Créée dans les années soixante sous le nom de Niger Textiles (NITEX), devenue par la suite la Société Nouvelle Nigérienne de Textiles (SONITEXTIL), qui prendra le nom de l’Entreprise Nigérienne des Textiles (ENITEX), la Société des Textiles du Niger (SOTEX S.A), est l’une des premières sociétés industrielles qui ont fait le bonheur et la fierté de ce pays. De sa création à nos jours, cette unité industrielle a connu plusieurs périodes de difficultés ; c’est ce qui explique le changement de dénomination de la société : de NITEX à SOTEX en passant par SONITEXTIL et ENITEX. Encore, une autre période difficile pour cette société. En effet, ce patrimoine industriel est aux arrêts depuis plus de X années. M. Oumarou Chaïbou, assistant du Directeur Général explique les raisons du disfonctionnement de la société.
La société SOTEX est située dans la zone industrielle sur la route de Kollo, en lieu et place de l’ancienne ENITEX, le nom le plus connu des Nigériens. Ce quartier est celui qui accueille la plupart des sociétés industrielles résidentes à Niamey. La société est devenue SOTEX en 1997 grâce à un groupe d’investisseurs sino-nigériens, (China World Best), investisseur principal avec 80% et Hua Fu International à hauteur de 20% d’action. La société suit les traces de ces anciennes défuntes : elle est spécialisée dans la fabrication, l’impression et la commercialisation des produits textiles.
Les difficultés qui ont contribué à aggraver la situation de la société
Les premières grosses difficultés de la société ont commencé à partir de 2003, où la société a connu une chute régulière de son chiffre d`affaires. M. Oumarou Chaïbou a indiqué que cela est dû essentiellement à la concurrence des produits asiatiques similaires (chinois en particulier). D’autres facteurs qui ont contribué à aggraver la situation de la société, a-t-il dit, c’est la fin des accords de l`OMC sur les textiles et les vêtements en décembre 2004, qui consacre une libéralisation totale du secteur, et la montée continue du prix du pétrole.
« Au plan national, il a mentionné que l`augmentation du prix du fuel, le principal carburant qu’utilise la société, est passé de 191FCFA/l en 1997 à 496F/l en 2013, la porosité de nos frontières qui favorise la fraude, la contrefaçon et le dumping pratiqués par les autres concurrents asiatiques, la subvention accordée par la Chine aux producteurs de coton et aux usines qui exportent afin d’étouffer à court terme les usines textiles ouest africaines, le manque de moyens et d’organe étatique chargé du contrôle de la qualité des produits importés et, ces derniers temps, l’insuffisance de l’énergie électrique en quantité et en qualité. Tous ces facteurs conjugués ont rendu difficile l’exploitation et la survie des entreprises manufacturières au Niger, particulièrement ENITEX », a déclaré M. Oumarou Chaïbou.
La fermeture de l’usine d’égrenage de coton de Gaya en 2006 (venue donner un coup de grâce aux deux usines de filature et de tissage fermées le 15 Août 2006 qui a conduit au renvoi de plus de 400 personnes, pour permettre la survie de la partie impression), est l’un des facteurs non négligeables dans cette épreuve.
Ce coût élevé de la matière première, qui entraine l’élévation du coût de la production des produits, a des conséquences aussi sur la vente, surtout dans un environnement caractérisé par une forte concurrence déloyale. Cette situation engendre une forte mévente des produits, d’où la perte de la clientèle.
Aujourd’hui, la société est en difficulté d’approvisionnement en matière première (Coton) pour son activité. En effet, les ateliers de filature – avec une capacité de 13440 broches -, celui de tissage avec une capacité de production annuelle de plus de 10 000 000 m de cretonne, pour 444 métiers à tisser installés, sont en arrêt depuis 2006, alors que l’atelier d’impression, d’une capacité de 10 000 000 m de tissu imprimé par an, est dans son troisième mois de disfonctionnement. Bâti sur une superficie de 56120m2 avec un ensemble de 14 villas et 10 studios prévus pour le logement des cadres nationaux et expatriés, la société est détenue par un seul actionnaire, M. Karda Aboubacar. La Société SOTEX S.A compte aujourd`hui 117 personnes dont la moyenne d`âge est de 45 ans avec une expérience professionnelle qui va de 35 à 15 ans. « Il est nécessaire voire urgent de préserver cette société et promouvoir les emplois dont elle est pourvoyeur », a souligné M. Oumarou Chaïbou, assistant du Directeur Général.
Un symbole de souveraineté
Oumarou Chaïbou a indiqué que de par le rôle social qu’elle n’a cessé de jouer depuis sa création, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour préserver et assurer la pérennité de cet outil de production qui, par la force des choses, constitue un symbole de souveraineté nationale. En Il a ajouté que grâce à la qualité de ses produits appréciés au-delà de nos frontières, la société a souvent joué le rôle d’ambassadrice du Niger à l’extérieur, car très souvent sollicitée par les dirigeants des pays étrangers, afin d’imprimer leur pagne de campagne électorale. Etant l’une des rares usines manufacturières qui exporte, jusqu’en Afrique centrale (GABON, TCHAD), elle a su malgré tout survivre au « Tsunami Chinois » qui a emporté toutes les usines textiles de la région ouest-africaine, voire de toute l`Afrique.
Au plan national, la société de textile est devenue un bijou pour les femmes à l’occasion des mariages et surtout de la fête de la femme nigérienne, célébrée chaque année le 13 Mai. Et pour les syndicats, elle les accompagne dans la célébration de la fête internationale de travail le 1er Mai de chaque année, sans oublier les partis politiques qui y impriment leurs pagnes de campagne. « La SOTEX participe également et très activement à l`organisation du Hadj & Oumra, chaque année dans notre pays, grâce à la conception et l’impression des pagnes des agences avec leur logo », a-t-il dit.
Le disfonctionnement de la société a créé une situation d’arriérés de salaire du personnel. En effet, le personnel compte à ce jour 18 mois d’arriéré. Malgré cette situation, le personnel de SOTEX n’a pas baissé les bras. Plusieurs tentatives, lobbying et stratégies ont été entrepris par l’administration afin de convaincre les investisseurs nationaux et étrangers à venir investir dans la société. Dans la perspective d’assurer la relève et la capacité de production, il y aura nécessité au tout premier début de procéder à un recrutement d’au moins 150 autres personnes, pour pourvoir tous les postes vacants, suite au départ en retraite de bon nombre de personnes. « Ceci aura l’avantage de soutenir non seulement les autorités dans leur politique de création d’emplois, mais aussi nous permettra de faire face au besoin croissant de production et de disposer d’une main d’œuvre jeune, plus motivée et mieux apte à relever le défi du changement actuel », a ajouté M. Oumarou Chaïbou.
Visite Guidée des installations
Une visite guidée des installations de cette société a permis de faire un constat amer : des ateliers de filature et ceux de tissage à l’atelier d’impression et à la salle de livraison, partout, les machines sont aux arrêts. Le constat général qui se dégage dans cette société, c’est l’arrêt de son fonctionnement. Le vœu le plus cher de l’administration et du personnel de SOTEX, c’est de voir la société reprendre son travail à la grande satisfaction de l’Etat du Niger. Pour cela, M. Oumarou Chaïbou a souligné qu’il suffit tout simplement d’approvisionner la société de la matière première. Lors d’une visite récente du ministre de l’Industrie au niveau de la société, les responsables ont souligné que plusieurs investisseurs nationaux et internationaux ont fait le déplacement pour visiter la société avec des intentions fortes. Mais, aucun retour n’a été enregistré.
Mais les responsables fondent beaucoup d’espoirs sur la volonté et l’engagement des autorités de la 7ème République pour aider la société à se remettre sur pied, surtout grâce aux manifestations d’intérêts enregistrées à Paris lors de la Table ronde sur le PDES 2017-2021, et sur la récente visite du Premier Ministre en Turquie où il a rencontré également plusieurs investisseurs turcs, qu’il a invité à venir investir au Niger avec beaucoup de possibilités et de facilités.