La directrice générale de ASUSU S.A a finalement décidé de sortir de son mutisme et de relater sa version des faits à propos de l’affaire qui fait actuellement la une de l’actualité nationale. Il s’agit de l’affaire ASUSU S.A avec les différentes informations sur les risques de déstabilisation voire de liquidation de l’institution de micro-finance la plus importante du pays. Dans un point de presse qu’elle a animé, dimanche 18 mars, Madame Yacoubou Réki Djermakoye s’est largement épanché sur le sujet et est revenu sur «les menaces et chantages » qu’elle affirme subir et partant l’institution qu’elle dirige, afin de la « démissionner de son poste ».
Le point de presse intervient deux jours après la sortie officielle de ASUSU S.A sur le contentieux qui oppose la société à la SOPAMIN S.A et qui défraie également la chronique. Contrairement au communiqué officiel du vendredi dernier, dans son point de presse du dimanche, la directrice de ASUSU a bel et bien confirmée l’existence de tensions avec son autorité de tutelle [le ministre des finances, NDLR]. Il s’agit notamment des pressions pour qu’elle quitte la direction de la société qu’elle a pourtant créée il y a une quinzaine d’années. « Notre autorité de tutelle m’a demandé d’aller prendre conseil auprès de mon mari et de ma famille en vue de mon départ de ASUSU » a confirmée Réki Djermakoye qui a ajouté qu’au terme de ses concertations, elle a décidé de garder son poste de DG ASUSU. « Je reste et demeure la directrice générale de cette fierté nationale qui a commencé ses premiers pas dans un garage et voilà plus de 15 ans que nous sommes aux cotés des populations vulnérables pour une lutte sans relâche contre la pauvreté au Niger et Incha Allah avec l’aide de tous les nigériens et nos partenaires techniques et financiers, nous continuons notre mission » a poursuivi la DG d’ASUSU S.A.
CHANTAGE ET MENACE
« Je ne vais céder à aucun chantage et aucune menace » a clairement réitéré, dans son point de presse, Mme Yacoubou Réki Djermakoye qui a souligné avoir pris cette décision malgré « sa bonne foi pour trouver une solution heureuse à cette situation sans fondements juridiques ». Elle a profité de l’occasion pour battre en brèche certains arguments mis en avant par la tutelle et qui seraient selon ses explications, le prétexte trouvé pour la forcer à démissionner. Il s’agit d’un rapport de la Commission bancaire (COBAC, régulateur sous-régional), qui aurait relevé certains manquements et irrégularités dans sa gestion. Selon Réki Djermakoye, le rapport lui serait pourtant favorable. La preuve, l’institution est en train d’atteindre tous ses objectifs malgré la conjoncture actuelle et certains facteurs exogènes mais aussi internes qui ont fragilisé ASUSU mais dont elle est en train de se relever.
Par ailleurs, Réki Djermakoye a aussi évoqué les contentieux entre ASUSU et certaines sociétés publiques notamment avec SOPAMIN, l’affaire qui fait aussi polémique, et à ce sujet elle est allée plus loin que le communiqué officiel qui fait cas juste d’un « contentieux normal entre deux partenaires commerciaux ». Selon la DG de ASUSU, des entreprises publiques ont bel et bien été sommées de retirer leurs fonds déposés au niveau de son institution alors que la société n’est pas concernée par le Compte unique du Trésor mais aussi que certains dépôts ne sont pas arrivés à terme conformément aux contrats signés entre les deux parties. Elle a reconnu certes certains retards dans des paiements, que justifie la conjoncture, mais affirme que ASUSU a proposé un calendrier de remboursements pour respecter ses engagements avec ses partenaires. Des pratiques sommes toutes courantes dans le secteur comme l’a souligné Réki Djermakoye.
Aussi, la DG de ASUSU a confirmé le débauchage des dizaines de cadres de sa société au profit d’une autre institution concurrente, ce qui ferait parti des manœuvres pour liquider l’institution même si elle l’a pas explicitement dit.
CONTRE-OFFENSIVE
Avec cette sortie médiatique, « l’affaire ASUSU » est donc loin d’avoir tirée son épilogue. Il va sans dire que dans les prochains jours, la tutelle qui a été particulièrement indexée dans cette affaire va riposter. La polémique a assez enflée dans cette affaire qui commence déjà à soulever des interrogations au sein de l’opinion sur les réelles intentions de ceux qui cherchent visiblement noise à la directrice générale de Asusu. Certains observateurs ont vite fait d’établir un lien entre cette sorte de cabale qui vise Réki Djermakoye et sa proximité avec certains leaders politiques bien en vue du moment. C’est notamment le cas de son époux qui n’est autre que l’actuel chef de la diplomatie et président du MPN Kishin Kassa mais aussi d’autres personnalités qui font partie, directement ou indirectement, de l’actionnariat de l’institution de micro finance. Des accusations qui ne restent pour le moment que des allégations mais comme on dit, il n y a pas de fumée sans feu et au regard du contexte actuel, rien ne peut empêcher à l’affaire de subir les interférences politiques de coutume.
En tout cas pour l’heure, tout ce qu’il convient de retenir de cette crise qui ne fait que commencer et qui met à rude épreuve un des fleurons de l’économie nationale, c’est que la directrice Réki Djermakoye est décidé à se battre jusqu’au bout. Après les concessions qu’elle annonce avoir faite, la DG de ASUSU contre attaque et semble partir à l’offensive. Sans mettre de coté son ambition pour son institution comme en témoigne l’appel qu’elle a lancé à la fin de son point de presse « pour que les nigériens continuent à nous faire confiance ». Ce lundi d’ailleurs, ASUSU lance une vaste campagne d’ouverture de compte sans frais de tenue de compte sur toute l’étendue du territoire nationale. Comme quoi et malgré tout, il n y a encore aucun impact de l’affaire sur les activités de l’institution.