The New York Times s’est rendu à Niamey, la capitale du Niger, pour observer l’expérience française de gestion migratoire. En étudiant leur dossier directement dans le pays d’émigration, ce procédé vise à décourager les migrants de risquer leur vie en tentant de rejoindre l’Europe par leurs propres moyens.
La France a fait avancer ses frontières jusqu’à une rangée de bureaux préfabriqués installés au cœur de l’Afrique, à quelques mètres d’une piste de terre. Son but : dissuader les candidats à l’émigration.
Toute la journée, les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) auditionnent les demandeurs d’asile qui cherchent à fuir la réalité africaine, pendant que celle-ci suit son cours à l’extérieur avec ses charrettes tirées par des ânes, sa poussière, son chômage, sa pauvreté et, dans certains cas, sa persécution politique.
Si leur demande est acceptée, ils recevront un billet d’avion qui leur épargnera le dangereux voyage, d’abord dans le désert puis dans des embarcations de fortune qui amènent des millions de migrants désespérés en Europe.
“Nous sommes ici pour empêcher les gens de mourir en Méditerranée”, explique Sylvie Bergier-Diallo, chef de la mission de l’Ofpra au Niger. Mais la réponse est rarement favorable, et la délégation française est aussi là pour envoyer un message aux autres candidats à l’immigration : restez chez vous, ne risquez pas votre vie dans un voyage périlleux pour une demande d’asile qui sera de toute façon refusée en France.
Que les migrants restent loin de l’Europe
L’avant-poste de l’Ofpra est l’un des éléments de la nouvelle ligne de défense de l’Europe pour endiguer les flux migratoires en provenance d’Afrique. Cette action, à l’impact plutôt faible, s’inscrit dans une stratégie plus large qui frise la contradiction avec les idéaux humanitaires de l’Europe.
Après avoir laissé déferler des vagues d’immigration pendant des années.