Le Niger est un pays culturellement riche. Cette richesse provient du brassage de la multitude d’ethnies qui compose la population Nigérienne, chacune avec ses us et coutumes, dans leurs différences et leurs similitudes. Dans les lignes qui suivent, nous évoquerons dans cette richesse, le métier de tisserand, qui, sous l’influence du modernisme est en train de prend un grand coup.
Le métier de tisserand, faut-il le rappeler, était très populaire, il n’y a pas si longtemps de cela. En effet, beaucoup de citoyens se remémorent encore ces années pendant lesquelles les étoffes confectionnées avec dextérité par les artisans Nigériens faisaient la fierté des familles. Ces toiles qu’on appelle « kounta tera-tera » ou « sakala » du fait des différents motifs qui sont tissés étaient très prisés. Leurs valeurs apparaissaient surtout lors des grandes fêtes musulmanes au cours desquelles les femmes rivalisaient d’adresse pour tapisser les murs de leurs salons ou de leurs chambres. Une explosion de couleurs qui ne manquait pas de provoquer la joie. Ces étoffes, on se rappelle, étaient tellement considérées au point où elles composaient une part importante du trousseau de la jeune mariée. Phénomène de mode en ce temps, certaines familles bien nanties s’octroyaient les services d’un tisserand qui s’installait chez eux, rien que pour fabriquer à longueur d’année des étoffes. Mais avec le temps qui passe, hélas, l’utilisation de ces étoffes a perdu de son lustre. Aujourd’hui, les « sakala »ou « kounta » ne sont plus utilisés pour embellir les murs des foyers. Persistance d’un passé prestigieux, ces étoffes ne sont mis à profit que pour accompagner actuellement les premiers pas des jeunes mariés dans leurs foyers. La perte de valeur de ces étoffes est telle que pour en trouver ou les voir, il faut se rendre au musée national. Oumarou Mahamadou, vieux tisserand qui a son métier au sein du musée Boubou Hama témoigne : « Oh ! Vous savez, les temps ont changé. La mode aujourd’hui n’est plus à l’utilisation des ‘’kountas’’. Il ne faut pas oublier aussi que les Nigériens sont des grands adeptes de la mode. Et, la mode, aujourd’hui, est de placarder des tableaux dans les maisons. Ce qui en mon sens est une régression.
En ce moment les gens ne font plus la promotion de notre culture. Le métier de tisserand est tellement en perte de vitesse au point où nous sommes relégués à un objet de curiosité dans ce coin du musée. Je pense que les autorités en charge de la culture ont le devoir de faire quelque chose afin de revaloriser le métier de tisserand ». Pour Mme Fadjimata Oumarou, résidant au quartier Banizoumbou de Niamey, le point de vue est le suivant : « vous savez les Nigériens aiment trop la mode. Les gens ont cette manie de se copier les uns des autres. Il suffit qu’une tendance s’affiche pour que les gens s’y adonnent. La preuve à l’heure actuelle, la préférence des femmes va pour les tableaux sur lesquels le Nom de Dieu ou des versets du Coran sont gravés. Mais je trouve que ce n’est pas une raison pour autant d’abandonner l’utilisation des étoffes confectionnées par nos tisserands qui, il faut le dire, sont parmi les meilleurs en Afrique ». Alors, comment faire pour sauver le métier de tisserand de l’anéantissement ? Le travail revient, dans un premier temps, au Ministère de la Renaissance Culturelle d’amorcer une offensive à l’endroit des populations Nigériennes pour leurs faire comprendre le nécessité de garder jalousement ce qui fait partie de notre patrimoine culturel. Ensuite dans un deuxième temps, les Nigériens ont le devoir de ne pas supprimer de leur vie, ce qui constitue leur particularité culturelle.