Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Niger    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage


 Autres articles



Comment

Société

Niger: 2.500 enfants morts de malnutrition en huit mois
Publié le mercredi 16 octobre 2013   |  AFP


Journée
© Autre presse par DR
Journée mondiale de l`alimentation: l`Afrique face à la malnutrition


 Vos outils




ABIDJAN - Plus de 2.500 enfants, dont une grande majorité de nourrissons, sont morts de malnutrition au Niger durant les huit premiers mois de cette année, une situation tragique mettant en relief la "réelle" dépendance du pays envers les bailleurs d’aide internationale.

La plupart des victimes sont des enfants en bas âge dans leurs deux premières années, très fragiles. Le Niger n’étant pas en situation de famine, les décès liés à la malnutrition sont bien plus rares chez les enfants plus âgés ou chez les adultes.

Malgré ce nombre important de décès, la prise en charge de la malnutrition a progressé par rapport à 2012, remarque Guido Cornale, le responsable de l’Unicef au Niger, pays pauvre où elle est endémique et massive.

Sur les quatre dernières années, la mortalité infantile (pourcentage d’enfants décédés par rapport à ceux soignés pour malnutrition) est en diminution constante au Niger, même si les chiffres restent effrayants.

Un pour cent des enfants traités sont morts entre le 1er janvier et les premiers jours de septembre 2013 (2.524 morts sur 252.427 cas), selon l’Unicef.

Un chiffre en progrès par rapport à 2012 (1,6%, soit environ 5.900 décès sur 370.000), 2011 (1,4%, soit environ 4.100 / 293.000) ou 2010 (1,7%, environ 5.560 / 330.000), selon l’Unicef, les années 2010 et 2012 ayant été marquées par des crises alimentaires.

"le plus d’enfants pris en charge" au monde

"On trouve autant d’enfant malnutris parce qu’on les cherche", observe Guido Cornale, le responsable de l’Unicef au Niger, pays où selon lui "il y a le plus d’enfants pris en charge" au monde.

"Sans l’aide internationale au Niger, on verrait les enfants mourir par dizaines de milliers" chaque année, ajoute M. Cornale, joint par téléphone depuis Abidjan, qui salue également le travail du gouvernement nigérien, qui "répond" aux attentes des bailleurs.

Ceux-ci financent substantiellement le pays - l’un des dix plus pauvres au monde - que le Pnud a placé en 2012 en 186e et dernière place, ex-aequo avec la République démocratique du Congo, dans son classement sur le développement humain.

Depuis 2010, l’Onu, les ONG, les donateurs, et la société civile ont confié
426 milliards de francs CFA (environ 650 millions d’euros) aux autorités
nigériennes pour qu’elles affrontent les crises alimentaires et agricoles,
selon Niamey.

"Il est indéniable que le gouvernement fait des efforts dans la lutte
contre contre la malnutrition. Il est dans une bonne dynamique", observe un
expert sous couvert d’anonymat.

"Mais le degré de substitution (du secteur humanitaire international par
rapport au secteur public nigérien) est inquiétant. La dépendance du Niger par
rapport aux bailleurs est réelle", constate-t-il.

La malnutrition est particulièrement criante au Niger, un pays sahélien
connaissant une insécurité alimentaire majeure. Même dans les bonnes années de
récolte, deux à trois millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.

Mais outre le déficit en nourriture, "le manque d’hygiène,
d’assainissement, la qualité de l’eau, l’accessibilité aux services de santé"
ou encore la survenance de maladies infectieuses favorisent la malnutrition,
explique Sanoussi Atte, un responsable au ministère nigérien de la Santé.

Autant de causes auxquelles il faut s’attaquer simultanément, ce qu’un pays
pauvre comme le Niger, en proie à des problèmes sécuritaires, n’est pas en
mesure de faire.

Pays coincé entre le Mali et le Nigeria

"Le Niger est un pays au bord du désert, coincé entre deux conflits, au
Mali et au Nigeria", analyse une source humanitaire. Des groupes terroristes
traversent régulièrement ses frontières.

"Le gouvernement a des feuilles de route, notamment sécuritaires, qui font
douter de changements substantiels" dans l’allocation des ressources contre la
malnutrition, renchérit le premier expert.

A ce problème de fonds s’ajoute une catastrophe démographique annoncée.
Avec un taux de fécondité de 7,6 enfants par femme, le plus élevé au monde, le
Niger voit sa population doubler tous les dix-huit ans, selon un document
onusien.

Les Nigériens, qui sont actuellement 17,1 millions, devraient voir leur
nombre atteindre 55 millions d’individus en 2050, remarque un cadre étranger.
Nourrir, soigner ou encore apporter de l’eau potable à autant de personnes
semble irréalisable.

"Nos projets ne sont pas tenables dans la durée, assène un autre expert.
Chaque année, vu la démographie, ce pays est voué à avoir 360.000 malnutris,
puis 400.000, puis davantage, si l’on ne fait rien pour changer les choses en
amont."

Le gouvernement nigérien mise sur l’éducation (15% de son budget, 25% à
terme) pour faire évoluer son peuple. Sans quoi la communauté internationale
devra le tenir à bout de bras pour des décennies encore, en admettant qu’elle
souhaite s’investir aussi longtemps au Niger.

jf/sba

 Commentaires