Deux (2) jeunes religieux ont comparu ce jeudi 25 janvier au Tribunal de Maradi pour « flagrant délit de blasphème » a appris actuniger auprès de sources locales. Selon le procureur, ils sont poursuivi pour flagrant délit de blasphème après leur interpellation suite à un audio remis au procureur par la police.
Les deux jeunes prévenus ont été entendus par le juge dans un Tribunal rempli de monde comme l’a confirmé un journaliste présent sur place. La police a été déployée pour prévenir tout risque de débordement d’autant que parmi les présents au sein du Tribunal, une foule impressionnante qui voulait lyncher les prévenus. Il s’agit pour l’essentiel des mineurs nous a confirmée notre source.
Les deux jeunes sont des religieux et auraient insulté le prophète dans l’audio que détient le procureur. Ils sont natifs de Maradi et feraient partie d’une nouvelle secte apparue ces derniers temps dans la région. D’autres membres de la même secte auraient depuis disparu dans la nature pour se mettre à l’abri de la justice mais aussi de la population locale.
VIDE JURIDIQUE
Le procès d’un délit pour blasphème au Niger est un fait assez inédit. Il faut dire que légalement, le délit de blasphème n’existe pas dans le code pénal nigérien. « Le blasphème a une connotation plutôt religieuse et le Niger est un Etat laïc » nous a expliqué un juriste. Ce que confirme un magistrat qui reconnait n’avoir certes pas connaissance d'une telle disposition légale au Niger mais la décision du procureur de poursuivre les mis en cause peut se justifier par son aspect « pédagogique ». « C’est une manière de faire calmer les choses et pour leur propre sécurité même sinon ils peuvent être se faire lynche ! » poursuit le juge. En la matière, les motifs de poursuite ne manqueraient pas comme « trouble à l’ordre public » ou « atteinte aux mœurs ».
C’est ce qui a faillit se passer à Maradi, une région connue pour son conservatisme religieux mais aussi la multiplication d’adeptes de nouvelles sectes se réclamant toutes de l’islam et pour beaucoup importées du Nigéria voisin, des pays du Golfe ou du Soudan. D’autant que le contenu de l’audio de quoi provoquer l’indignation au sein d’une société très religieuse, à fleur de peau sur un aspect sensible de la religion que celui du prophète.
Ces derniers temps d’ailleurs, force est de constater que l’extrémisme religieux est devenu une préoccupation nationale à laquelle les autorités tentent d’apporter des solutions pour qu’il ne serve pas de terreau au terrorisme.
Du 28 au 30 Novembre 2017, s’est tenu à Niamey un forum sur la « Prévention de la radicalisation et de l’extrémisme religieux violent à travers la définition des normes de l’encadrement de la pratique de la religion musulmane au Niger » au cours duquel une série de recommandations ont été faites pour « mettre fin aux discours d’intolérance qui ont de temps en temps cours entre les différentes obédiences de l’islam ainsi que vis-à-vis des autres confessions ». Au rang de ces recommandations, une plus grande implication de l’Etat et des autorités religieuses dans l’encadrement des pratiques et des prêches. « Ces recommandations, une fois mise en œuvre favoriseront certainement l’instauration de l’ordre et de la discipline dont la religion musulmane a besoin pour continuer à se développer harmonieusement dans notre pays » a estimé Bazoum Mohamed, le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur et des affaires religieuses.