Le procès de plusieurs centaines de militants présumés du groupe islamiste Boko Haram s’est ouvert mardi à Diffa, dans le sud-est du Niger, proche du Nigeria, a annoncé aujourdhui la télévision publique. "Plusieurs centaines de prévenus seront jugés, notamment pour les charges d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste", a indiqué à l’AFP une source judiciaire.
Les premiers procès de membres présumés de Boko Haram s’étaient tenus en mars 2017 à Niamey, la capitale du Niger. Cette année, ils ont été délocalisés à Diffa, théâtre depuis février 2015 de nombreuses attaques de Boko Haram, groupe basé dans le nord-est du Nigeria voisin.
"Le Niger est une démocratie et un Etat de droit (...) nous ne croyons pas à la loi du talion, nous n’exécutons pas sommairement nos ennemis, fussent-ils des terroristes notoires". Les jugements se feront "conformément aux conventions internationales" signées par le Niger, a assuré le général Abou Tarka, responsable de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP, gouvernementale) lors de l’ouverture du procès, au tribunal de grande instance de Diffa, la capitale régionale du Sud-Est.
Le procureur de la République, Chaïbou Samna, a également promis "un procès équitable". La majorité des prévenus ont été transférés à Diffa depuis leurs prisons de Niamey, Kollo et Koutoukalé, deux villes du sud-ouest du pays. Boko Haram ne dispose pas de bases arrière au Niger. Mais de nombreux jeunes de Diffa ont rejoint les djihadistes à partir de 2015, appâtés par les offres de Boko Haram qui leur propose jusqu’à 300.000 francs CFA par mois (450 euros).
Depuis décembre 2016, 200 combattants nigériens de Boko Haram ont déposé les armes et se sont rendus aux autorités de Diffa, selon ces dernières. Ces repentis sont internés dans un camp d’accueil où ils doivent subir un programme de déradicalisation puis bénéficier d’une amnistie avant de retrouver leurs proches.