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Invité - Général Mahamadou Abou Tarka : « Il n’y a pas de bases militaires étrangères au Niger »
Publié le lundi 5 mars 2018   |  La Nation


Le
© Autre presse par DR
Le Colonel Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix


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Le général Mahamadou Abou Tarka est un homme de dialogue. Ce qui le prédispose à l’exercice de ses responsabilités actuelles qui consistent à faire de la prévention des conflits. Mais cet intellectuel qui avait un moment donné envisagé de faire carrière dans l’enseignement est également reconnu pour son franc parler.

Au détour d’un entretien sur les attributions de l’organisme qu’il dirige, nous avons abordé la question controversée de la présence des « bases militaires étrangères dans notre pays ». Edifiant !

LA HAUTE AURORITE DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

La Haute Autorité de Consolidation de la Paix, sans tambour ni trompette (c’est le lieu de le dire) est en train d’abattre un travail considérable de consolidation de la paix dont le commun des Nigériens n’est pas généralement conscient. Son existence explique pour beaucoup la paix qui règne à l’intérieur de nos frontières et le fait que le front intérieur est solide, que le Niger ne connaît pas de conflit interne susceptible d’être instrumentalisé par les terroristes. Pour le Général Abou Tarka, la recette est simple ; « Nous nous efforçons d’appliquer les leçons apprises au cours du règlement du conflit avec la rébellion ! »

Les grands axes du travail de la HACP s’inspire des accords de paix de 1995, que les gouvernements successifs du Niger ont mis en œuvre de bonne foi.

Le Premier de ces axes, c’est l’inclusion, l’attention qui est portée sur le fait que tous les nigériens sont égaux et ont les mêmes droits. Et au besoin, redresser l’injustice en faisant en sote que nul ne se sente exclu. Grace aux différentes intégrations qui ont eu lieu au sortir des accords de paix, intégrations qui ont radicalement transformé la physionomie des nos Forces de Défense et de Sécurité. A cela, il faut ajouter la politique tout azimut du Président de la République, de promotion des compétences, qui donne aujourd’hui au Niger le visage d’une société qui affirme sa multiethnicité.

Le second axe de travail, c’est toute l’activité liée aux Fora, caravanes de la Paix, aux missions de sensibilisation permanente dans les coins les plus reculés du pays, à la promotion de la citoyenneté, au renforcement des mécanismes locaux de gestion des conflits. Toutes ces initiatives sont entreprises avec les élus locaux et régionaux, ce qui renforce la décentralisation qui comme vous le savez, constituait un point clé des accords.

Enfin, et c’est peut-être l’axe le plus important de nos activités, la mise en œuvre des projets économiques à impacts immédiats qui sont extrêmement appréciés par les populations car produisant des dividendes de la paix. Par ces projets, nous mettons en œuvre sur le terrain, le principe du lien indéfectible entre sécurité et développement.

Mais les activités qui ont pris de l’importance ces dernières années, ce sont les activités « civilo- militaires » à caractère stratégique qui consistent à préparer les déploiement des Forces de Défense et de Sécurité par des interventions qui visent à gagner les cœurs et l’esprit des populations. La nature de la guerre asymétrique, exige d’avoir l’adhésion des populations. Une fois que les terroristes n’ont pas la sympathie de la population, une fois que les revendications essentielles sont reconnues et prises en charge par l’Etat, les terroristes ou les rebelles se trouvent isolés et leur éradication devient une affaire de simple police. La preuve la plus évidente est que notre pays, échappe miraculeusement depuis longtemps, à des conflits internes dans un environnement régional incandescent.


IL N’Y PAS A PROPREMENT PARLER DE BASES MILITAIRES ETRANGERES AU NIGER

Le General Mahamadou Abou Tarka a pris soin de préciser qu’il ne souhaite pas polémiquer sur la question des « bases étrangères » mais que puisque nous lui avons posé la question, il va parler de cette question sous l’angle juridique et stratégique et non politique.

En fait, nous a expliqué le Général Abou Tarka, si on doit parler rigoureusement, en termes de définition stratégique, qu’il s’agisse des Américains, des Français ou même des Allemands, aucun de ces pays ne possède de base militaire sur le territoire national. Une base militaire suppose une concession territoriale et bénéficie de ce fait du statut d’extra-territorialité. Ce que nous avons au Niger, ce sont des facilités militaires mises à la disposition de nos alliés dans le cadre strict de la lutte anti-terroriste. C’est la nature du combat contre le terrorisme qui implique des coalitions, comme celles que nous avons dans le cadre de la Force Multinationale Mixte du Lac Tchad ou de la Force militaire conjointe du G5 Sahel. La présence des bases militaires étrangères dans un pays implique par exemple des contreparties financières et une durée de présence déterminée que le pays ne peut pas remettre en cause de manière unilatérale. Ce n’est pas le cas de facilités militaires. « Au Niger nous en avons deux : Les Français et les allemands à Niamey et les Américains à Agadez. Dans les deux cas, les éléments étrangers sont installés sur des bases de l’Armée de l’Air Nigérienne. Tout se fait donc en bonne intelligence avec nos troupes. Ce n’est pas pour rien que nous avons choisi nos alliés pour renforcer notre escadrille qui, avouons-le, constitue encore notre maillon faible dans la lutte anti-terroriste. Ce qui n’est pas le cas pour notre armée de terre. Je voudrais à ce propos lever une équivoque : Il n’y a pas de troupes américaines au sol qui se battent sur notre territoire contre le terrorisme. Ce que nous avons, c’est une coopération militaire qui date de 2001, avec le programme Pan-Sahel Initiative (PSI), grâce auquel nous formons nos Forces Spéciales, indispensables dans la lutte contre le terrorisme. A cet effet, nous avons donc des Instructeurs américains des Forces Spéciales. Ce que nous admirons chez les américains c’est que lorsque les hommes qu’ils entrainent reçoivent une mission, eh bien, les instructeurs les accompagnent au feu. C’est ainsi et c’est leur éthique, que nous saluons.

Pour en revenir aux facilités militaires, l’Opération Barkhane a son quartier général et sa base à Ndjamena. Sa zone d’opération est le Nord Mali. Pour des besoins de projection de force et de ravitaillement, il est évident que Niamey est l’endroit le plus approprié. C’est pour cela que des facilités ont été mises en place dans la Base 101 de l’’Armée de l’Air Nigérienne pour appuyer l’opération Barkhane qui combat le même ennemi que nos forces affrontent à Ayourou, Banibangou ou Abala. Les allemands sont à la BA 101 pour renforcer la capacité logistique des Français.

En ce qui concerne les facilités de la BA 201, nous n’avons pas de drones. Les conditions que les américains nous ont demandées pour obtenir des renseignements recueillis par les drones, c’est qu’ils les opèrent eux-mêmes. On peut ne pas aimer ça. Mais, nous avons estimé que les renseignements que peuvent-nous fournir les drones pour la surveillance du Grand Sahara valent bien l’octroi de ces facilités. AFRICOM a donc accepté notre demande et seul le secret opérationnel m’empêche de vous divulguer les renseignements qui grâce à ces drones nous ont permis d’éviter des catastrophes ».

Le Général a voulu également nous dire, que l’équipement des Forces Armées Nigériennes aujourd’hui est parfaitement adéquat au combat que nous menons, et en tout cas supérieur aux moyens que possèdent notre ennemi. C’est ce qui explique d’après le Général que le premier objectif de l’ennemi quand il nous attaque c’est de s’emparer des armes, munitions et véhicules. « Je n’ai jamais rencontré un seul militaire sur le terrain qui se soit plaint de manque d’armement » a conclut le General.

Propos recueillis par Ibricheick

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