Nouhou Arzika, incarcéré.
Ali Idrissa, emprisonné.
Maikoul Zodi, séquestré.
Yahaya Badamassi, isolé.
Moussa Tchangari, embastillé.
Lirwana Abdourhamane, encellulé.
Abdoulaye Hamadou Koné, cloitré.
Sadat Illiya Dam Malam, claquemuré.
Mohamed Aminou Nasirou, enfermé.
Abdourahamane Idé, confiné.
Ibrahim Diori, écroué.
Plusieurs milliers de réfugiés.
Autant de déplacés.
De quelle catastrophe est-ce le bilan?
Une guerre? Non, nous sommes un ilot de paix.
Un attentat terroriste? Non, nous sommes un fleuve de sécurité.
Nous sommes dans ce havre de paix où, on nous encourage à nous contenter de notre malheur, où on nous incite à regarder plus malheureux que nous, pour nous consoler.
Nous sommes dans ce pays qui renait dans le béton et le bitume, pendant que les spectateurs des édifices narquois, et les usagers des voies béates, réclament émoluments et pitances.
Nous sommes dans cette démocratie exemplaire qui démocratise la force, la force de la répression et la prison.
Nous sommes dans ce pays où le mélange d’une certaine pudeur, d’un respect à toutes épreuves et de croyances endurcies, rendent l’homme stoïque.
Nous sommes dans ce pays où la patience n’a pas de fin, ce pays dans lequel le présent léthargique emprisonne l’avenir sous les regards impassibles.
Pourtant, le Niger a des aspirations, des potentialités, des compétences et des ressources pour s’élever parmi les nations qui prospèrent.
Mais trop de prisons nous empêchent encore de décoller. Nous avons besoin de liberté et de libération.
Liberté pour tous, mais libération immédiate des prisonniers de la loi de finances.
Nous avons encore à nous libérer des prisons dans lesquelles par l’esprit, par les croyances, par les pratiques, nous nous sommes placés.
Aucune mention des prisons extérieures : celles dans lesquelles les autres vous ont placés! S’étonne une voix.
Mais, comment pouvons-nous, lui dis-je, nous libérer des prisons extérieures, si nous ne sortons pas des prisons intérieures dont nous sommes les geôliers?