Le machin est désormais tout trouvé et bien huilé, le président de l’Assemblée nationale est en passe de transformer la procédure d’interpellation des membres du gouvernement devant le parlement en un véritable tribunal inquisitoire.
Les interpellions écrites, les questions orales et les questions d’actualité, constituent des instruments de contrôle de l’action gouvernementale par l’Assemblée nationale, qui dans certaines circonstances, pouvaient donner lieu à des recommandations votées à la majorité des députés ou à des commissions d’enquêtes parlementaires. Méconnaissance du règlement intérieur relatif à ces différentes procédures ou plutôt acte délibéré, le président de l’assemblée nationale semble prendre un peu de plaisir à tourmenter certains membres du gouvernement. On a l’impression d’un maître d’école sévère face à ses élèves.
Les journées du samedi consacrées aux interpellations sont devenues un véritable calvaire pour les ministres mauvais élèves de l’ancien premier ministre qui veut visiblement montrer qu’ils ne maîtrisent rien de la chose du gouvernement. Le samedi 30 Mars dernier, c’est la ministre de l’éducation nationale Mariama Ali qui est passée par les griffes de Hama Amadou, et à coup sûr elle n’est pas près d’oublier cette terrible journée. Toute en sueur, tourmentée, elle devait répondre à toutes les questions qui passaient à la tête de Hama.
Elle devait lui donner le chiffre exact de toutes les classes construites au Niger depuis l’indépendance jusqu’au jour où elle passait devant l’assemblée, et année par année. Il y a aussi cette manière pour le président de l’Assemblée de réagir par un « ces données sont fausses » ou « c’est pas vrai », catégorique. On se rappelle de l’humiliation essuyée par le ministre de l’Urbanisme, Abdoulkarim Moussa Bako, lors d’une précédente interpellation. Qu’est ce qui pouvait expliquer ce comportement difficile à saisir de Hama Amadou ? Peut-être un besoin profond, impérieux de se mettre en valeur, de prouver que les autres ne savent rien. C’est cela le procédé par le dénigrement.
C’est une astuce à laquelle Hama Amadou a assez souvent recouru pour « briser » certains cadres supérieurs. On se rappelle encore les descentes de l’ancien premier ministre avec ses lettres de missions et le spectacle des ministres rabroués et humiliés en direct sur les écrans de la télévision nationale.