Tandis qu’ils s’échinent à démontrer que la loi de finances est le projet le plus merveilleux pour le peuple nigérien dans un Niger où les citoyens vivraient comme dans le meilleur des mondes possibles, les gouvernants nigériens s’embourbent, chaque jour davantage, dans les marais des scandales financiers. C’est une lettre de Hama Zada, directeur général de la SOPAMIN, adressée le 1er mars 2018 à son supérieur hiérarchique, le ministre des Mines, qui met la puce à l’oreille. Dans cette lettre, Mahamadou Zada informe Moussa Barazé que « conformément à la procédure, nous allons, comme par le passé, saisir le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Tillabéry aux fins d’ouverture d’une information judiciaire suite à la disparition d’or sur le site de Samira ». Mahamadou Zada souligne dans la même lettre que cela fait suite à un rapport verbal fait par son adjoint au directeur de l’Évaluation et du Contrôle de la SOPAMIN, le mercredi 28 février 2018. La lettre de Zada transmet en réalité un compte-rendu sur la gouvernance de la SML [Ndlr : société des mines du Liptako]. Elle met, certes, en lumière, un scandale portant une disparition d’or. Pourtant, ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. Car, par-delà la disparition d’or dont on ignore quel est le sort final, la SML est au centre d’un contentieux entre l’État du Niger et la société AGROUP.
Par lettre datée du 29 janvier 2018, la SOPAMIN a menacé de résilier la convention d’achat qui la lie à AGROUP. Dans cette optique, le ministre des Mines, selon une lettre du directeur géné- ral de AGROUP au médiateur de la République, aurait convoqué les représentants du personnel et le syndicat pour leur signifier que la décision de la résiliation est irrévocable. Il aurait notamment décidé, toujours selon la dite lettre, de dissoudre le conseil d’administration le 3 mars 2018 — l’aurait-il déjà fait ?—et de nommer un nouveau directeur général. Le ministre des Mines aurait pris l’engagement de faire payer les salaires de février 2018 aux employés de la SML au plus tard le 5 mars 2018 — v a t-il le faire aujourd’hui — AGROUP, qui dit s’interroger sur le mécanisme qui l’autoriserait à poser un acte aussi illégal, a souligné au médiateur de la Ré- publique que, comme toute société commerciale anonyme, AGROUP est régie par les textes de l’OHADA et que tout abus de la part du gouvernement l’obligerait à recourir à l’arbitrage de cette instance régionale. Les menaces brandies par le ministre des Mines ne s’arrêterait pas à ce point puisqu’il aurait également décidé que la SML serait sous la tutelle de la SOPAMIN jusqu’au 20 mars 2018 où un nouvel acquéreur qui prendrait unilatéralement la place de AGROUP.
La SML est bloqué par ce bras de fer qui rappelle un autre contentieux, celui d’avec Africard, provoqué et entretenu par des hommes au sein de l’appareil d’État et qui a coûté déjà cher au Niger. Le directeur général, Ali Moumoune, rapporte au médiateur de la République que le blocage de l’expédition de février, opposé par la Douane nigérienne sur instruction, a créé une situation de paralysie totale de la société. Ce serait sur cette expédition que la société compterait pour payer les salaires des employés au titre de février 2018, les factures des prestataires et des fournisseurs ainsi que pour faire face aux charges courantes. Aujourd’hui, 5 mars 2018, on ignore encore si le ministre des Mines a effectivement mis à exécution ses menaces ou s’il s’est tenu à carreau, rappelé à l’ordre par une autorité supérieure.