Une quarantaine de civils touareg ont été tués vendredi par des djihadistes présumés dans le nord-est du Mali, à la frontière avec le Niger, ont indiqué samedi des sources concordantes. Cette nouvelle tuerie, après une attaque similaire dans la même région jeudi, porte à plus de quarante le nombre de Touareg de la communauté Idaksahak tués en 24 heures, selon le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, issu de l’ex-rébellion à dominante touarègue) et des responsables tribaux.
Le MSA a affirmé avoir «appris avec consternation l’assassinat de 43 personnes de la communauté Idaksahak lors de deux raids menés par des hordes de malfrats armés sur les campements d’Aklaz le 26 avril et d’Awakassa le 27 avril», dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi. Il «lance un appel pressant aux gouvernements du Mali et du Niger afin qu’une initiative sérieuse soit engagée en vue de mettre immédiatement fin aux crimes abominables qui sont commis», mais assure qu’il «ne cédera à aucune intimidation».
Les affrontements sont fréquents dans cette zone entre des djihadistes ayant prêté allégeance au groupe Daech et deux groupes armés principalement touareg, le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako) et le MSA, parfois associés à la force française Barkhane et à l’armée malienne. La population de la région s’attendait à des représailles des djihadistes à la suite des lourdes pertes qu’ils ont subies ces dernières semaines.
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a indiqué le 12 avril avoir reçu des informations «d’une particulière gravité» faisant état notamment «d’exécutions sommaires d’au moins 95 personnes» lors d’opérations antiterroristes menées dans la région de Menaka «par une coalition de groupes armés», dont le Gatia et le MSA. Les deux groupes avaient démenti, dénonçant des «allégations scandaleuses et honteuses».
Depuis le lancement en 2013 d’une intervention militaire française, les groupes terroristes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali dont ils avaient pris le contrôle. Mais des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule des retards. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.