On attendait la réaction du ministre des Finances Hassoumi Massaoudou depuis le début de l’affaire dite « ASUSU », qui défraie depuis quelques temps la chronique et dans laquelle il a été personnellement mis en cause. Elle est enfin venu à travers le point de presse qu’il a animé ce lundi 26 mars et au cours duquel il s’est pour la première fois prononcé sur cette affaire à multiples rebondissements. Sauf que pour Hassoumi Massaoudou, il ne s’agit que d’un problème simple et à en croire ses explications, le moins que l’on puisse dire, c’est que le sort de l’actuelle directrice générale Réki Djermakoye est déjà scellé.
« Quand on voit ses comptes, ASUSU est virtuellement une société en faillite et nous ne voulons pas perdre de l’argent public» a explicitement laissé entendre le ministre Massaoudou en s’appuyant sur les fonds logés par les sociétés étatiques à ASUSU. Il va falloir donc sauver la société mais pour le ministre, ce sauvetage ne pourra se faire avec la direction responsable de cette situation. En clair donc, la directrice générale en poste doit démissionner ou être débarquée de son poste afin de permettre un sauvetage de la société. « Ce n’est pas la direction qui a amené la société à la faillite qui va la redresser » a poursuivi le ministre des Finances soulignant que c’est pour cette raison qu’il a confirmé avoir demandé à son Conseil d’administration, de lui désigner une nouvelle direction. Le ministre dit encore attendre la réponse du Conseil d’administration ainsi qu’un plan chiffré avec une échéance afin de voir comment redresser la société.
Problème de gouvernance
Selon Hassoumi Massaoudou, « le problème au niveau d’ASUSU est un problème de gouvernance». Des fonds importants qui s’élèvent à plus de 10 milliards de FCFA sont logés par plusieurs entreprises publiques au sein de la société a confirmé le ministre. « En tant que ministre des finances, je suis responsable de garantir la bonne utilisation de l’argent public et compte tenu des problèmes qui ont commencé à apparaitre au niveau de la société après le passage de la Commission bancaire de la BCEAO, j’ai souhaité un plan qui garantisse la protection des ressources publiques qui sont engagés là-bas » a poursuivi le ministre Massaoudou. En plus de la question de la protection des fonds publics, le ministre des Finances a par ailleurs ajouté qu’en sa qualité de ministère des Finances, c’est aussi « son devoir de protéger les dépôts des clients et de préserver le système financier ». Pour Hassoumi Massaoudou donc, cette affaire d’ASUSU est «une question simple et une question de gestion courante ». Ce n’est d’ailleurs pas la première a-t-il ajouté qu’un ministre des finances intervienne à chaque fois qu’il s’est agit d’argent public. « Le reste n’est que spéculation » a enfin conclut Massaoudou pour qui, « il y a aucune interférence politique ni chasse à la sorcière, et qu’il ne fera pas de commentaires sur ce qui se dit».
Et maintenant ?
La sortie du ministre confirme pour l’essentiel les arguments avancés jusque-là par les différentes sociétés publiques notamment la SOPAMIN dans cette affaire. Il confirme également les propos de Réki Djermakoye lorsqu’elle affirmait subir des pressions de la part de la tutelle pour « la faire démissionner de son poste ». Massaoudou reconnait également avoir ordonné le retrait des fonds des sociétés d’Etat logés au sein d’ASUSU.
Depuis d’ailleurs, les choses ont quelque peu évolué dans le sens d’une amplification de la crise que traverse ASUSU. Après la SOPAMIN, c’est désormais et à tour de rôle la SONIDEP et la CNSS qui ont demandé par voie judiciaire, la saisie des comptes ainsi que des biens de la société pour défaut de remboursement de leurs fonds. Les comptes de la société sont actuellement saisis par action judiciaire de ses créanciers et tout laisse à croire que les autres sociétés d’Etat suivront bientôt. Malgré cette situation qui est de nature à impacter les activités de la société, le mercredi dernier, le Conseil d’administration d’ASUSU s’est réunit en session extraordinaire à l’issue duquel il a décidé de renouveler sa confiance à la directrice Réki Djermakoye. Ce qui sonne comme une fin de non recevoir à la tutelle qui dispose néanmoins d’autres alternatives pour parvenir à ses fins. Plus que jamais donc, ASUSU est en zone de turbulences en dépit de l’impact certain que cela induira dans l’économie du pays surtout au regard de la place qu’a prise cette institution dans le système financier nigérien dans son ensemble et le résultat de ses activités dans la promotion de l’inclusion financière surtout dans le monde rural et au profit des PME.