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Interview de M. Almoustapha Garba, Ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable : « Nous voulons inviter chacun à une action et une attitude citoyenne, mais aussi rappeler clairement que la restauration de notre environ

Publié le mardi 7 aout 2018  |  Le Sahel
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© Autre presse par DR
Mr Almoustapha Garba,le ministre de l`Environnement et du Développement durable
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Monsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2018, le 58ème anniversaire de l’indépendance essentiellement marquée par les festivités de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2018 ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez pour m’adresser à mes compatriotes en vue de les entretenir dans le cadre de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA), Edition 2018.

Comme le suggère votre question, la 43ième Edition de la FNA se distingue des éditions précédentes à plusieurs égards. D’abord, en choisissant la Région de Maradi pour accueillir les cérémonies officielles nationales, nous respectons non seulement le caractère tournant de cette fête, mais aussi et surtout ce choix nous permet de nous souvenir du célèbre « Débat National sur la Lutte Contre la Désertification » tenu à Maradi du 21 au 28 mai 1984.

L’autre particularité de l’Edition 2018 de la FNA se trouve dans le choix du site de la Cérémonie Officielle Nationale des plantations. En effet, c’est le site de l’Hôpital de Référence de Maradi qui est retenu pour la circonstance. En 2015, nous avions retenu le site d’une institution du Savoir, en l’occurrence l’Université Abdou Moumouni de Niamey ; en 2016, une portion de la Ceinture Verte de Niamey a servi de cadre pour les Cérémonies Officielles Nationales de plantation et en 2017 ce fut le tour de la caserne de la Garde Nationale de Dosso. Cette année, nous avons estimé qu’il est bon de contribuer à l’embellissement d’une infrastructure sanitaire de référence.

Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « la restauration de nos terres, forêts et paysages : un devoir pour tous » quels sont les éléments qui soutiennent la pertinence de ce thème ?

Les éléments qui soutiennent la pertinence de ce thème sont nombreux. D’abord, l’immensité des défis environnementaux qui affectent négativement notre économie en contribuant à détériorer les capacités productives des ressources naturelles (donc des moyens d’existence des populations) exige de la part de chaque Nigérien et chaque Nigérienne des efforts et de nouveaux comportements.

Ainsi, à travers ce thème, nous voulons inviter chacun à une action et une attitude citoyenne, mais aussi rappeler clairement que la restauration de notre environnement est avant tout la responsabilité de chaque individu. Il s’agit aussi d’amener la communauté nationale à œuvrer davantage ensemble pour impulser une dynamique nouvelle et conséquente dans les actions de protection de l’environnement en général et en particulier dans les actions de lutte contre les impacts de dégradation des terres. C’est donc un appel à un sursaut citoyen de la part de toutes les filles et de tous les fils de ce pays, pour préserver, aménager et exploiter durablement nos terres, forêts et paysages. C’est aussi l’expression du sentiment qu’ensemble, nous pouvons réussir à transformer nos paysages et les rendre plus productifs.

Ce thème trouve aussi sa pertinence dans le choix du Gouvernement en matière de transfert de compétences et de ressources aux collectivités territoriales décentralisées. En effet, vous savez que le secteur de l’environnement figure parmi les secteurs pilotes pour ce transfert. Ce thème nous donne ainsi l’opportunité de rappeler aux différents acteurs nationaux, notamment les élus locaux et les communautés locales, toute leur responsabilité dans la gestion des ressources naturelles de leurs terroirs, mais aussi dans la gestion et la consolidation des importants investissements réalisés dans le cadre de la restauration de l’environnement.

Malheureusement, force est de constater que le potentiel naturel, englobant les terres, les forêts et les paysages, subit la rude pression des activités humaines. Quels sont les moyens et les mesures mis en œuvre par votre département ministériel dans le domaine de la restauration, et de la préservation de l’Environnement?

Pour faire face à la dégradation des ressources naturelles, plusieurs actions sont entreprises par mon département ministériel. Ces actions, inspirées du Programme de Renaissance du Niger, Acte 2, sont inscrites dans la structure programmatique du Plan de Développement Economique et Social (PDES) et aussi dans le Plan d’actions de l’Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens). De façon spécifique, ces actions sont définies dans le document de la Politique Nationale en matière d’Environnement et du Développement Durable et son plan d’action et dans le document de la Contribution Nationale Déterminée (CDN) adoptée par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.

Ainsi, à titre de rappel, les cibles suivantes sont définies au niveau national en matière de restauration et de préservation de l’environnement. Il s’agit de :

La restauration de 213000 ha/an de terres dégradées en techniques de CES/DRS (Conservation des Eaux du Sol/Défense et Restauration des Sols),
La fixation de 36500 ha/an de dunes de sable ;
Le traitement de 70 000 ha/an par la technique de RNA (Régénération Naturelle Assistée)
La plantation de 30 000 ha/an
La lutte contre les plantes envahissantes dont 14000 ha/an pour les plantes envahissantes terrestres et 2000 ha/an pour les plantes aquatiques,
La réalisation 40000 km linéaires de bandes par feux pour la protection des pâturages et autres ressources en biodiversité ;
La réalisation de ces cibles nécessite tout naturellement d’énormes ressources financières. C’est pourquoi, d’importantes mesures sont prises pour la mobilisation des financements nécessaires. C’est à ce titre par exemple que mon département ministériel, vient d’adopter, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement, un vaste et ambitieux Programme National de Gestion Durable des Terres.

Dans la même optique, vous le savez, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, notre pays vient d’organiser, du 26 au 28 juillet 2018 à Niamey, en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, une Conférence Internationale sur la Désertification et l’Economie Verte dans le but d’aboutir à un Programme Régional qui nous permettra de mettre à l’échelle les riches expériences et bonnes pratiques que nous avons engrangées dans le domaine de la gestion durable des terres.

Certaines forêts classées et espaces verts comme la Ceinture Verte de Niamey sont menacés par les spéculateurs qui n’hésitent pas à les morceler pour les mettre en vente. Comment comptez-vous gagner la bataille contre ces pratiques qui contribuent à la détérioration de nos ressources naturelles ?

Oui, comme vous le dites si bien, certains de nos compatriotes, guidés par leurs seuls intérêts, se livrent au morcellement et à la vente des forêts classées et espaces verts réalisés à grands frais. Face à cette situation, je puis vous dire que l’Etat a pris toutes les dispositions nécessaires pour arrêter l’accaparement des terres dans toutes ses formes, à travers l’application rigoureuse des lois et règlements de la République. Dans ce cadre, nous venons d’adopter un décret d’application de la loi 2004-040 du 8 juin 2004 portant régime forestier au Niger. Dans ces dispositions, ce texte sécurise l’ensemble de ces espaces que vous évoquez dans votre question, il suffit simplement que chacun joue sa partition dans le respect de ces dispositions.

Du reste, nous espérons aussi que les différents messages de sensibilisation et d’information inspirés du thème central de la FNA 2018 amèneront les uns et les autres à prendre conscience de la nécessité de la préservation de notre environnement déjà suffisamment fragilisé par les changements climatiques mais aussi et surtout par nos pratiques incompatibles à la gestion durable des ressources naturelles.

Notre pays a adhéré à l’Initiative Africaine de restauration des paysages forestiers qui ambitionne de restaurer 100 millions d’hectares de terres à l’horizon 2030. Dans ce cadre, pour la période 2016 2021 votre département a prévu la récupération de 1 065 000 ha de terres, soit un objectif de 213 000 ha par an. Où en sommes nous dans la traduction en actes concrets de cet engagement ?

Effectivement, notre pays a adhéré à l’Initiative Africaine de restauration des paysages forestiers qui a pour ambition la restauration de 100 millions d’ha à l’horizon 2030. En effet, pour contribuer à atteindre cet ambitieux objectif, le Niger s’est engagé à restaurer 3,2 millions d’hectares à cette échéance, ce qui correspond effectivement à un objectif de 1 065 000 ha pour la période 2016-2021.

Nous devons reconnaitre que nous sommes pour le moment en-deçà de ces objectifs dans nos réalisations, du fait principalement de l’insuffisance des ressources financières. Mais comme je disais tantôt, des efforts énormes de mobilisation des ressources sont en cours pour nous permettre de tenir ces engagements chers aux plus hautes autorités. C’est aussi pour cela que mon département ministériel a organisé, du 2 au 3 mai 2018 à Maradi, ce que nous avons appelé la « Semaine de la Restauration » pour créer un meilleur cadre de collaboration avec tous les acteurs et partenaires qui interviennent dans le domaine de la restauration des terres, forêts et paysages, ce qui nous aidera à mieux capter et capitaliser tous les efforts faits dans ce domaine .

D’autre part, Monsieur le Ministre, le Programme de Renaissance du Niger, acte 2, prévoit la réalisation de 70 000 ha en matière de Régénération Naturelle Assistée (RNA) chaque année, ce qui place la pratique de la RNA au cœur des stratégies de lutte contre la désertification. Quelles sont les actions entreprises dans ce volet ?

Parmi les cibles fixées à mon département ministériel, la Régénération naturelle assistée (RNA) occupe une place de choix avec comme objectif 70 000 ha chaque année. Il s’agit d’une action simple et facilement maitrisable par les producteurs qui vise l’intégration des arbres dans les systèmes de production agricole. Son coût relativement faible à la portée du producteur facilite sa mise à échelle en milieu rural.

L’organisation de la « Semaine de la Restauration » que j’évoquais ci-haut fait partie de notre ligne de conduite pour booster les actions liées à la RNA. De même, sur instruction de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, d’importantes actions de sensibilisation, notamment au moyen des radios communautaires sont en cours.

A cela s’ajoutent un certain nombre de mesures incitatives pour encourager davantage les producteurs à s’investir pleinement dans la pratique à grande échelle de la RNA. Il s’agit entre autres de :

L’institution d’un concours national de lutte contre la désertification chaque année (à l’occasion de la fête nationale de l’arbre) pour encourager particulièrement les producteurs et les communautés à investir et à s’investir dans les actions de la Gestion Durable des Terres, y compris la RNA ;
L’institution d’un concours régional spécifiquement dédié à la RNA au niveau de la Région de Maradi.
Dans le cadre de l’Initiative 3N, des actions majeures sont entreprises au volet environnemental, en vue d’impulser une dynamique de lutte contre l’insécurité alimentaire. Quel est aujourd’hui l’impact des actions réalisées dans ce volet ?

Les efforts de restauration de l’environnement menés par notre pays dans le cadre de l’Initiative 3N sont très appréciables et les impacts sont mesurables à travers les effets directs et indirects sur le bien-être des populations. Ainsi, de 2011 à 2017, les activités de récupération de terres dégradées ont permis, entre autres, de:

mettre à la disposition des producteurs de nouvelles terres agro-sylvo-pastorales suite à la récupération de 304 188 ha grâce aux techniques de CES/DRS ;
fixer 51 241 ha de dunes de sable protégeant ainsi d’importantes cuvettes et autres sites à haut potentiel de production ;
aménager 35 500 ha de parcours pastoraux par la lutte contre les plantes envahissantes et leur ensemencement avec des herbacées appétées, améliorant ainsi l’offre fourragère ;
Les résultats enregistrés dans le cadre de la mise en œuvre des actions du volet Environnement sont du reste évalués à chaque réunion du Comité Interministériel d’Orientation (CIO) de l’Initiative 3N.

En plus des impacts écologiques observés, ces actions, conduites sous forme d’activités à Haute Intensité à Main d’œuvre, ont permis d’injecter d’importants revenus monétaires dans les économies locales et de créer des milliers d’emplois ruraux. Ces actions ont aussi eu des effets directs sur l’amélioration des rendements des cultures au niveau des sites traités.

Monsieur le Ministre, quel serait l’appel que vous voudrez lancer à l’endroit des populations nigériennes en vue d’obtenir un indispensable changement des comportements dans le domaine de la préservation de notre environnement ?

C’est un appel à la responsabilité et à l’engagement, chacun à son niveau et selon ses moyens. C’est aussi un appel au respect des investissements faits dans le cadre de la restauration de nos terres, forêts et paysages et dans le cadre de l’embellissement et la salubrité de nos villes.

Rappelons-nous chaque jour et à chaque instant que nous avons la lourde responsabilité de ne pas compromettre l’existence des générations futures, par nos comportements inappropriés vis-vis de notre environnement et de ses ressources.

En somme, je lance un appel à toutes les nigériennes et à tous les nigériens pour :

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adapter des gestes éco-citoyens pour la préservation de notre environnement;
planter et entretenir un arbre chaque année.
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Réalisée par Assane Soumana(onep)
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