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En réaction à « démocratie nigérienne, l’œuf carré du Président Macron » de Docteur Issoufou Yahaya

Publié le lundi 11 juin 2018  |  Nigerdiaspora
Docteur
© Autre presse par DR
Docteur Issoufou Yahaya
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Professeur ou Docteur commencez par m’éclairer du titre approprié par lequel je dois m’adresser à vous ? Ceci étant, apparemment le dernier séjour du Président de La République à Paris ne vous a pas laissé indifférent. Mieux vous avez choisi de partager votre opinion avec vos compatriotes à travers un billet (« Démocratie nigérienne, l’œuf carré du Président Macron ») publié par un site nigérien proche de l’opposition. Je fais ici le pari qu’ils publieront cette autre opinion différente de la votre et certainement de la leur. La mienne. Eux qui savent la valeur de la liberté d’opinion.
Votre propos commence Docteur par une série d’interrogations. « A quel prix l’Elysée garantit-il la démocratie nigérienne ? », « Et quelle crédibilité accorder au chef de l’Etat français quand il accorde un césar ……? » vous demanderez vous. La question n’est elle pas plutôt de savoir de quel droit l’Elysée passera pour le garant de la démocratie nigérienne ? Quant à la crédibilité de Macron les français qui l’ont élut et dont il est redevable l’apprécieront à sa juste valeur le moment opportun.
Toujours à propos du premier des français vous souligner ses « attitude et comportement biscornus dans son intention de s’ingérer dans les méandres des affaires politiques au Niger ». Entre nous Docteur, si Macron avait adapté une position contraire c'est-à-dire celle à laquelle « la société civile putschiste » et ses mentors s’attendaient auriez-vous la même réaction ? J’en doute fort. J’en doute fort.
Dois-je vous faire une confidence ? Personnellement ça me réconforte que le tapage médiatique de certains, qui depuis longtemps font dans l’excès et l’excessif ne trompe plus personne désormais. Le monde entier a compris. Ils refusent seulement de voir la réalité en face et continuent de faire la politique de l’autriche. Tapage médiatique qui au passage est destiné aux chancelleries occidentales qui n’ont d’autre choix que de le prendre pour parole d’évangile. Si celles-ci ont et expriment un point de vue contraire souvent du fait du respect et de l’admiration que forcent nos dirigeants par leur ténacité et la force de leur convictions elles passent aussi tôt pour impérialistes.
Vous semblez faire dans l’excès en affirmant « tous les défenseurs des droits humains sont en prison » Je refuse d’accepter que les défenseurs de la Démocratie nigérienne se limitent à Tchangari, Nouhou, Maikhol, Lirwana, Ali Idrissa et qui sais-je encore ?. Si telle est le cas (j’en doute fort) bien malheureuse est la démocratie nigérienne et autant dire qu’elle a des défenseurs à se chercher encore.
Décidément l’excès et la démesure vous vont à merveille Docteur en témoignent vos expressions chouchoutées telles que : « Etat patrimonial », « gouvernance calamiteuse », « Bédouin », « pouvoir aux intentions dictatoriales et au style monarchique ».
La dictature Docteur c’est lorsque, même agrégé d’histoire la libre expression n’est pas gagnée d’avance. La dictature c’est quand on envoyait une cohorte d’étudiants dans l’armée au motif d’un mouvement au campus. Politologue et enseignant vous devriez être stricte dans le contenu que vous mettez à ce concept (qui par ailleurs relève de votre Science) afin que vos étudiants ne se fassent pas ridicules sous d’autres cieux.
A propos des bases militaires, Docteur, l’Allemagne en abrite depuis des décennies (La base militaire de Ramstein en est un exemple frappant) en historien vous le savez déjà. J’espère que par honnêteté intellectuelle vous en passez souvent un mot à vos étudiants en ce temps des forts débats sur ces questions. Est-ce pour autant que cela a réduit le rayonnement économique et diplomatique de l’Allemagne. En quoi cela impacterait la souveraineté de ce géant économique mondial ?
Dites aussi souvent à vos étudiants que les choix des politiques économiques sont fonctions des priorités de chacun. Si un temps d’aucuns ont choisi de faire moins du social moins d’étudiants boursiers entre autres il est possible que d’autres fassent le choix inverse (faire du social) quand ils peuvent puisse que c’est leur choix politique.
Concernant la migration et toutes les insinuations qui y sont associées ces temps-ci, je côtoie chaque jour le Grand Minaret et les migrants j’en vois passer de toute sorte je peux vous affirmer que certaines analyses sur ce sujet sont toutes simples et simplistes. A commencer par le commencement c'est-à-dire le profil type du migrant. Qui au passage n’est pas le pécheur du bord du fleuve Sénégal ou le paysan cultivateur du riz à Kouroussa sur les rives du Niger qui vivent avec moins de un dollar jour. C’est souvent un homme. Entre 18 et 30 ans, ayant fait le secondaire voir les études supérieurs et qui aspire (c’est là l’important) à un mode de consommation qu’inculque la société de consommation inhérente au système capitaliste à travers la publicité ambiante. Il rêve moins du développement dans son village (c’est d’ailleurs pas son affaire) que du téléphone dernier cri, d’une villa avec piscine et d’un véhicule 4x4. Un « homos consumericus » en fait prêt à défier les océans et les aridités sahariennes pour assouvir ses besoins de consommation. D’où le paradoxe des sociétés civiles africaines et d’une certaine intelligentsia actives en ce domaine qui semblent être en mal d’inspiration : encourager indirectement le dépeuplement de l’Afrique par ses bras et ses cerveaux (une décennie après la polémique sur la fuite des cerveaux), faire des pieds et des mains pour que l’Afrique enfante dans la douleur instruit malgré la misère et finit par renvoyer le produit fini, l’out put (ses fils) développer ailleurs par la force de leur intelligence et de leurs bras. Par ailleurs l’Histoire (votre Science Docteur) nous apprend que quand on migre on élu un nouveau chez. On acquiert une nouvelle personnalité et une nouvelle citoyenneté. On oublie qui on était on devient qui ont est. On produit où on est. On consomme où on est. On enrichi où on est. On développe où on est. On coupe le lien avec d’où l’on vient. L’exemple américain est instructif à cet effet. L’Amérique formée par des vagues successives des migrations européennes n’entretient avec ce continent que des relations d’intérêts à la limite s’en rappelle juste pour le besoin de l’histoire.
Ce paradoxe de la société civile africaine qui se trompe souvent de combat n’est pas malheureusement son seul défaut. Il faut lire Boubacar Boris Diop dans la préface du livre d’Anne Cécile Robert « l’Afrique au secours de l’Occident » pour s’en convaincre. Boubacar Boris Diop invite à être lucide et à tempérer tout enthousiasme s’agissant de la société civile africaine « Les leviers de la société civile africaine sont bien souvent discrètement actionnés du dehors, par ceux qui, au Nord, ont les moyens de financer ses activités. Si rien n’est fait en Afrique même, pour inverser la tendance, la société civile deviendra un nouvel instrument, particulièrement efficace, de domination du continent. Elle a peut-être aussi pour fonction de faire émerger de ses flancs de nouvelles élites, complices d’un pacte colonial sans cesse recommencé depuis plusieurs siècles. »

Enfin si comme vous l’affirmer « Les Partenaires traditionnels ont choisi leur camp, celui du pouvoir » alors tant mieux pour Le Niger et tant pis pour ses détracteurs y compris certains de ses propre fils mus par l’égoïsme.
Du haut du Grand Minaret de la mosquée d’Emisikni je réaffirme tant mieux pour le Niger qui empoche une quarantaine de milliards dont vingt contribueront à la construction d’une centrale électrique solaire à Agadez. J’aurai dit la même chose s’il s’agissait d’une centrale électrique à Diffa ou Tillabéry. La visite du Président a été fructueuse et a surtout été un moment historique de clarification.

ELHADJI ABALACAN Ahmad
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