Allocution du Président de la République du Niger, Président de la Commission Climat pour la Région du Sahel au Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement des pays membres de la CCBC
Monsieur le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, Président de la Commission Climat pour la région du Bassin du Congo ;
· Sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc ;
· Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement ;
· Mesdames et Messieurs, distingués participants
Je voudrais tout d’abord, remercier très chaleureusement mon frère et ami, le Président de la République du Congo, Président de la Commission Climat du Bassin du Congo, pour l’aimable invitation qu’il nous a adressée, afin de prendre part à cette importante rencontre au Sommet, ainsi que pour la qualité de l’accueil qui nous a été réservé dans cette belle ville de Brazzaville.
En cette circonstance, il me parait important de rappeler que c’était en décembre 2015, après plusieurs années de dures négociations, que la communauté internationale a réussi à faire adopter l’Accord de Paris sur le Climat. Cet événement historique a suscité, à juste titre, l’enthousiasme de tous les acteurs, au regard du grand défi que venaient de relever les négociateurs du monde entier, celui de rapprocher le plus possible les positions entre les différents groupes de pays, et surtout entre pays riches et pays pauvres.
La grande marque de confiance qu’avaient placée les différents pays à cet Accord historique, a été illustrée par son entrée en vigueur précoce, intervenue dès le 04 novembre 2016, soit moins d’un an après son adoption.
Cependant, malgré l’énorme espoir qu’il a suscité, la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris sur le climat demeure encore un défi persistant. En effet, il est à déplorer que l’équilibre entre l’adaptation et l’atténuation, la définition de mécanismes clairs et performants pour le financement des politiques climatiques des pays en développement, le transfert de technologie et la transparence de l'appui, constituent encore des préoccupations majeures notamment, pour l’Afrique
Le règlement de ces questions, reste donc une condition importante, à la mise en œuvre efficace et efficiente de cet accord et pour garantir une meilleure justice climatique. Malheureusement, chaque jour d’inaction, est une occasion de l’aggravation des effets des changements climatiques aux conséquences combien néfastes sur les conditions de vie de nos populations.
Ces effets, faudrait-il le rappeler, se traduisent, par la dégradation accélérée de nos ressources naturelles, la recrudescence des phénomènes extrêmes, tels que les sècheresses à cycles réduits, l’apparition des maladies climato sensibles et les inondations entre autres. Sources principales de la pauvreté, ces phénomènes sont aussi les causes premières de l’apparition d’autres fléaux tels la migration des jeunes, le crime organisé et le terrorisme.
La naissance et la persistance de Boko Haram qui sème la désolation dans les pays riverains du Lac du Tchad constituent une parfaite illustration de la corrélation qui existe entre changements climatiques et terrorisme. En effet l’assèchement, progressif du lac Tchad a induit une réduction des ressources et contribué à paupériser les populations, créant ainsi un terrain favorable au terrorisme. En tant que Président de la Commission Climat de la Région du Sahel, je souhaite travailler avec vous, Monsieur le Président de la Commission Climat du Bassin du Congo en vue de la réhabilitation du lac Tchad notamment, à travers le transfert des eaux à partir du bassin du Congo .
Mesdames et Messieurs,
A Marrakech, en marge de la COP 22, s’était tenu le Sommet Africain de l’Action en faveur d’une co-émergence continentale, à l’initiative de sa Majesté le Roi du Maroc, dont je salue au passage le grand leadership dans le combat contre les changements climatiques sur le continent.
Ce Sommet historique, sanctionnée par la non moins historique Déclaration de Marrakech, a vu naître les trois Commissions Climatiques Régionales, dont la création a été entérinée par la 28e session de la conférence de l’Union Africaine (UA) tenue les 30 et 31 Janvier 2017 à Addis-Abeba. N’est-ce pas là, la manifestation éloquente et concrète de la volonté de l’Afrique, d’œuvrer collectivement et solidairement pour une Afrique plus résiliente aux changements climatiques?
Aussi, Monsieur le Président Denis Sassou Nguesso, voudrais-je vous féliciter pour votre leadership dans le cadre du processus de l’opérationnalisation de la commission climat du bassin du Congo, dont vous avez en charge la présidence.
Le bassin du Congo, c’est un des poumons de notre planète. La tenue du présent Sommet et les décisions qui en seront issues, constituent la parfaite illustration de votre engagement à mettre en place des mécanismes cohérents et synergiques devant permettre de faire fonctionner ce poumon de manière optimale et donc d’apporter des réponses durables aux défis qui nous sont communs.
Je me réjouis particulièrement de la perspective d’une meilleure collaboration entre la Commission du bassin du Congo et celle du Sahel.
Mesdames et Messieurs,
S’agissant de la Commission dédiée aux pays du Sahel, je puis vous annoncer le lancement du processus de son opérationnalisation, suite à la tenue à Niamey au Niger de la première réunion du Groupe de Travail Conjoint des experts des pays membres. Une feuille de route du processus d’opérationnalisation de cette commission qui regroupe 17 pays venant de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est, a été ainsi validée et devrait nous conduire, avant la fin de l’année, à l’élaboration et à l’adoption d’un Plan d’Investissements Climatiques pour la période 2018 – 2030, assorti d’un Plan d’Investissement prioritaire 2018 - 2020.
Dans le cadre de ce processus, trois rencontres régionales majeures sont prévues se tenir à Niamey au Niger :
ü Du 18 au 19 Juillet 2018, se tiendra une réunion ministérielle, précédée par une réunion du Groupe de Travail Conjoint, pour adopter le rapport diagnostique élaboré par les consultants.
ü Du 24 au 26 septembre 2018, les experts et les ministres des pays membres sont attendus pour la validation du Plan d’Investissements Climatiques
ü Les 3 et 4 Novembre 2018, se tiendra un sommet des chefs d’état et de gouvernements suivi d’une table ronde pour le financement du Plan d’investissement.
C’est le lieu de réitérer toute notre reconnaissance à tous ces partenaires multilatéraux et bilatéraux qui nous appuient dans ce processus, avec une mention spéciale à la Banque Africaine de Développement avec qui nous avons engagé des discussions en vue de la création d’un mécanisme de financement dédié.
· Mesdames et Messieurs,
Les défis sont grands mais, l’Afrique ne doit pas céder à la résignation. C’est pourquoi mon pays, le Niger, a toujours mis en œuvre, au fil des années, des politiques idoines visant la réduction de la vulnérabilité de ses populations et de leurs moyens d’existence. L’Initiative 3N, « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », véritable révolution verte, que nous mettons vigoureusement en œuvre depuis sept (7) ans, nous a ainsi permis de renforcer significativement la sécurité alimentaire et la résilience des populations aux chocs climatiques.
Ainsi, fort d’un capital très riche de bonnes pratiques en matière de résilience et dans un souci de contribuer à créer une synergie dans la mise en œuvre des actions programmées dans le cadre des trois conventions de Rio, mon pays s’apprête-t-il à organiser, avec l’appui de certains partenaires, dont l’Organisation Internationale de la Francophonie, une Conférence Internationale sur la Désertification et l’Economie Verte. Cette conférence a pour but de contribuer à mobiliser des appuis supplémentaires pour la mise à l’échelle de bonnes pratiques capitalisées dans ces domaines, en adéquation avec notre Contribution Déterminée au niveau National.
Mesdames et Messieurs,
Pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre, et devant l’immensité des besoins et des défis, j’en appelle à une plus grande solidarité des pays riches et au renforcement de la coopération interafricaine.
Je reste convaincu que cette coopération est le passage obligé pour la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. C’est la condition sine qua non pour construire un monde sans pauvreté, un monde plus juste un monde où la sécurité alimentaire est assurée, un monde où la dignité et la paix sont garanties dans un environnement sain et favorable au bien-être de toute l’Humanité.
Vive le Coopération Internationale
Je vous remercie de votre Aimable Attention
Brazzaville-République .du Congo, le 29 Avril 2018