François Bozizé a décidé de passer à l’offensive. Près de dix jours après avoir pris la fuite de Bangui, pour prendre refuge dans un premier temps à Garoua-Boulaï, puis à Yaoundé où il séjourne depuis le 25 mars dernier, l’ex-président centrafricain a commencé à régler ses comptes. Invité sur les ondes de la Bbc, chaîne publique britannique, c’est tout naturellement en vers le Tchad, son protecteur pendant près de neuf ans, que les premières flèches sont partis. S’exprimant sur la bataille de Bangui, il affirme : «Le samedi 23 mars nous avons anéanti les forces de la Séléka, mais cependant dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 nous pourrions affirmer qu’il a eu un soutien d’un pays africain, je crois bien inévitablement le Tchad».
Avant d’être plus affirmatif : «C’était les forces spéciales des forces armées tchadiennes qui ont mené l’opération dans la matinée du dimanche puis ont attaqué la base des sud-africains qui se trouvaient sur l’itinéraire». «Nous avions des relations fraternelles solides, entre le Tchad et la République centrafricaine (…) mais nous sommes surpris de ce comportement dû à quoi? Seules les autorités tchadiennes peuvent nous donner des explications». «J’ai téléphoné hier au président (congolais) Sassou (médiateur dans la crise centrafricaine) pour lui dire que je voudrais être présent au sommet extraordinaire de N’Djamena demain (mercredi) mais malheureusement il semble bien que le protocole de la présidence de N’Djamena a donné une réponse négative»,a ajouté Bozizé. Le même jour, c’est vers la presse locale qu’il se tourne.
Dans un communiqué parvenu dans les rédaction, il dénonce: «le renversement des institutions de la République, la suspension de la constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale, le pillage systématique des biens des centrafricains et étrangers résidant dans notre pays». Il donne des explications sur les accords de Libreville dont les rebelles l’accusent de n’avoir pas respectés. «Après la signature des accords de Libreville et la mise en place du gouvernement d’Union nationale, grande a été notre surprise de constater que la coalition Séléka qui pourtant est représentée dans ce gouvernement a continuer àoccuper de nouvelles villes. Sous le regard des forces de la Micopax, qui n’ont pu jouer leur rôle, la coalition Séléka a franchi la ligne rouge de Damara, attaquant ainsi Bangui pour renverser les institutions de la République ; le chef de l’Etat fut alors obligé de se retirer évitant ainsi un bain de sang».
A la question de savoir si le chef de l’Etat centrafricain avait le droit de s’exprimer ainsi en territoire camerounais, le géostratège Ntuda Ebodé est catégorique : «Non». Pour, dans ce type de circonstances, on demande de garder le silence. Il affirme ne pas savoir comment il a fait pour communiquer et émet de réserves compte tenu de «la réserve diplomatique habituelle d gouvernement camerounais».
Cependant, il ajoute que si l’ex-président centrafricain bénéficie en territoire camerounais du le statut d’opposant politique, il pourrait éventuellement se livrer à ce type d’activités, contrairement à celui de réfugié qui lui aurait imposé un silence absolu. Le politologue Mathias Eric Owona Nguini va plus loin. Pour lui, «tout dépend des restrictions que le gouvernement camerounais a imposé à François Bozizé. Il est difficile de penser qu’il puisse parler sans avoir obtenu l’accord des autorités». «Au cas contraire, cela pourrait provoquer un brouille et précipiter son départ», souligne l’universitaire.