Déclaration de l’Assemblée nationale sur la situation de l’enseignement supérieur : Création d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation à l’Université Abdou Moumouni de Niamey
Au cours de la séance plénière d'hier, l'Assemblée nationale a fait une déclaration sur la situation des universités publiques. Cette déclaration du parlement fait suite à l'interpellation, le 7 avril dernier, du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Dans cette déclaration lue par la députée Amina Laouali Saminou, l'Assemblée nationale s'est dit ''fortement préoccupée par les difficultés récurrentes rencontrées dans la gestion du système éducatif''. Elle a, par la même occasion, formulé un certain nombre de recommandations à l'endroit du gouvernement et a décidé de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la situation qui prévaut à l'Université Abdou Moumouni de Niamey. (Lire ci-dessous l'intégralité de la déclaration)
«En application de l'article 98 de la Constitution du 25 novembre 2010 et des
articles 112 et 113 du
Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale, l'Honorable député Lamido Moumouni Harouna a interpellé Monsieur le Ministre de l'Enseignement Supérieur de la Recherche et de l'Innovation, pour éclairer la Représentation Nationale et l'opinion publique sur la crise qui secoue l'Enseignement Supérieur dans son ensemble et l'Université Abdou Moumouni de Niamey en particulier.
La préoccupation du député a été suscitée par les problèmes quasi récurrents de l'Enseignement Supérieur et les conflits actuels entre les syndicats des enseignants-chercheurs et étudiants et est exprimée à travers les questions suivantes:
1. Quel est le ratio enseignant-chercheur/étudiants par matière enseignée et par université ?
2. Le chevauchement
des années universitaires n'est-il pas un surcoût pour l'Etat ?
3. Quelles sont les causes réelles des crises persistantes dans nos universités en général et celle de Niamey en particulier ?
4. Quelles mesures avez-vous prises ou comptez-vous prendre pour juguler les crises universitaires en général et celles de l'Université de Niamey en particulier ?
5. L'année académique 2017-2018, peut-elle être sauvée ?
L'Assemblée Nationale a débattu du sujet en sa séance plénière du samedi 7 avril 2018. Après les réponses apportées par le Ministre et les débats qui en ont suivi, l'Assemblée Nationale relève qu'en dépit des efforts déployés par l'Etat dans le secteur de l'Enseignement Supérieur, des problèmes entravent depuis un
certain temps le bon
déroulement des activités académiques à l'UAM.
Fortement préoccupée par les difficultés récurrentes rencontrées dans la gestion du système éducatif au Niger, l'Assemblée Nationale fait la déclaration dont la teneur suit :
* Convaincue que l'éducation reste le socle du
développement social, économique et culturel de notre pays ;
* Convaincue que la question de l'éducation est une question nationale ;
* Considérant l'insuffisance des enseignants- chercheurs dans certains domaines;
*Considérant l'insuffisance des moyens de transport, des infrastructures et des équipements ;
* Considérant l'insuffisance des subventions accordées aux universités;
* Considérant la non maîtrise de l'effectif des étudiants ;
* Considérant l'impérieuse nécessité de la mise en œuvre des réformes au niveau de l'Enseignement Supérieur ;
*Considérant la perte des valeurs sociales ;
* Considérant l'existence de la violence en milieu scolaire et universitaire;
* Considérant le chevauchement des années académiques dans les universités qui entraine l'entassement des promotions d'étudiants ;
* Constatant l'insuffisance du dialogue social entre les acteurs de l'Enseignement supérieur;
* Considérant l'impérieuse nécessité de sauver l'année académique 2017-2018.
L'Assemblée Nationale recommande au Gouvernement de :
• Recruter en nombre suffisant des Enseignants-Chercheurs ;
• Veiller à la sécurisation des personnes et des biens et bannir toutes formes de violences dans les universités;
• Prendre les dispositions nécessaires pour réduire le chevauchement des années académiques;
• Doter les universités en infrastructures, en équipements et moyens de transports adéquats ;
• Veiller au bon fonctionnement des centres des œuvres universitaires ;
• Promouvoir le dialogue social avec tous les acteurs de l'Enseignement Supérieur ;
• Faire respecter les décisions de justice;
• Veiller au respect du délai de délibérations des résultats des examens;
• Respecter et faire respecter les engagements issus des négociations;
• Prendre les dispositions nécessaires afin de maitriser les effectifs des étudiants dans les universités;
• Accorder des subventions conséquentes aux universités afin de leur permettre un bon fonctionnement ;
• Mettre tout en œuvre pour sauver l'année académique 2017-2018.
Par ailleurs l'Assemblée Nationale décide de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la situation qui prévaut à l'Université Abdou Moumouni de Niamey et a chargé la CAS/C de lui présenter un projet de résolution.