Une opération militaire d’envergure est «en cours» dans le bassin du lac Tchad pour débarrasser la zone «des résidus de Boko Haram», a annoncé dimanche soir le ministre nigérien de la Défense.
«Une opération est actuellement en cours. Cette opération est normalement montée pour que nous débarrassions ces zones (du lac Tchad) des résidus de Boko Haram», un groupe jihadiste basé dans le nord-est du Nigeria, a affirmé Kalla Moutari sur la télévision privée Ténéré de Niamey.
Une fois terminée, cette opération permettra également «d’installer nos systèmes de sécurité» et de favoriser le «retour» des milliers de personnes ayant fui depuis 2015 les îles du lac, a déclaré le ministre.
Bien que «totalement affaibli», Boko Haram représente néanmoins «une menace réelle», a estimé le ministre, sans donner de précision sur le début et la fin des opérations, ni sur les contingents qui y participent.
Début avril, le bureau de l’ONU à Niamey avait fait état d'«opérations militaires en cours» dans les îles du lac Tchad par «la Force mixte multinationale» (composée du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria). Cette «offensive militaire» contre Boko Haram devait être menée «d’avril à juin», selon l’ONU.
Les Nations unies redoutent d’ailleurs que ces opérations n’entraînent le déplacement de «plus de 15 000 personnes» vivant encore sur les îles vers la terre ferme. Après un raid très meurtrier contre des positions de l’armée nigérienne, les autorités de Diffa avaient fait évacuer en mars 2015 quelque 25.000 personnes des îles du lac Tchad.
Depuis son commencement en 2009, le conflit provoqué par Boko Haram a conduit au déplacement de 2,4 millions de personnes dans le nord du Nigeria ainsi qu’au Cameroun, au Tchad et au Niger, selon le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) de l’ONU. Fin janvier 2018, le HCR a lancé un appel de fonds de 157 millions de dollars (127 millions d’euros) pour venir en aide aux réfugiés déracinés par les violences de Boko Haram dans la région du lac Tchad.
Sur le plan économique, le conflit avec Boko Haram dans la région de Diffa, proche du nord-est du Nigeria, retarde la construction d’un oléoduc pour exporter vers le Cameroun, via le Tchad, le pétrole brut produit par le Niger. Niamey a récemment annoncé le début des travaux pour fin 2018.