En session ordinaire, l’Assemblée nationale du Niger vient de voter la loi des finances rectificative 2013 à 86 voix pour, 0 contre et 19 abstentions. Les voix du oui sont largement au dessus de l’effectif mathématique de la majorité MRN, estimé à 58 aujourd’hui. Ainsi, ce sont 28 députés d’obédience de l’opposition politique qui ont donné leur quitus au gouvernement.
Toute chose qui traduit si besoin, la volonté de la nouvelle coalition de l’opposition, ARDR, à respecter le jeu démocratique en mettant en avant l’intérêt du pays. Voter en faveur de ressources supplémentaires au bénéfice des nigériens est le devoir même des élus du peuple. Il n’y aurait donc rien d’étonnant en ce vote parlementaire si nous n’étions pas dans le Gurisme qui tente d’anéantir les formations politiques de l’opposition. L’adoption du budget rectificatif est la preuve que les députés s a i - sissent et partagent aussi, le discours de Hama Amadou à l’ouverture de la présente session. Discours dans lequel le président Hama a plaidé pour une démocratie apaisée avec des acteurs responsables qui se soumettront aux règles préétablies que celles-ci soient à leur avantage ou non. De ce vote massif donc, on aurait pu penser que l’once de sagesse invitée à la table politique par le président du MODEN FA Hama Amadou, a répondu présent. Cependant, la réponse silencieuse que le camp présidentiel a réservé à ce discours fait déchanter plus d’un (1).
Alors qu’une nouvelle opposition – dont personne ne peut douter de la force puisque regroupant 3 des 4 principales formations politiques – s’est constituée, au lieu de jouer l’apaisement, le régime Guri surchauffe l’atmosphère. Pendant, que la nécessité d’une cohésion sociale et politique se fait cruciale, le parti au pouvoir et ses mystérieux décideurs posent des actes de nature à ébranler toute possibilité de convergence démocratique de la classe politique. C’est d’abord, Albadé Abouba et sa bande de dissidents qui sont envoyés au Palais des congrès pour parler au nom du MNSDNassara dont qu’ils disent être militants et qui se trouve à l’opposition tandis que eux sont au pouvoir Guriste. Ensuite, c’est Sala Habi et Ladan Tchiana qui prennent le relais dans les mêmes conditions que les Albadé à la petite différence qu’eux, se réclament militants du MODEN FA. Et comme si cela ne suffisait pas, le régime encourage les « mercenaires » de la Société civile et autres crieurs publics qui versent dans la désinformation et accentuent le déchirement.
Si tant est que le président Issoufou et son régime voulait la stabilité pour le Niger, ils ont râté une belle occasion de temporiser la croisière contre les « enfants » de la démocratie, les partis politiques. Même dans le cas où ils n’accordaient aucune foi en la sincérité de l’opposition lorsqu’elle dit agir dans l’intérêt général, le président Issoufou et ses proches auraient pu au moins attendre que le premier coup vienne de l’ARDR pour convaincre l’opinion de la mauvaise foi de celle-ci. Mais en persistant toujours dans sa logique de premier à attaquer, le Gurisme veut comme donner la preuve que c’est bien son système qui ne « s’accommode » pas avec le pluralisme politique. En tout cas, c’est la première fois qu’au Niger, on voit un régime qui se donne beaucoup de mal à faire exploser la stabilité politique. Et puisque nul ne peut connaitre mieux que les tenants du pouvoir les fâcheuses conséquences d’une instabilité politique, il y a lieu de se poser des questions les unes aussi graves que les autres. Un dicton de chez nous dit : le bout de chaque corde à son jour. Une manière de dire que toute chose à son utilité sur terre. En quoi l’instabilité peut-elle aussi être utile dans pays? Grave question qui mérite pourtant réflexion. N’est-ce pas dans le chaos que se construisent les choses plus difficiles, invraisemblables ?