C’est l’affaire qui fait grand bruit en ce moment : la rénovation, pour 14 milliards de FCFA, du Palais présidentiel. L’accord relatif à l’exécution des travaux, qui vont durer 17 mois, a été signé, jeudi 9 Août, entre le ministre, directeur de cabinet du Président de la République, Ouhoumoudou Mahamadou, et Tumiyana Jadi, le directeur de l'entreprise indonésienne, PT Wijaya Karya (WIKA), qui est chargée de la rénovation du Palais.
L’entreprise WIKA, dont le capital social est détenu à plus de 65% par le gouvernement indonésien, est spécialisée dans l’ingénierie civil, le BTP, l’énergie et la réalisation d’infrastructures industrielles.
Si une cure de jouvence pour le vieux bâtiment, un patrimoine national qui date de plus d’une soixantaine d’années, est une bonne chose, l’opportunité de l’investissement, en ces moments de vaches maigres, et surtout le montant pour la réalisation des travaux de rénovation, laissent à désirer. La décision a été en effet prise alors que le pays fait face à une difficile conjoncture économique qui se traduit par une crise de trésorerie assez prononcée. C’est d’ailleurs le gouvernement lui-même, qui en parle et en ressasse, à longueur de discours, pour justifier entres autres, les retards dans le paiement des pécules des contractuels ou les bourses des étudiants, pour retarder le paiement par le Trésor de certains marchés, pour reporter des projets d’investissement socioéconomiques ou pour annuler des concours et autres recrutements d’agents de l’Etat.
En ces moments aussi, le fait de dépenser 14 milliards de FCFA pour une opération de rénovation, interroge vraiment sur le sens des priorités de ceux qui nous gouvernent. C’est le cas de le dire, c’est une sorte de défiance même à l’égard de l’opinion. Il faut dire les choses telles qu’elles sont, puisque cette décision a été prise alors qu’on attendait du régime, des mesures de réduction de son train de vie, comme il a lui-même imposé une cure d’austérités aux populations à travers des mesures fiscales dénoncées par la société civile mais aussi une bonne partie des citoyens, lesquels en paient le prix fort. C’est du reste, ce que critiquent, ceux qui s’insurgent contre cet investissement colossal dont la nature n’a certes pas été précisé, mais dont il est loisible de comprendre qu’il sera financé par le budget. Les différents commentaires qui ont suivi l’annonce de cette dépense de prestige, insistent surtout sur le fait que le pays a d’autres priorités en matière d’infrastructures. Pendant que la RTA est coupée par les eaux des pluies, isolant une bonne partie du nord du pays, la route bitumée Madarounfa-frontière Nigéria est laissé en chantier depuis deux ans, la route Agadez-Zinder dans un état déplorable... Sans oublier que les besoins en investissements sociaux (éducation et santé), sont toujours pressants, il y a quoi se poser des questions et légitimer certaines critiques acerbes contre certains choix de la Renaissance.... suite de l'article sur Autre presse