Désormais, les choses sont plus ou moins claires, pour ce qui est du nouveau visage de l’opposition politique. L’annonce de la création, le samedi 5 octobre dernier, de l’Alliance pour la République, la Démocratie et la Réconciliation (ARDR) a été suivie le lundi 7octobre par la déclaration du groupe parlementaire du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/Fa Lumana/Africa) annonçant son départ de la mouvance présidentielle.
Trois poids lourds de l’échiquier politique national vont faire face au Président de la République, Issoufou Mahamadou. Il s’agit de Mahamane Ousmane et sa Convention Démocratique et Sociale (CDS Rahama), Seini Oumarou et son Mouvement National pour sa Société de Développement (MNSD Nassara) et enfin du tout nouveau venu, Hama Amadou du MODEN/FA Lumana/Africa, hier encore allié du principal parti au pouvoir, à savoir le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme.
Mais que valent ces trois là devant un grand Issoufou entouré de quelques lieutenants ? La réponse se trouve bien évidemment dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et ne tardera pas à sortir.
Tous les yeux sont à présent braqués en direction de la grande cour qui jouxte la Place de la Concertation où les travaux de la seconde session ordinaire de l’Assemblée Nationale ont démarré depuis, le vendredi 4 octobre et ce pour trois (3) mois d’affilée. « Ce sera la plus longue session de l’histoire du parlement nigérien », dixit un observateur de la scène politique nationale. Au regard de l’enjeu bien évidemment… Selon de nombreux analystes, deux scénarios vont se confronter.
D’une part, on parle d’une motion de défiance dans les poches des députés du PNDS et alliés pour éjecter Hama Amadou de son perchoir de la Présidence de l’Assemblée Nationale ; et de l’autre d’une motion de censure entre les mains l’ARDR pour débarquer le gouvernement de Brigi Rafini et conduire le Président de la République à une cohabitation.
Si pour le camp présidentiel disposant théoriquement de 58 députés, le pari semble difficile de réunir les 2/3 de l’hémicycle pour résoudre l’équation de l’éviction de Hama Amadou, pour l’ARDR qui compte à son actif 55 députés, le défi est également énorme, car il faut 2 députés de plus pour disposer de la majorité enfin de débarquer le gouvernement.
Bien évidemment, chaque camp met du sien pour entretenir le flou sur ses forces réelles. Du côté de la MRN, on n’hésite pas à avancer le chiffre de 13 députés « sans visage » appartenant à la dissidence du MNSD, l’aile du Secrétaire Général Abouba Albadé qui a rejoint le camp présidentiel pour jouer à la dissuasion. Tandis que l’ARDR se gargarise d’avoir rallié à sa cause des députés de l’Union pour la Démocratie et la République (UDR Tabbat) du Ministre d’Etat Amadou Boubacar Cissé, de l’Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès (ANDP Zaman Lahiya) du Président du Conseil Economique, Social et Culturel (CESOC), Moussa Moumouni Djermakoye, du Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP Jama’a) et même des « frustrés » du principal parti au pouvoir.
Où se situe exactement la majorité parlementaire ? C’est la première équation à résoudre pour les deux camps adverses. Pour le camp présidentiel, il y a une autre inconnue, c’est celle de 2/3 pour renvoyer définitivement Hama Amadou dans l’exercice de ses fonctions d’opposant. Les hostilités ne sont pas encore ouvertes au sein de l’hémicycle, mais elles ne tarderont pas.
Déjà, le discours introductif de la session en cours par le Président de l’Assemblée Nationale, le lundi dernier, en dit long sur la suite des travaux. En effet dans le dernier paragraphe de son allocution, Hama Amadou a bel et bien dit à propos de l’alliance qui le lie au Président de la République « la rupture est consommée ». Cela ressemble à une déclaration de guerre.