SEM. Brigi Rafini, Premier Ministre : «L’année 2013 sera celle de l’opérationnalisation des programmes structurants prévus dans le cadre du Programme de Renaissance»
Excellence Monsieur le Premier ministre, quel bilan faites-vous de la mise en œuvre de la Déclaration de Politique Générale de votre Gouvernement ?
Permettez-moi tout d’abord de rendre grâce à Dieu le Tout Puissant et aussi de marquer ma reconnaissance à SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’Etat, pour la confiance qu’il a placée en moi et pour le soutien constant qu’il ne cesse de m’apporter dans l’accomplissement des responsabilités qu’il a bien voulu me confier.
Pour revenir à votre question, en effet, cela fait 2 ans que le Président de la République a été investi de la lourde charge de conduire les destinées de notre pays. Sur la base de son Programme, le Programme de Renaissance, la Déclaration de Politique Générale du gouvernement a été élaborée et mise en œuvre.
La DPG est structurée autour de trois axes principaux que sont la Promotion de la Bonne Gouvernance, la Promotion du Développement Social et la Promotion d’une économie de croissance et de développement durable. Dans le cadre de cet entretien, je ne peux que vous faire un bilan sommaire.
En ce qui concerne le premier axe, c'est-à-dire la promotion de la Bonne Gouvernance, comme vous le savez, la préservation de la sécurité était un engagement fort du Président de la République. C’est pourquoi, le gouvernement a pris des dispositions pour renforcer les capacités matérielles, techniques et humaines des Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Vous vous rappelez que l’année dernière, 2 collectifs budgétaires ont été adoptés pour l’octroi de crédits supplémentaires conséquents. Je saisis cette occasion pour remercier nos vaillantes FDS qui ont œuvré et continuent de veiller à la sécurité publique et à la préservation de l’intégrité territoriale à travers les patrouilles quotidiennes instaurées sur l’ensemble du territoire et sur toutes les frontières.
Pour résoudre durablement la question de sécurité alliée au développement, un document de stratégie de sécurité et de développement des zones sahélo-sahariennes du Niger, d’un coût estimé à 1 266104 464 919 FCFA, a été adopté. En outre, un fonds de soutien aux initiatives de consolidation de la paix a été mis en place, des fora sur la paix et la sécurité (Arlit, Tchintabaraden, Iférouane, Diffa et Birni N’Gaouré)… ont été organisés.
Ainsi, et comme vous le constatez de vous-même, malgré la situation qui prévaut sur nos frontières, la sécurité intérieure de notre pays reste préservée.
Dans le domaine politique, tous les textes organiques relatifs aux institutions de la République sont adoptés. Aussi, ces institutions s’installent progressivement. Le jeu politique se déroule normalement, le cadre de concertation des partis politiques a fonctionné régulièrement, le statut de l’opposition adopté et mis en application.
Les libertés fondamentales sont promues et respectées. L’exemple le plus emblématique, c’est la liberté de la presse où des efforts importants ont été consentis. Ce qui a conforté la place du Niger dans le classement mondial, passant de la 104éme place en 2010 à la 29ème place en 2011 et 2012. Ce qui a amené Reporters Sans Frontière à citer notre pays comme un modèle de gouvernance démocratique en 2011. Vous vous rappelez de la signature de la déclaration de la Montagne de la Table par Son Excellence Monsieur le Président de la République, et de tous les efforts qui sont entrepris pour renforcer les capacités techniques, matérielles et professionnelles des médias nigériens. Vous le savez aussi, le Président de la République est fermement attaché au respect rigoureux des libertés fondamentales et nous nous y attelons.
Il en est de même de la justice, du respect de l’Etat de Droit, de la lutte contre la corruption où le Niger a fait des progrès importants y compris dans le classement mondial ou encore de la protection des droits humains.
Afin d’instaurer, définitivement, des rapports de confiance entre la justice et les justiciables, les Etats généraux de la justice ont été organisés. Ils ont permis d’établir un diagnostic sans complaisance du système judiciaire du pays et de faire des propositions pour le renforcer et garantir son indépendance et son efficacité.
Cette importante action vient se rajouter aux réformes entreprises tant dans le domaine judiciaire que dans celui du pénitentiaire, ainsi que dans le cadre de la lutte contre la corruption. Il s’agit notamment de la création d’une Agence Nationale de l’Assistance Juridique et Judiciaire, la création d’un bureau information/Réclamation/Lutte contre la corruption et le trafic d’influence doté d’une ligne verte, et également celle de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA).
Sur le plan diplomatique, une offensive a été engagée et a permis l’ouverture de plusieurs représentations diplomatiques à l’extérieur et aussi la signature de conventions de coopération, l’attrait massif des investisseurs étrangers et la stimulation des investissements privés nationaux de la diaspora à travers l’organisation, pour la première fois au Niger, d’un forum de la diaspora. On assiste à un regain d’intérêt de la diaspora et des investisseurs publics et privés étrangers au Niger. La destination Niger est alors devenue une destination sûre.
Il faut souligner également les efforts importants consentis pour accroitre l’efficacité de l’administration publique à travers notamment la création des cercles de modernisation des services publics, l’élaboration d’une politique nationale de modernisation ainsi que l’opérationnalisation de la gestion automatique des actes administratifs du personnel.
Par ailleurs, les textes de la Fonction publique ont été révisés afin d’offrir aux salariés nigériens de meilleures conditions de vie et de travail. C’est ainsi que la CARENI a été créée, la grille salariale des agents de la santé révisée, le traitement des agents fonctionnaires, auxiliaires et contractuels de l’Etat revalorisé, etc. Ces mesures ont coûté environ 17 milliards de francs. A cela s’ajoutent les décisions de revalorisation des rémunérations de diverses catégories des agents de l’Etat prises en 2010 et 2011 et mises en œuvre par le gouvernement à hauteur de 11,9 milliards de FCFA, soit un total 28,9 milliards de FCFA.
Au plan économique, le gouvernement, soucieux d’une gestion efficace de l’économie, a opté pour le système de planification stratégique avec l’élaboration d’un programme Intermédiaire de Cadrage de l’Action Gouvernementale (PICAG), l’élaboration du Programme du Développement Economique et Social (PDES) et le lancement du processus d’élaboration de la Stratégie pour un développement durable et une croissance inclusive (SDDCI) Niger 2035. En ce qui concerne le PDES, une table-ronde a été organisée en novembre 2012 à Paris pour la mobilisation des ressources nécessaires à sa mise en œuvre.
Ces efforts de planification stratégique et de mobilisation de ressources ont été accompagnés par des actions visant à assainir les finances publiques et promouvoir les investissements privés. Ce qui a permis d’améliorer le climat des affaires au Niger.
Un accent important a été mis sur les marchés publics afin de garantir au maximum leur transparence à travers la déconcentration des services de contrôle au niveau régional par délégation du contrôle aux contrôleurs financiers et Centres de sous ordonnancement (CSO).
En termes de mobilisation des ressources, plus de 1452 milliards de FCFA ont été mobilisés au titre des ressources internes et 1504 milliards de FCFA au titre des ressources externes.
Au plan de la décentralisation, tous les organes délibérants et exécutifs des conseils régionaux et communaux sont installés et opérationnels grâce à l’accompagnement de l’Etat et des partenaires techniques et financiers. Les efforts menés dans ce domaine ont abouti à la création d’une Agence Nationale pour le Financement des Collectivités Territoriales qui est dans sa phase d’opérationnalisation.
Par rapport à l’axe n°2 de la DPG : la Promotion du Développement Social, les indicateurs sociaux ont été significativement améliorés. C’est ainsi que :
Au niveau de l’éducation de base, 2865 classes ont été construites en 2011-2012 et 3302 sont en cours de construction pour le compte de l’année 2012-2013. Il a été procédé au recrutement de 12 000 enseignants pour les cycles de bases 1 et 2, les ENI réhabilitées et leurs capacités d’accueil renforcées. La mise en œuvre de toutes ces actions a permis d’améliorer le taux brut de scolarisation primaire qui est passé de 72,9% en 2010 à 79,2 % en 2012. Le taux brut de scolarisation au cycle de base 2 est passé de 17,8% en 2010 à 20,1% en 2012.
Au niveau de l’enseignement moyen : en deux ans, 51 établissements publics et privés ont été créés et 1600 enseignants contractuels recrutés à la Fonction Publique. De plus, 229 nouveaux contractuels ont été recrutés. Le taux brut de scolarisation au niveau moyen est passé de 3,9% en 2010 à 4,45% en 2012.
Au niveau de l’enseignement supérieur, les universités en régions et l’Université de Niamey ont été dotées de ressources pour la construction et la réhabilitation de classes et dortoirs et l’acquisition de matériels divers.
La qualité de l’enseignement a été améliorée à travers le recrutement de 22 enseignants chercheurs et 48 agents administratifs et techniques, l’accroissement de l’accès à l’internet et au système de formation à distance ainsi que la poursuite de la réforme de l’enseignement supérieur à travers la mise en œuvre du système LMD.
Le nombre d’étudiants dans les universités est passé de 22 958 en 2010-2011 à 27 047 en 2011-2012 et à 32 211 en 2013. Le nombre d’étudiants boursiers (premier cycle) est passé de 7.061 en 2010-2011 à 14.202 au premier trimestre de l’année 2013.
Au niveau de l’enseignement et de la formation professionnels et techniques, 6 lycées professionnels et 66 nouveaux Centres de Formation en développement communautaire ont été créées. Dans le cadre du renforcement en ressources humaines, 750 enseignants contractuels ont été intégrés à la Fonction Publique et 60 auxiliaires recrutés.
Au niveau de la santé, des infrastructures ont été construites ou réhabilitées, 536 médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes, 922 agents contractuels et 1.192 paramédicaux ont été recrutés. A ceux-là s’ajoutent 12 Volontaires des Nations Unies composés de sages-femmes, de médecins, de chirurgien et de cardiologue. Un concours unique de certification des agents de santé a été organisé. Le résultat de toutes ces actions s’est traduit par une amélioration des indicateurs de santé.
De même, les ratios personnels soignants par habitants se sont améliorés en passant d’un médecin pour 16.420 habitants en 2012 contre un médecin pour 41.200 habitants en 2010 ; d’un infirmier pour 4.159 habitants en 2012 contre un infirmier pour 5.560 habitants en 2010 et d’une sage-femme pour 3.670 femmes en 2012 en âge de procréer contre une sage-femme pour 5.400 en 2010.
Au niveau de l’emploi, 251 147 emplois ont été créés, dont 217 665 pour le secteur public (dont 29.549 emplois permanents) et 33.482 pour le secteur privé.
Au niveau de l’hydraulique : en milieu rural, 4.264 équivalents points d’eau modernes ont été réalisés et 1.682 autres ont été réhabilités, En milieu urbain, 2 nouveaux réservoirs d’eau respectivement de 300 et 500 m3, 42 forages, 18.064 branchements sociaux et 537 bornes fontaines ont été réalisés. Les travaux d’adduction d’eau potable de Zinder ont été lancés le 31 mars dernier par le Président de la République.
Au niveau du logement, 174 logements sociaux sont en construction à Sari Koubou sur fonds propres de l’Etat et 500 logements sociaux dans le cadre du partenariat public-privé à travers la société SOGECOM. Plusieurs bâtiments administratifs ont été réhabilités ou sont en cours de construction. Par ailleurs, la mise en œuvre du programme Niamey Nyala se poursuit normalement.
Pour ce qui est de l’axe n°3, la promotion d’une économie de croissance et de développement durable, des mesures ont été prises pour opérationnaliser l’Initiative 3N. En vue de résorber le déficit céréalier consécutif à la campagne agro-pastorale 2011-2012, un programme d’urgence dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement ainsi que la reconstitution du stock national de sécurité pour un coût estimatif de 155 milliards de FCFA a été élaboré et mis en œuvre.
S’agissant des infrastructures routières, plusieurs chantiers de construction de routes bitumées ou en terre, de réhabilitation de routes ont été exécutés. Des études pour la construction d’autres tronçons sont en cours un peu partout sur l’ensemble du territoire national.
S’agissant de l’énergie électrique, pour la ville de Niamey, la centrale de Goudel a été remise en service. D’autres groupes de 15 MW ont été installés, Dans les autres villes du pays, des groupes électrogènes ont été installés en vue de rehausser les capacités de la réserve froide.
En outre, le projet de construction de la centrale électrique de Gorou Banda a été lancé le 4 avril. S’agissant de l’électrification rurale, 49 localités ont été concernées par ce programme.
Sur le plan minier, la diversification de la recherche minière se poursuit avec la signature de plusieurs conventions.
Dans le domaine du tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat, des actions ont été réalisées pour promouvoir « la Destination Niger ». Ainsi, le Document de la Stratégie Nationale de Développement Durable du Tourisme et son Programme d’Actions Prioritaires ont été adoptés.
En conclusion de ce bilan je puis souligner par ailleurs que les efforts du gouvernement ont permis l’admission de notre pays, cette année, au Programme Compact du Millenium Challenge Corporation en remplissant les trois conditionnalités requises pour l’éligibilité à l’assistance financière Compact du MCC à savoir : avoir un indicateur de corruption au vert, satisfaire les indicateurs en matière de démocratie, passer au moins la moitié des 20 indicateurs de qualification. (A noter à ce niveau que le Niger a obtenu 12 indicateurs sur les 20)
En effet, la situation du Niger a été qualifiée de positive selon le MCC, notamment sur les dimensions portant sur les droits politiques, les libertés civiles, la lutte contre la corruption, l’efficacité des pouvoirs publics, l’Etat de droit, la recevabilité et la liberté de presse. La résultante immédiate de cette appréciation est le financement du projet Education NECCS, pour un montant de 7,5 millions de dollars US.
Excellence Monsieur le Premier ministre, depuis deux ans, votre Gouvernement a géré plusieurs crises multiformes. Quels enseignements en tirez-vous ?
Il est vrai que ces deux dernières années, notre pays a connu, comme vous le dites, des crises multiformes qui ont amené le Gouvernement à être sur tous les fronts pour apporter des réponses à toutes ces préoccupations. Ces crises sont dues à des facteurs exogènes et endogènes.
Au titre des facteurs exogènes, je citerai le contexte politique sous-régional caractérisé par des foyers de tension aux conséquences collatérales évidentes sur la croissance et le développement de notre pays. Le gouvernement s’est attelé à résoudre les conséquences humanitaires et sécuritaires nées de cette situation. Qu’il s’agisse de la crise libyenne qui a déstabilisé la paix et la sécurité dans la sous-région et qui a vu l’arrivée massive de milliers de nos compatriotes et d’autres nationalités dans un dénuement total ; de la crise ivoirienne avec, elle aussi, son lot de retournés ou encore de la crise malienne qui a été occasionnée par les activités des organisations terroristes impliquées dans les trafics d’armes, de drogues et d’enlèvements d’otages et qui a entrainé l’arrivée au Niger de milliers de réfugiés. Dans le cas de cette dernière crise, le Niger a déployé un contingent militaire pour aider le Mali à recouvrer sa souveraineté et son intégrité territoriale. Je profite de cette occasion pour adresser les félicitations et encouragements du Président de la République, Chef suprême des armées, et ceux du Gouvernement, à nos soldats dont l’efficacité et le bon comportement sur le théâtre des opérations sont bien appréciés par tous.
A ces crises qui ont influencé ou qui continuent à influencer négativement nos efforts de développement, se greffent d’autres comme la mauvaise campagne agro-pastorale en 2011, qui s’est soldée par des déficits céréalier de 692 500 tonnes et fourrager de plus de 10 millions de tonnes de matières sèches, et en 2012, des inondations qui ont occasionné la mort de 104 personnes, 529 923 personnes sinistrées et d’importants dégâts matériels.
Pour pallier ces déficits, le gouvernement a élaboré et mis en œuvre un programme bâti autour de 4 axes qui ont porté sur les cultures irriguées, l’élevage, l’environnement et la reconstitution du stock de sécurité.
Ce programme d’urgence a constitué un test prometteur pour la mise en œuvre de l’Initiative 3N. Il a également permis de prouver que sécheresse ne doit plus être synonyme de famine, conformément à une directive du Président de la République.
Pour venir en aide aux personnes affectées par les inondations, l’Etat a mobilisé plus de 14,9 milliards de FCFA dont 8,25 milliards pour l’assistance alimentaire (11 000 tonnes) et 3,975 milliards d’assistance non alimentaire (25 000 tonnes).
Pour gérer efficacement cette catastrophe et apporter des réponses adaptées aux populations affectées, un comité interministériel de prévention, de gestion et de suivi des inondations a été mis en place.
Excellence Monsieur le Premier ministre, où en est-on dans la mise en œuvre du PDES ?
Depuis la tenue de la Table ronde tenue à Paris en novembre 2012, le Gouvernement a poursuivi les négociations avec les Partenaires techniques et financiers qui ont abouti à la signature de conventions de l’ordre de 300 milliards de francs CFA. Les différents départements ministériels ont engagé le processus de préparation et ou de mise à jour de leurs programmes.
Aussi, les organes d’orientation et de suivi-évaluation du PDES sont en cours d’installation. Il s’agit du conseil d’orientation, de la commission interministérielle de planification stratégique et d’un comité Etat-PTF. Il y a aussi les organes techniques et opérationnels que sont le Secrétariat Permanent, les comités sectoriels, les comités régionaux, départementaux et communaux de suivi-évaluation qui sont entrain d’être mis en place.
Le processus d’installation des organes devrait être bouclé en fin avril. Une feuille de route a également été élaborée pour assurer une coordination efficace de ce processus. L’année 2013 sera celle de l’opérationnalisation des programmes structurants prévus dans le cadre du Programme de Renaissance qui se décline à travers la DPG et le PDES.
Notre pays est indexé comme étant l’un de ceux dont le taux de consommation de crédits est des plus faibles. Qu’est-ce qui explique cet état de fait, et comment allez-vous y remédier ?
Des études menées par des organisations internationales et couvrant plusieurs pays, notamment en voie de développement, il ressort que la sous consommation des crédits budgétaires n’est pas spécifique au Niger.
Il est vrai que le taux d’exécution de notre budget n’est pas satisfaisant, particulièrement pour les dépenses financées sur les ressources extérieures. Les facteurs explicatifs, sur le plan global, sont très nombreux. Ils sont identifiés de la phase de préparation du budget au paiement des dépenses. Ils résultent, pour certains, de la complexité et de la lourdeur de la réglementation financière nigérienne et, pour d’autres, des procédures de nos partenaires extérieurs.
A ces facteurs, se greffe l’insuffisance de la maîtrise, par nos administrations, particulièrement, des procédures de passation des marchés publics et de décaissement des ressources extérieures.
Vous savez que la qualité d’exécution, c’est-à-dire le respect des règles et procédures dans la réalisation des activités, est tout aussi importante que les réalisations financières. Elle fait même partie intégrante du résultat.
Pour cette raison, les mesures correctives s’inscrivent dans deux logiques: d’un côté la recherche de performance, ce qui implique souvent une réduction des délais nécessaires à l’accomplissement des procédures de la dépense et de l’autre, l’application stricte de ces procédures exige de la prudence, de la vigilance, toutes choses qui tendent à ralentir le rythme, allonger les délais, surtout dans les cas de relance de procédures.
La résolution de cette équation passe, dans tous les cas, par l’amélioration des compétences des acteurs. C’est pourquoi, en plus des modifications des procédures et des négociations avec les bailleurs de fonds pour éliminer tous les contrôles redondants ou qui sont sans impacts significatifs sur la transparence des opérations et la qualité de la dépense, le gouvernement a décidé en particulier d’ériger la division des marchés publics de chaque ministère en direction nationale, mais aussi de créer une section « Marchés Publics » au sein de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), destinée à la formation des agents des structures du dispositif des marchés publics.
Excellence Monsieur le Premier ministre, où en est-on avec la remise des agents de l’Etat au travail et la dépolitisation de l’administration ?
Un Etat doit se reposer sur une administration efficace et performante pour gagner le pari du développement économique et social. La responsabilité de l’Etat est de mettre ses fonctionnaires et agents dans des conditions de travail adéquates. En retour, il attend d’eux qu’ils répondent à toutes les exigences du statut général de la Fonction publique et de la législation du travail. Ces exigences ont pour noms : la ponctualité, l’esprit du service public, l’impartialité, la neutralité dans le traitement des dossiers, l’obligation de résultats.
Il y a aussi des dispositions institutionnelles qui sont prises pour assurer un contrôle systématique permanent de la présence des agents à leur poste de travail. C’est dans ce cadre que l’Inspection générale de la gouvernance administrative (IGGA) est créée et que les Inspections générales des services (IGS) sont réorganisées et rendues plus opérationnelles. Et chaque mois, les IGS font le point de la situation de la remise des agents au travail à l’IGGA qui m’en rend compte à travers le SGG.
Je dois indiquer que le gouvernement a consenti d’énormes efforts financiers pour mettre les agents de l’Etat dans les conditions de travail. Au titre de l’année 2011, 8 milliards de FCFA ont été consacrés à la révision de la grille indiciaire des fonctionnaires et à la revalorisation de 10% du salaire de base des agents auxiliaires. Au titre de l’année 2012, la revalorisation de la rémunération des fonctionnaires, auxiliaires et contractuels de l’Etat s’élève à hauteur de 17, 043 milliards. D’autres revendications ont été satisfaites au titre desquelles le paiement des arriérés des enseignants contractuels de 10%, l’harmonisation des primes, indemnités et autres avantages alloués à certains responsables et agents de l’Etat avec une incidence financière de 15,069 milliards de FCFA, les recrutements de ressources humaines dans tous les secteurs…
La dépolitisation de l’administration renvoie aussi à sa professionnalisation. Le gouvernement tient au respect de la loi N°2011-21 du 11 août 2011 portant classification des emplois civils et militaires, et veille à l’adéquation du profil des récipiendaires avec les emplois. C’est un processus qui interroge nos pratiques politiques et administratives qui datent de longtemps. Il faudra nécessairement y faire face progressivement dans l’intérêt général de tous.
Excellence Monsieur le Premier ministre, comment comptez-vous faire face à toutes grognes sociales en cours ?
Je ne sais pas de quelle grogne sociale vous parlez. Ce qui est sûr, tout le monde peut l’observer, le climat social est globalement serein. Le gouvernement, vous le savez, - le Président de la République y tient beaucoup- s’est inscrit dans une dynamique de dialogue social permanent. Le dernier acte c’est, vous vous rappelez, le protocole d’accord que le gouvernement a signé avec le CPRASE, qui est un collectif de syndicats du secteur de l’éducation. Les acteurs sociaux et le gouvernement sont conscients que la surenchère ne conduit qu’à l’impasse. Je peux vous le dire, tous sont animés du souci de préserver en tout temps les intérêts supérieurs de la Nation.
Excellence Monsieur le Premier ministre, en tant que Président du CNDP, quelles sont les actions que vous comptez entreprendre pour ramener la sérénité au sein de cette institution après la suspension de la participation de l’opposition à ses travaux ?
Le CNDP est un cadre permanent de prévention, de règlement et de gestion des conflits politiques à travers le dialogue et la concertation entre les différentes tendances de la classe politique nigérienne. Le CNDP a vocation à promouvoir le consensus autour des questions d’intérêt national et des principes démocratiques et républicains.
Sur la promotion du dialogue politique, le Président de la République est resté constant. C’est pourquoi, il ne ménage aucun effort pour créer les conditions de dialogue entre la classe politique et le gouvernement. Le dialogue politique est l’une des conditions de promotion de la démocratie.
Les préoccupations exprimées par l’opposition et qui sont à l’origine de la suspension toute récente de sa participation aux travaux du CNDP sont prises en charge. J’espère que nous aboutirons à un consensus dynamique conforme aux intérêts de notre pays.
Excellence Monsieur le Premier ministre, notre pays a encore été classé au dernier rang des Nations sur l’indice du développement humain. Votre réaction ?
Sur la période 2000-2012, l’IDH du Niger est marqué par une évolution à la hausse avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 2,20%, soit le troisième bond le plus élevé comparé à ceux des dix pays à plus faible niveau de développement humain en 2012. Ce taux de progression est d’ailleurs supérieur à la moyenne de l’ensemble des pays à plus faible IDH (1,62%) et à celle des pays de l’Afrique Subsaharienne (1,34%).
Il n’y a pas de polémique à faire à ce sujet, ce d’autant plus que nous sommes concentrés sur des objectifs que nous nous sommes fixés pour un mieux-être des populations nigériennes. Le Programme de Renaissance fait ses preuves. En tant que journalistes, vous étiez récemment sur le terrain et vous vous êtes rendus compte des progrès significatifs que le Niger enregistre sur l’ensemble des indicateurs.