C’est depuis 2014 que les postes de contrôle juxtaposés (PCJ) de Malanville au niveau de la frontière entre le Bénin et le Niger ont été inaugurés par les chefs d'Etat des deux pays. Seulement, voilà ! Quatre ans plus tard, ces installations réalisées avec le concours de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), dans le but de faciliter le transport et le transit routier, le commerce transfrontalier et par-delà booster l'économie des deux pays, ne sont toujours pas opérationnelles.
Depuis lors, les annonces successives de leur mise en service n'ont jamais été suivies d'effet. Sans pour autant que certains perdent espoir. Et bien malin qui pourrait aujourd'hui avancer une date. Les plus optimistes parlent d'une entrée en service, dès ce samedi 30 juin, sans pour autant appuyer leurs déclarations d'éléments concrets.
Le scepticisme est d’autant plus entretenu par le fait que certains préalables doivent être respectés avant une éventuelle ouverture des postes de contrôle. « De façon visible, on constate qu’il y a des travaux complémentaires à faire. Les entreprises continuent de venir pour la visite. Donc, il y a encore quelques activités à réaliser qui sont très importantes avant la mise en service », explique Issa Issifou Aïssatou, ingénieur en assainissement.
Également attendus, l'affectation du personnel, la fourniture de certains équipements, du mobilier et du matériel de bureau (ce qui a déjà été en partie fait), et des actions de sensibilisation auprès des populations sur l’importance et le fonctionnement de cette infrastructure…
C’est d’ailleurs dans le cadre de cette sensibilisation que l’Uemoa, avec l'appui de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a organisé les 27 et 28 juin, un voyage de presse à Malanville, afin de mieux communiquer sur le bien-fondé de ces installations financées par l’Union européenne à hauteur de 11 milliards FCFA, grâce au 9ème Fonds européen de développement (FED).
Favoriser le commerce transfrontalier entre le Bénin et le Niger
L’importance des PCJ de Malanville n’est plus à démontrer dans le cadre des échanges de biens et la circulation des personnes dans la zone Uemoa. Lors de l’inauguration de cette infrastructure en 2014, le président Issoufou, montrant l’importance du transit entre les deux pays, soutenait que la frontière Niger-Bénin enregistre au quotidien un nombre important de transits. A l’en croire, pour le seul premier trimestre 2014, 350 000 tonnes de marchandises en direction du Niger contre plus de 15 000 tonnes de marchandises en direction du Bénin ont été enregistrées au niveau de cette frontière. Des échanges qui sont parfois marqués par quelques tracasseries.
Selon le représentant résident au Niger de la Commission de l’Uemoa, Serigne Mbacké Sougou, les préjudices subis par les opérateurs économiques dans les opérations de transport et transit sur certains corridors de l’Uemoa, dus aux faux frais routiers, à de longs délais d’attente imputables aux multiples contrôles routiers, sont énormes. D’où la nécessité de ces PCJ pour limiter ces préjudices-là.
Très concrètement, les PCJ de Malanville permettront de regrouper les services de contrôle des deux Etats sur un même site, en vue de faciliter la libre circulation des biens et des personnes d'un Etat à l’autre. Ils seront également gages « d'une amélioration de la compétitivité des économies des Etats membres de la sous-région, en rendant les échanges intra-régionaux plus fluides par l’élimination des barrières non tarifaires, de l'optimisation des conditions de travail des services de contrôle, de l'accélération des contrôles aux frontières et d'un gain de temps », explique Oumar Sanogo, conseiller au Bureau de représentation de la Commission de l’Uemoa, à Niamey, au Niger.
Comme autres avantages, ces PCJ vont d’après Serigne Mbacké Sougou, réduire la fraude, les taxes illicites et les coûts de transport, harmoniser et simplifier les procédures de contrôle aux points de départ et d’arrivée. « Ils devront également permettre de détenir les statistiques et les identités des migrants, réduisant ainsi l'insécurité transfrontalière », soutiennent les responsables de l’Uemoa.
Des postes de contrôle toujours attrayants
Malgré leur inactivité, ces PCJ, dressés majestueusement à l’entrée du Bénin, présentent fière allure et résistent fièrement à l’usure du temps. A première vue, l’on pourrait même penser que cette infrastructure a été construite récemment, tant elle n’a rien perdu de sa splendeur. « Il y a une entreprise qui a été sélectionnée pour l’entretien des espaces du site. Elle effectue le travail d’entretien en attendant la mise en service », affirme Issa Issifou Aïssatou.
Bâtie sur une superficie de neuf hectares, c’est une infrastructure située sur un côté de la frontière (entièrement sur le territoire du Bénin). La frontière à cet endroit est le fleuve Niger (barrière naturelle), qui ne permet pas d’avoir des installations à cheval sur la frontière.
Les postes de contrôle juxtaposés de Malanville sont constitués de bâtiments administratifs, des brigades de douane, des postes de police et de contrôle vétérinaire, des locaux équipés de scanner, pèse-essieux, contrôle de piétons, enclos à bétail, magasins pour produits délestés, château d’eau, etc.
Il faut rappeler que les PCJ de Malanville font partie du projet de Facilitation du transport et du transit routier visant à favoriser la croissance économique et le développement de l’Afrique de l’Ouest, par le renforcement de la coopération et l’accélération de l’intégration des Etats membres, initiés par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Uemoa.
Plusieurs autres postes entrent dans ce projet. Entre autres, Sèmè-Kraké, frontière entre le Bénin et le Nigeria ; Sanvécondji-Hillacondji, frontière entre le Bénin et le Togo ; Noépé, frontière entre le Ghana et le Togo ; Bundu Furdu (frontière Sénégal-Guinée Conakry), Paga, frontière entre le Burkina Faso et le Ghana, Cinkansé (frontière Togo-Burkina Faso, déjà opérationnel).