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Hervé Berville (LREM): «La relation Europe-Afrique est fondamentale»

Publié le mercredi 29 aout 2018  |  RFI
Hervé
© aNiamey.com par DR
Hervé Berville, député La République en marche (LREM)
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La Conférence des ambassadeurs et ambassadrices accueille durant cinq jours à Paris les représentants de la France à l'étranger. L'événement s'est ouvert le lundi 28 août sur le traditionnel discours du chef de l'Etat. Emmanuel Macron a présenté les grandes orientations de sa diplomatie. Il a notamment réaffirmé sa volonté de « moderniser » l'aide au développement française. Une aide dont l'Afrique est le premier continent bénéficiaire. A cette occasion, le député LREM Hervé Berville a présenté à Emmanuel Macron un ensemble de propositions allant dans ce sens.

RFI : L’Afrique est le premier continent bénéficiaire de l’aide au développement française, en particulier l’Afrique subsaharienne. Quelle a été son efficacité jusqu’à aujourd’hui ?

Hervé Berville : Il y a eu beaucoup de projets, beaucoup de programmes qui ont fait preuve de leur efficacité. Mais c’est comme toutes les politiques, à un moment donné, il faut être en capacité de se remettre en cause, de se poser les questions : est-ce que la politique que l’on mène est adaptée aux mutations, aux transformations et aux réalités contemporaines ? C’était le sens de ma mission : comment faire en sorte de mobiliser nos concitoyens dans cette politique et comment faire en sorte que l’action que l’on mène soit au plus près du terrain et surtout correspondent aux mutations que l’on voit à l’œuvre sur le continent africain et dans des pays qui ont des trajectoires de croissances très hétérogènes et qui ont des réalités très différentes et très complexes.

Dans votre rapport, vous constatez de nouvelles dynamiques et de nouveaux besoins, en particulier sur le continent africain. Quels sont-ils ?

Il est très difficile de généraliser puisqu’entre un pays comme le Mozambique, le Kenya ou encore le Benin, il y a vraiment des réalités totalement différentes, mais il y a quelques grandes lignes de force. Une des premières, c’est que c’est un continent très jeune. On va avoir quasiment plus de 400 millions de jeunes qui vont rentrer sur le marché du travail et il faudra être en mesure de répondre à ces enjeux, à ces défis en termes d’infrastructures, d’emplois, de dynamisme du secteur privé. Une des caractéristiques de l’économie africaine, même si c’est compliqué de généraliser, c’est vraiment cette prééminence et ce poids du secteur privé, c’est ça qu’il faut qu’on soit en mesure d’accompagner, stimuler, parce que c’est là que se feront les emplois, et c’est là qu’on pourra être en capacité de trouver des solutions durables aux problématiques d’un certain nombre de pays.

Dans votre rapport, vous formulez douze propositions clés, notamment de préparer un pacte fondateur pour une relation Europe-Afrique du 21e siècle. Qu’est-ce que cela signifie et pourquoi est-il nécessaire de donner un nouvel élan à la relation entre les deux continents en matière d’aide au développement ?

Parce qu’on voit bien qu’un certain nombre de sujets qui cristallisent les opinions européennes sont liés à ce qui se passe au sud de la Méditerranée, les questions migratoires, les questions de changements climatiques, parfois les questions sanitaires. L’idée est de dire qu'au 21e siècle, on ne peut pas envisager la relation avec l’Afrique simplement à la question migratoire ou de sécurité. Il faut vraiment que l’on arrive à faire un pacte qui correspond aux nouvelles réalités, avec une population très jeune en Afrique qui va arriver, avec une intégration commerciale régionale africaine qui s’accélère, qui s’accentue, avec une ouverture de ces économies là aussi à d’autres partenaires comme la Chine, comme l’Inde. Et donc être en capacité de se dire :qu’est-ce que nous voulons pour nos jeunesses, pour nos citoyens dans une relation qui est fondamentale ? On met sur la table les questions commerciales, on met les questions politiques bien évidemment, on met les questions environnementales, on met les questions migratoires, et donc on fait tout ça, et on a, du coup, un cadre global de discussions et on arrête de cloisonner et de découper cette relation. C’est ça qui nous permettra de répondre efficacement et durablement à un certain nombre de défis que l’on a en commun. Parce qu’on peut se cacher derrière son petit doigt, cette relation est fondamentale et détermine aussi l’avenir du continent européen.

Vous proposez également la nomination d’un commissaire Europe-Afrique. Quel sera son rôle ?

Le rôle c’est d’incarner cette relation. Puis aussi, de préparer ce pacte-là, si c’est une idée qui est retenue, et ensuite de faire vivre cette relation. C’est simplement dire, parce que c’est une relation qui est importante, et bien, il faut que quelqu’un l’incarne, et il faut que quelqu’un soit en capacité de la suivre quotidiennement, et toujours la mettre au débat européen et au débat des différentes instances européennes.

Est-ce que des discussions avec des diplomates européens sont en cours sur ce sujet ou est-ce une initiative que la France va présenter prochainement aux autres pays d’Europe ?

C’est une proposition que j’ai fait dans le cadre de mon rapport et notamment après avoir été à Bruxelles. Il appartiendra au président de la République, au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de la reprendre ou pas. Et ensuite, on verra quelle sera la modalité d’exécution. En tout cas, ce qui est important à retenir derrière ça, c’est que l’échelon européen est fondamental pour répondre au défi commun et apporter des solutions collectives pertinentes et durables.

Au mois de juin, un autre rapport a été fait sur l’aide au développement par deux députés, Bérengère Poletti et Rodrigue Kokouendo. Pourquoi est-ce qu’un autre rapport, le vôtre, a-t-il été commandé ?

L’autre rapport, qui est un excellent rapport, a été fait dans le cadre de la Commission des Affaires étrangères, à laquelle j’appartiens, et qui définit chaque année un certain nombre de thématiques. Eux, ça portait moins sur la question de la mobilisation citoyenne et de la mobilisation du secteur privé que sur des questions enjeux démographiques et les questions de mise en œuvre de la politique de développement. Donc c’est complémentaire, ce n’était pas les mêmes destinataires et les sujets qui étaient visés n’étaient pas exactement les mêmes. Mais, j’ai envie de dire, cette politique, on a besoin que tout le monde s’en empare, on a besoin que nos concitoyens, que les décideurs publics, la discute, la débatte et surtout se disent comment mieux l’appliquer. Donc avoir deux, trois, quatre rapports sur le sujet mais avec des angles un peu différents, moi, je trouve que c’est toujours une bonne chose. Et il faudra probablement d’autres rapports encore, sur d’autres angles de la politique que l’on n’aura pas forcément abordés ici parce qu’il faut que ce soit un vrai objet de débat politique et public en France.
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