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Décrue du fleuve Niger : Vers le seuil d’alerte orange sécheresse à Niamey

Publié le dimanche 27 mai 2018  |  nigerdiaspora
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© Autre presse par DR
Situation hydrologique au 29 août 2013 : la côte d’alerte du débit du fleuve Niger, fixée à 530 cm, est montée hier à 548 cm
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La situation hydrologique dans le bassin du Niger, marquée par une décrue battant le record des dix dernières années, devient de plus en plus inquiétante. En effet, depuis la fin du mois de décembre que la décrue a commencé, le niveau des eaux n’a cessé de baisser jour après jour au point d’atteindre le seuil inquiétant d’aujourd’hui. La direction nationale de l’hydrologie souligne que la baisse drastique du niveau d’eau est constatée véritablement depuis le mois de février 2018 à la station hydrométrique de Niamey. Depuis, elle s’est poursuivie de façon inexorable. Même si la décrue ou l’étiage est un évènement naturel qui se produit chaque année, force est de reconnaitre qu’elle a pris une dimension toute particulière cette année non seulement par sa précocité mais aussi par son ampleur. Le lit du fleuve s’assèche, les eaux laissant place à des rochers et autres plaines sableuses visibles le long du lit.

Le directeur de l’hydrologie impute cette situation aux faibles précipitations enregistrées à plusieurs endroits dans le haut bassin du fleuve Niger combinées aux activités anthropiques dont l’irrigation intensive, l’exploitation minière et les réalisations anarchiques des ouvrages de mobilisation des eaux (barrages, forages!) dans le haut bassin. Selon le directeur de l’hydrologie, M Mohamed HOUSSEINI IBRAHIM les données enregistrées à la station hydrométrique de Niamey montrent que le mois de mai est aussi caractérisé par une baisse progressive des écoulements, avec des débits nettement inférieurs aux valeurs moyennes observées au cours de ces dix dernières années.

A titre comparatif, le débit observé à la même station hydrométrique de Niamey est passé de 1509 m3/s pour une hauteur d’eau de 505 cm, le 20 décembre 2017, date de l’amorce de la décrue du fleuve Niger à Niamey, à un débit de 16 m3/s correspondant à une hauteur d’eau de 113 cm, le 20 mai 2018, date du dernier relevé hydrologique effectué par les techniciens de la direction de l’hydrologie. Il poursuit son explication en soulignant que le débit de 16 m3/s observé le 20 mai 2018, soit exactement cinq (5) mois après, est nettement inférieur à tous les débits observés à la même date et au même endroit pendant ces dix dernières années. La moyenne des débits observée à la même période de ces dix dernières années est de 100 m3/s correspondant à une hauteur d’eau de 175 cm.

A quoi pourrait-on alors assister si rien n’est fait ? A cette question, l’hydrologue répond que l’analyse montre que la situation du fleuve Niger au niveau de Niamey est très critique cette année. La diminution des écoulements a atteint des niveaux très inquiétants (étiages sévères) qui tendent vers le seuil d’alerte orange sécheresse fixé à un débit de 10 m3/s pour une hauteur d’eau de 107 cm. Si cette tendance à la baisse se poursuit, a-t-il prévenu, on enregistrera des baisses des niveaux d’eaux à Niamey pour les jours à venir. S’il n’y a pas d’apport des précipitations pendant cette même période pour la partie amont du bassin du fleuve Niger, le niveau d’eau à la station de Niamey pourrait effectivement atteindre la côte d’alerte orange sécheresse fixée à 107 cm correspondant à un débit de 10 m3/s, vers la fin de la troisième décade du mois de mai 2018. Cette situation d’étiages sévères peut alors avoir des conséquences sur l’approvisionnement en eau potable des populations de Niamey d’une part et impacter négativement sur les activités le long des berges du fleuve d’autre part en passant des producteurs maraichers aux pêcheurs en passant par les blanchisseurs qui se servent des eaux du fleuve.

Face à cette situation de plus préoccupante, des mesures urgentes s’imposent, a dit M Mohamed Housseini Ibrahim. Heureusement que ces mesures sont déjà en train d’être prises par les autorités à travers le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, la société du Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN) et la société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN) pour garantir l’alimentation en eau potable de la ville de Niamey et de toutes les villes riveraines du fleuve Niger. Pour sa part, l’Office National des Aménagements Hydro-Agricoles (ONAHA), en synergie avec les services d’agriculture, a d’ores et déjà pris toutes les dispositions et donné les conseils idoines aux producteurs pour la gestion rationnelle des eaux.

Pour résoudre ce problème dans l’immédiat, la solution consistera à rehausser le seuil de Goudel pour permettre aux stations de pompage de la SEEN de fonctionner correctement, à multiplier les points d’exploitation des eaux souterraines. Quant au moyen et long terme, il faut entreprendre des actions pour améliorer l’hydraulicité du fleuve Niger à travers le désensablement, le traitement en amont des bassins versants et la construction du barrage de Kandadji et d’autres ouvrages structurants.
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