A quel prix l’Elysée garantit-il la démocratie nigérienne ? Quel degré de crédibilité accorder au chef de l’Etat de la France, la Patrie des droits de l’homme quand il attribue un César de la démocratie au dirigeant d’un autre pays dans lequel tous les défenseurs des droits humains sont en prison ?
L’attitude et le comportement du président Macron sont biscornus dans son intention de s’ingérer dans les méandres des affaires politiques au Niger. Il est vrai que les Occidentaux, Français en tête, représentés par des ambassadeurs tropicalisés, ont tout eu en sept ans du Président Issoufou au pouvoir : bases militaires, lois anti migratoires, concessions et régimes fiscaux avantageux, etc. Eh bien tout laisse croire que cela a un prix, car, redevables, les Occidentaux, encore les Français en premiers, ont visiblement fermé les yeux sur la mise à mort de la démocratie, les violations flagrantes et répétées de la constitution, l’incarcération abusive des acteurs de la Société Civile et la gouvernance calamiteuse dans laquelle les Nigériens méprisés sont enfermés. Les promoteurs des valeurs, des droits et libertés ont coupé les cheveux de Marianne pour plaire à l’ami Issoufou qui, du reste a élu domicile à Paris ces derniers temps. Dommage que son avion ne peut pas atterrir en France !
Macron le « Renaissant » est donc très satisfait du « Bonaparte nigérien » qu’il éleva en démocrate modèle d’une démocratie dont les faits d’arme sont des élections tropicalisées, la personnification du pouvoir, la promotion de la coterie, des investissements superfétatoires et l’érection de l’impunité en socle de gouvernance ; un régime répressif dans lequel tout comportement est évalué, non pas selon l’intérêt général, mais au profit de sa Majesté, le nouveau Parisien. Car, le bien public n’existe plus au Niger où les médias et la Société Civile ont sorti de nombreuses affaires de corruption dont le milliard de CFA est la quotité, sans pour pourtant que rien ne se soit passé. Est-ce le cas en France ? Assurément non dans ce pays où la Justice n’est pas un habillage, M. Macron n’aurait pas pu empêcher les informations judiciaires ouvertes sur nombre de dossiers aux tentacules africaines et même intertropicales comme « Bolloré » et « Areva ».
Macron le sait, le Niger, cet Etat patrimonial où seuls les désidératas des partenaires sont pris en compte est la martingale du Président Issoufou, l’éden des bons apôtres et le hauban Occidental pour la jouissance géostratégique. Que des investissements oisifs soient traduits en « réalisations », point de coupable ; seuls les deniers publics partent en perte et profit. Ici, le budget national peut tout permettre, y compris faire de mauvais choix économiques sans rien risquer, nommer qui on veut où on veut, peu importent les compétences. Le mieux est d’ailleurs de ne pas en avoir. Les Nigériens le savent, le silence des « Blancs », surtout celui du jeune « Coq » suffit pour disculper et adouber un pouvoir et une gestion lamentables, eux les Occidentaux pour lesquels l’espace nigérien a été internationalisé, comme à la Conférence de Berlin ; le Niger qui sert présentement, par leur volonté, de « frontière » sud de l’Espace Schengen et de champion de la lutte contre le terrorisme.
Aujourd’hui ce pays est à la croisée des chemins. Les Partenaires traditionnels ont choisi leur camp, celui d’un pouvoir aux intentions dictatoriales et au style monarchique dans lequel les droits et libertés fondamentales ne seront plus tolérés. Pourtant, la lutte contre la loi de finances menée par Tchangari, Nouhou, Maikhol, Lirwana, Ali Idrissa et les autres, défenseurs historiques des droits humains et figures représentatives de la Société civile nigérienne, a payé. Toutefois, ils subissent les dérives autoritaires de cette démocratie certifiée par M. Macron, à tel point que l’on ne peut clairement dire qui les a réellement mis en détention ou les détient. Est-ce le Juge ? Le « Parisien », le « Comzone », le « Bédouin » ou la caution de l’Elysée ? L’Elyséen avait exprimé son opinion en décembre 2017, nobelisant son hôte, ce qui est son droit ; vous avez exprimé la vôtre qui devient un délit, demain un crime, lorsque son hôte recevra son agrégation.