Abidjan - La croissance économique va rebondir en Afrique subsaharienne à 3,1% en 2018, après plusieurs années décevantes, prévoit la Banque Mondiale (BM) dans un rapport publié mercredi.
En 2019 et 2020 elle devrait encore grimper, à 3,6%, selon ce rapport semestriel "Africa Pulse".
La chute, à partir de 2014, des cours des matières premières, dont beaucoup d'économies africaines dépendent, a entraîné plusieurs années de déprime. En 2016, la croissance sur le continent s'était traînée à 1,5%, puis avait commencé à remonter en 2017, à 2,6%.
"La croissance rebondit, mais pas assez rapidement", a toutefois commenté l'économiste de chef de la BM pour l'Afrique, Albert Zeufack.
La croissance démographique de l'Afrique subsaharienne s'élevant à 2,7%, la croissance économique est tout juste suffisante pour que le revenu par tête augmente légèrement, a expliqué M. Zeufack lors d'une conférence de presse.
"Le taux de croissance est insuffisant pour éradiquer la pauvreté dans un horizon proche", a-t-il commenté.
A l'intérieur de la vaste zone de l'Afrique subsaharienne, plusieurs pays se distinguent cependant par leur dynamisme : la Côte d'Ivoire et le Sénégal en Afrique de l'Ouest, le Rwanda, l'Ethiopie et la Tanzanie en Afrique de l'Est, avec tous des taux de croissance supérieurs à 6% par an. Ces pays tirent les fruits de leurs efforts de diversification économique et des investissements dans les infrastructures, note la BM.
Tandis que l'Afrique centrale stagne, trop dépendante de ses matières premières.
"Il est important que les pays renforcent leur résilience en faisant des stratégies de diversification une priorité absolue", souligne Punam Chuhan-Pole, économiste principale à la BM.
L'institution internationale s'inquiète par ailleurs de la forte augmentation des dettes publiques.
"Plusieurs pays ont doublé leur dette en cinq ans et 18 pays africains sont désormais exposés à un risque élevé de surendettement, contre huit en 2013", avertit M. Zeufack.
La BM suggère plusieurs pistes pour limiter le recours à la dette. "Il faut améliorer l'efficacité des dépenses publiques, étendre l'assiette fiscale (le nombre de foyers et d'entreprises imposés), créer de nouveaux impôts sur l'immobilier, plus justes que ceux sur la consommation", selon M. Zeufack.
Enfin la BM appelle les pays subsahariens à redoubler d'efforts pour résoudre le problème de l'accès à l'électricité, en améliorant la gestion des compagnies publiques et en utilisant davantage les nouvelles technologies : solaire, micro-réseaux pour les villages isolés, paiement par téléphone portable...
"Deux tiers des entreprises dans les capitales africaines n'ont pas accès à une électricité fiable (en raison des nombreuses coupures), ce qui limite leur compétitivité, et donc les créations d'emplois pour les jeunes", a souligné M. Zeufack.