Maître Sounna Issaka a beau faire courir des bruits sur sa volonté de conduire les choses dans les règles de l’art ou se démettre, il est rattrapé par les faits. Alors qu’elle a convié les partis politiques à une rencontre de concertation, prévue en principe pour se tenir aujourd’hui, jeudi 24 mai 2018, la Commission électorale contestée qu’il préside vient de mettre de l’eau au moulin de tous ceux qui la jugent partisane et programmée à des résultats tout autant programmés. C’est notamment le cas des partis et des organisations de la société civile regroupés au sein du Front pour la démocratie et la République (Fpr) qui a d’ailleurs réservé une réponse cinglante non surprenante à l’invitation de maître Souna. Bon nombre de Nigériens pensaient que maître Sounna était payé pour dormir en attendant que les partis politiques de l’opposition fassent contre mauvaise fortune, bon cœur en décidant de regagner les places qui leur ont été généreusement offertes par le régime. Que nenni ! L’homme ne dort pas et sa machine, redoutable car plus subtile que le vulgaire hold-up électoral de 2016, est déjà en marche.Selon des sources dignes de foi, la machine électorale de SounnaIssakaaurait commandé auprès d’une imprimerie de la place la confection de plusieurs documents d’état civil pouvant servir de base pour le recensement électoral à venir. Aux dires de nos sources, des milliers de carnets d’actes de naissance, de jugements supplétifs de naissance, d’actes de mariage et d’actes de décès sont déjà terminés et mis à disposition de la commission électorale de maître Sounna à travers des malles. La commission électorale de maître Sounna a pris apparemment, sans concertation avec les partis politiques, l’initiative de lancer cette commande de documents d’état civil. Cela fait grincer des dents jusque dans les rangs de la mouvance présidentielle où l’on note quelques velléités de s’émanciper de la tutelle du PndsTareyya.
Avec ces documents, c’est une fraude électronique à grande échelle qui se prépare.
Cette grosse commande d’actes d’état civil par la commission électorale dirigée par maître Sounna s’inscrit, selon le résultat d’une enquête menée, dans la volonté des dirigeants actuels de s’incruster au pouvoir et régner en maitres absolus sur le Niger à partir de 2021. Point donc d’alternance ! Avec ces documents, c’est une fraude électronique à grande échelle qui se prépare ; une fraude électronique d’autant plus subtile que la magie des chiffres se fera à partir de l’entrée des données électorales dans la machine. Un expert explique ainsi que le manège est simple. Il consiste à transformer une voix favorable à Robert en 10, voire 100 tandis qu’il réduit systématiquement 100 voix acquises par Donald en 10, voire une seule. Il suffit de programmer la machine suivant un logiciel prévu pour ça. Donald a donc beau avoir le plus grand nombre de voix, il sera inéluctablement battu par Robert qui a les faveurs des techniciens de la commission de maître Sounna. Un des ténors de la direction du fichier électoral biométrique (Difeb) créée à cet effet n’estautre qu’Ousmane Ly, l’informaticien qui a représenté la Mouvance présidentielle dans le comité d’audit mis en place par l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) en 2016. En outre, tout le monde, pratiquement, connaît, à Niamey, les liens forts qui unissent la famille Ly à Mahamadou Issoufou.
Maître Sounna doit s’expliquer sur cette commande, par la "Ceni", de documents d’Etat-civil
Au regard de la gravité de la démarche de maître Sounna, qui lance une si importante commande de documents d’état civil pour un but que d’aucuns pensent clandestin puisque jamais rendu public, il y a fort à parier que la "Ceni" de maître Sounna va battre de l’aile plus tôt que prévu. En faisant cette commande à l’insu des acteurs politiques et sans en informer l’opinion,les observateurs les plus dubitatifs sont désormais informés et édifiés sur le coup d’État électoral en préparation.Maître Sounna, qui a longtemps misé sur son séjour à l’extérieur pour revendiquer une crédibilité que certains jugent douteuse, est désormais face au mur. Il doit s’expliquer par rapport à cette commande de documents d’état civil dont il a déjà pris possession d’une partie. Quant aux partis politiques regroupés au sein du Fdr, les faits semblent leur donner une raison supplémentaire de refuser un code électoral taillé sur mesure et une "Ceni" qui n’a véritablement rien d’indépendant et de national.