Six millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire alors que la situation au Sahel en matière de sécurité alimentaire se détériore, a récemment alerté le Programme alimentaire mondial (PAM).
"Six millions de personnes sont en insécurité alimentaire au Sahel et ont besoin d'une assistance immédiate pendant la période de soudure qui vient de commencer et pour les mois à venir afin qu'elles puissent se relever", a déclaré en juin dernier le coordinateur régional des urgences du PAM au Sahel, William Affif.
M. Affif, a expliqué que les conflits, le changement climatique, de mauvaises saisons des pluies et un fort taux démographique sont autant de facteurs qui aggravent la vulnérabilité des populations de la région.
Pour les acteurs humanitaires et du développement œuvrant au Sahel, la grande inquiétude réside dans l'intensification des catastrophes naturelles. "Le risque est de voir dans quelques années une sècheresse d'une plus grande ampleur du fait du phénomène El Nino", a dit M. Affif.
Au Sahel, le PAM et ses partenaires (FAO, UNICEF, et d' autres organisations non-gouvernementales) doivent à la fois répondre aux urgences immédiates des populations et préparer les mesures d'accompagnement nécessaires pour prévenir des situations qui seraient plus dommageables.
"Il y a énormément d'investissements qui ont été faits au Sahel et l'impact n'est malheureusement pas suffisamment important. Il est décevant", a reconnu le responsable du PAM. "Tous les acteurs se sont penchés pour essayer de comprendre ce qu'il faudrait faire et le PAM a commencé depuis quelques temps à promouvoir la mise à l'échelle de la résilience dans des zones de convergences pour avoir plus d' impact sur cinq-six ans minimum", a expliqué M. Affif. "Maintenant il faut convaincre les gouvernements et les bailleurs de fonds de nous accompagner pour cette mise à l'échelle", a-t-il ajouté.
Concrètement, les activités de résilience du PAM se traduisent par des activités communautaires de réhabilitation d' infrastructures rurales, des cantines scolaires, un appui aux petits producteurs et des interventions en matière de nutrition.
Dans les situations d'insécurité alimentaire, les premières personnes les plus vulnérables sont toujours les femmes et plus particulièrement les filles dès l'adolescence. Et le Sahel n'y fait pas exception.
Au Sahel, le PAM prend en compte la vulnérabilité des femmes et des filles dans l'élaboration et la mise en œuvre de ses plans de résilience. "La priorité est de les maintenir à l'école le plus longtemps possible pour qu'elles aient plus d'éducation", a expliqué M. Attif, rappelant la corrélation évidente entre éducation et développement, "mais aussi pour qu' il y ait plus d'équité au sein des communautés".
Au Sahel, le PAM a également lancé des projets de développement impliquant les femmes et visant les autonomiser davantage. "On essaye de leur donner un rôle en matière de décisions et de gestion pour qu'elles puissent également contribuer au revenu du ménage et qu'elles prennent une place plus importante dans la famille", a souligné M. Attif.
Pour M. Affif, "il est très urgent d'arriver à aider les communautés dans des zones très fragilisées souvent ou accès difficiles où les centres de santé et les écoles sont fermées ou peu fonctionnelles. "C'est dans ces zones-là qu'on doit prioriser l'assistance pour aider ces communautés à se relever et éviter qu'il ait des tentations pour aller vers l'extrémisme", a-t-il dit.
Pour le responsable du PAM au Sahel, l'ensemble des partenaires sont conscients de ce lien entre conflit, faim et migrations. "Maintenant il faut des stratégies d'accès adaptées au contexte local. Cela demande du temps car il y a une gestion du risque extrêmement important", a-t-il rappelé, soulignant que les partenaires et ONG sur le terrain ont besoin d'appui.
"Le message est clair, il ne faut pas que le Sahel devienne une zone de non droit", a dit M. Affif, qui appelle à donner la priorité a la stabilisation et au développement durable de la région.