés proches d'Aqmi, des trafiquants de drogue et autres bandits de tout poil en provenance de la Libye.