Dans les livres, dans les rapports, dans les conversations et dans les discours, dans nos esprits et dans nos mentalités, le Niger apparaît comme un pays pauvre, le pays qui occupe la place ultime dans le classement des nations, comme un pays enclavé, un pays désertique, un pays desservi par un climat rude, un pays populeux dans lequel, les femmes fécondes, donnent naissance plus que partout ailleurs dans le monde, à des enfants en grand nombre; un pays défavorisé par la nature, un pays handicapé par la géographie.
À force de lire ces redites, de les entendre, de les répéter, nous finissons par les intégrer dans nos pensées, dans nos esprits, dans nos mentalités, et par adopter les comportements de pauvres, d’indigents, de déshérités, d’enclavés, de défavorisés et d’assistés qui vont de pair.
Ces situations ne sont pas, n’ont pas été, spécifiquement, exclusivement nigériennes. Ailleurs, dans le monde, des pays et des nations les ont connues, vécues et vaincues avant nous. Ces situations ne sont donc pas irréversibles. Le labeur des hommes l’a suffisamment prouvé à toutes les époques de l’histoire de l’humanité.
Combien de pays et de nations sont passés de la pauvreté à la richesse? Combien de pays et de nations ont, à un moment ou à un autre de leur histoire occupé ce rang ultime, et l’ont quitté pour des positions plus élevées? Combien de pays dans le monde ont su tirer parti de leur enclavement, de leurs positions géographiques, de leurs climats, de leurs espaces mêmes arides? Et, combien sont-ils les pays et les nations à travers le monde qui se sont développés grâce à leurs populations nombreuses?
On nous dit, nous le disons, et nous croyons nous-mêmes que le Niger est dans le gouffre. Mais le gouffre a un fond. Il a un niveau et une limite en deçà desquels nous ne pouvons pas descendre. Du fond de notre gouffre, ce qui peut nous arriver de meilleur, c’est de monter, de remonter, de nous élever.
Je crois que les situations dans lesquelles nous nous trouvons, ces situations au centre desquelles se trouve notre pays, ne nous condamnent pas être ce que nous croyons être. C’est nous qui mettons une fatalité dans ces situations. C’est nous qui, devant l’adversité, devant l’hostilité, nous résignons, nous empêchons d’agir, en croyant que notre sort est de subir ces situations, en croyant que ces situations sont irréversibles, en croyant que nous sommes impuissants. Dans ces situations, nous nous comportons comme des vaincus, nous nous complaisons dans nos attitudes défaitistes. Ce ne sont donc pas ces situations qui nous condamnent, c’est nous qui nous condamnons à végéter dans ces situations.... suite de l'article sur Autre presse