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Assemblée nationale : La diplomatie parlementaire a foiré
Publié le mardi 15 octobre 2013   |  La Roue de l’Histoire


Le
© Autre presse par DR
Le Siège de l`assemblée nationale du niger


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Conciliant et à la limite de la résignation, le président de l’Assemblée Nationale s’est contenté du service minimum vendredi 4 octobre 2013 dans son allocution à l’occasion de la rentrée parlementaire. Le discours dithyrambique auquel il a habitué l’opinion a été rangé dans les tiroirs.

Outre la question de la loi des finances qui doit arrêter le budget national 2014, le président de l’Assemblée Nationale et président du MODEN FA LUMANA, Hama Amadou a parlé d’une campagne agricole qu’il a jugée inquiétante, des inondations et de l’intégration africaine. Mais face à un parterre d’invités où ne figure aucun parlementaire de la CEDEAO. La crise politique qui a traversé LUMANA et la majorité n’a eu droit qu’à quelques lignes à la fin de son allocution dans lesquelles Hama Amadou a parlé de rupture de confiance mutuelle entre lui et le Président de la République, avant de déclarer que cette rupture est totale et définitivement consommée. Une session un peu particulière qui s’ouvre plus d’un mois après le retrait de son parti le MODEN LUMANA de la majorité présidentielle MRN.

Vendredi 4 octobre dernier, le président de l’Assemblée nationale Hama Amadou a botté en touche dans la crise que connait son parti le MODEN LUMANA issue de la formation du dernier gouvernement mis en place par le Président de la République Issoufou Mahamadou, gouvernement dans lequel le parti du président de l’Assemblée Nationale a refusé de participer au motif que le MODEN LUMANA n’a obtenu que des «ministères à coquille vide» et «des strapontins». Celui qui avait habitué l’opinion publique par ses interventions à l’emporte-pièce est resté plutôt sobre sur la question. Pas de grande déclaration sur le sujet très sensible sur lequel pourtant il était très attendu. Toute allusion à la sortie de son parti de la mouvance présidentielle a été reléguée pratiquement à la fin de son intervention.

Hama Amadou s’est plus retranché sur l’agenda de la session parlementaire au cours de laquelle les députés nationaux auront à examiner et adopter la loi des finances pour l’année 2014 avant de glisser pêlemêle sur des sujets comme la campagne agricole, les inondations qui ont affecté les localités riveraines du fleuve. Le président du MODEN FA LUMANA pour une intégration africaine a aussi voulu se réconcilier avec la philosophie de son parti : l’intégration africaine. Même si à ce niveau là, hasard de calendrier ou pur boycott, les circonstances ne semblent pas plaider à sa faveur. Echec de sa diplomatie parlementaire où un pied de nez à sa politique intégrationniste, aucun parlementaire de la CEDEAO n’a répondu à l’invitation du président de l’Assemblée pour l’ouverture de cette session budgétaire qui a enregistré toutefois la présence du président de l’Assemblée du Tchad, du vice président du parlement marocain et d’un émissaire du président de l’Assemblée du Congo Démocratique.

Hama Amadou n’est pas très bien compris par ses paires sur le terrain de l’intégration africaine. Le parti du chantre de l’Intégration africaine a refusé le portefeuille ministériel chargé justement de l’intégration africaine où son parti avait là une occasion privilégiée pour donner un contenu à sa théorie politique. Une volte-face intervenue en même temps que Hama Amadou parlait de ministères à coquille vide qui ont été accordés à son parti pour justifier son retrait de la majorité présidentielle. Un discours politique pas très amen et qui peut-être l’aurait rendu peu fréquentable par les présidents des Assemblées des pays de l’espace CEDEAO où le président du parti de l’Intégration africaine a pourtant été très assidu dans le cadre de ce qu’il a appelé la diplomatie parlementaire.

C’est peut-être aussi les envolées lyriques de cette diplomatie parlementaire en direction du président du parlement tchadien qui ont poussé le président de l’Assemblée nationale à prononcer un retentissant hommage à l’intervention de l’armée tchadienne au Mali, sans faire la moindre mention au rôle considérable joué par l’armée du Niger. Si on prête volontiers à Hama Amadou son talent de surprendre toujours par ses discours tranchés, il faut aussi dire que ses interventions ne manquent pas de maladresse. Son évaluation de la campagne agricole lors de son allocution d’ouverture de la session budgétaire de l’Assemblée en est une et elle pourrait prêter à controverses. Volontariste peut-être pour que les parlementaires accordent une attention particulière aux questions de l’inondation et de la sécurité alimentaire lors des débats sur le budget national, le président de l’Assemblée nationale Hama Amadou à marché complètement sur les plates-bandes des autorités gouvernementales chargées de l’évaluation de la campagne agricole. Notre pays risque de vivre encore en 2014, sur le plan alimentaire, les souffrances propres aux années déficitaires, a pronostiqué le président de l’Assemblée Nationale alors même qu’il ne cite aucune source officielle et que le gouvernement n’a pas encore communiqué le bilan de ma saison agricole.

Ce n’est pas la première fois que le patron du parlement mélange les pédales avec le gouvernement. La rupture est totale et semble définitivement consommée, a enfin annoncé Hama Amadou sur le sujet de ses rapports avec sa désormais ancienne famille politique de la MRN où il a été très attendu et sur lequel il a été peu prolixe. Pas de passes d’armes, pas d’estocades, il s’est même éloigné du discours lumaniste ambiant sur une crise politique majeure. Résigné peut-être, Hama Amadou a semblé marché sur des oeufs concédant volontiers que «cette rupture d’alliance ne semble même pas remettre en cause la majorité de soutien au gouvernement». Cette intervention vient couper l’herbe au pied de toute cette ligue des structures régulières LUMANA et autres organisations associatives d’obédience hamaiste qui agitent le spectre d’une crise politique. Le président de l’Assemblée Nationale est pour l’instant dans cet équilibrisme alors que plusieurs voix se sont levées récemment y compris dans les rangs de son parti pour appeler à sa démission qui serait un bon signal pour la morale politique depuis qu’il a quitté l’alliance MRN et qu’il a imposé aux cadres de son parti le refus de toute participation au gouvernement comme ligne à tenir.

En attendant il semble se maintenir dans une posture mi figue mi raisin, à cheval entre l’opposition à laquelle le groupe parlementaire LUMANA vient d’adhérer depuis le lundi 7 Octobre dernier et la majorité MRN qui l’a placé à la tête du parlement. Et tout l’échafaudage d’une éventuelle motion de défiance contre lui ou d’une motion de censure contre le gouvernement que de part et d’autre les militants des deux bords politiques, de la majorité comme de l’opposition, avaient agité semble pour l’instant différé.

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