La loi des finances 2018 sera bel et bien révisée mais pas pour tenir compte des revendications de la société civile. A l’issue du conseil des ministres de ce vendredi 13 juin, le gouvernement a en effet adopté un projet de loi portant première rectification de la loi de finances pour l’année budgétaire 2018.
Selon les explications du gouvernement, le Budget général de l’Etat au titre de l’année 2018 qui a été arrêté initialement en recettes et en dépenses à 1.900,86 milliards, a été élaboré dans « un contexte marqué par des chocs exogènes ayant engendré une hausse importante des dépenses publiques et une réduction substantielle des recettes intérieures ». Cependant, poursuit le communiqué publié à l’issue du Conseil, le gouvernement a obtenu, au cours de cette même année, « d’importants appuis budgétaires provenant des partenaires techniques et financiers en vue de financer des actions de développement et des recettes exceptionnelles qui n’étaient pas prévues dans le budget initial ».
Selon le gouvernement, le niveau de ressources additionnelles attendues rend nécessaire une révision du budget en vue de le conformer aux dispositions de la loi organique relatives aux lois de finances. C’est en ce sens que des réaménagements ont été apportés au budget initial en cours d’execution. A la suite des nouveaux ajustements, le Budget général de l’Etat qui a été arrêté au titre de ce premier collectif, s’équilibre désormais en recettes et en dépenses, à 1.969,97 milliards FCFA, contre 1.900,86 milliards FCFA, soit une augmentation de 69,11 milliards, correspondant à 3,64% en valeur relative. Et conformément à la procédure en la matière, le projet de loi sera transmis à l’Assemblée nationale pour adoption.
Aucun compromis pour la société civile frondeuse
Les détails des nouveaux aménagements n’ont pas été divulgués par les autorités mais il va sans dire qu’elles s’inscrivent plus dans la ré-allocation des fonds engrangés vers d’autres secteurs jugés prioritaires par le régime de la Renaissance. Comme le ministre des Finances et par la suite le chef de l’Etat l’ont fait savoir, aucun ajustement tenant à prendre en compte les revendications de la société civile ne sera pris en compte. En clair et malgré la fronde, le gouvernement reste ferme à son engagement sur le fait que les mesures contestées, mais saluées par certains partenaires financiers internationaux au premier rang desquels le FMI, ne seront pas revues. D’autant qu’elles s’inscrivent pour l’essentiel et selon le gouvernement, dans la droite ligne du programme des réformes visant à améliorer la mobilisation des ressources internes afin de financer le développement du pays. Malgré les récurrentes manifestations de la société civile qui se sont d’ailleurs atténuées ces derniers temps à la suite de la fermeté dont a fait preuve le régime, aucune concession n’est encore à l’ordre du jour. Du reste, aucune négociation en ce sens n’a été entamée. Cependant, avec cette hausse substantielle des ressources de l’Etat, d’après les propres mots du gouvernement, il sera de plus en plus difficile pour lui de prétexter des difficultés financières pour justifier certains retards dans le paiement des salaires, bourses et autres pécules ainsi que la morosité économique ambiante dont tout le monde se plaint ces derniers temps.