Considérés comme les ‘’banques des pauvres’’, les établissements financiers et les systèmes financiers décentralisés (SFD) brassent des milliards par an au Niger où le taux de bancarisation n’est que de 6,3%, le plus faible des 8 pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine UEMOA, apprend des sources concordantes à Niamey.
Rien que deux de ces établissements qui ont pignon sur rue au Niger transfèrent annuellement plus de 300 milliards de FCFA, s’adjugeant la palme devant les banques commerciales, selon le site d’information ‘’Confidentiel Afrique’’ relayée par l’agence UA Niger 2019.
Les services de transfert d’argent touchent le plus grand nombre de personnes que les services bancaires ordinaires. En plus, ils offrent l’emploi à des milliers d’agents avec des tentacules vers les marchés de la sous-région, confirme M. Aboubacar Iro, Chef de la Division des Activités Monétaires et Bancaires à la Direction de la Monnaie, du Crédit et de l’Epargne (DMCE) au Ministère des Finances.
Ces établissements financiers contribuent significativement au développement économique du pays en plus des emplois crées, une fois normalisées ces sociétés pourraient permettre à la bancarisation des salaires des fonctionnaires dans les zones où les prestations des banque ordinaires sont inexistantes’’, s’avance-t-il.
Le Ministère des finances a décidé à mettre en demeure toutes les sociétés exerçants illégalement cette activité de transfert d’argent dans un souci d’assainir le secteur, ajoute-t-il.
Au Niger, le transfert d’argent est une activité assurée par les établissements de crédit (Banque et établissements financiers), les systèmes financiers décentralisés (SFD) et les services financiers de la Poste, stipulent les textes en la matière.
Il s’agit en particulier de la loi du 3 juillet 2008 portant réglementation bancaire, celle du 05 novembre 2014 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés et ses textes modificatifs et l’instruction de 2010 relative aux opérations et à la forme juridique des établissements financier à caractère bancaire, rappelle-t-on.
Au plan institutionnel, l’Autorité de tutelle technique et financière est exercée par le Ministère des finances à travers la Direction de la Monnaie, du crédit et de l’Epargne (DMCE).Le contrôle et la supervision des acteurs sont assurés par la Commission Bancaire de l’UEMOA, la BCEAO et le Ministère des finances dans le cadre de leurs attributions respectives en la matière.
Jusqu’en 2010, le service de transfert d’argent par mandat n’était assuré que par l’Office National de la Poste et de l’Epargne (ONPE) mais les difficultés financières de ce dernier et déficit ainsi né avaient ouvert la voie à certaines sociétés à s’engager dans l’activité de transfert d’argent, et ce en violation de la réglementation en vigueur, juge le responsable du Ministère des finances.
Des sociétés de transports voyageurs, des entreprises formelles soumises à la patente, à l’impôt et à la taxe immobilière se sont engouffrés dans la brèche, explique-t-il.
Face à cette situation, « les autorités monétaires, conscientes du défi que pose cette nouvelle activité exercée par d’autres types d’acteurs non financiers, ont décidé de compléter le dispositif juridique existant à travers la mise en place d’une nouvelle réglementation devant régir désormais cette activité.
Il s’agit de l’instruction de 2015 relative aux modalités d’exercice de l’activité de transfert rapide d’argent en qualité de sous –agent au sein de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UEMOA),entrée en vigueur le 15 novembre 2015.
L’adoption de ces dispositifs a conduit certaine société à suivre la voie formelle d’obtention d’agrément auprès des Autorités monétaires, Il s’agit notamment de BNIF AFUWA, AL IZZA transfert d’argent et NITA transfert d’argent.
‘’Toutes fois, ces structures ont été agréées en tant qu’établissement financier de paiement, conformément aux dispositions de l’article 3 de l’Instruction de 2010 relative au classement, aux opérations et à la forme juridique des établissements financiers à caractère bancaire. Par conséquent, ils ne peuvent offrir que les services de paiement (encaissement, versement, retrait, virement, paiement, prélèvements)’’, a-t-il précisé.
‘’L’activité de transfert d’argent est conditionnée par une autorisation préalable délivrée par le ministère des finances ou un mandat donnée par une banque de la place. Tout contrevenant à cette disposition réglementaire est passible aussi bien des sanctions pécuniaires que pénales’’, prévient-on au Ministère des Finances.
Devant l’Agence BNIF Afuwa Talladjé Abdoulaye cheffou, tailleur confie à l’ANP l’objet de sa venue dans les locaux de l’agence « je suis venu récupérer une somme envoyé par une de mes clientes de Maradi ».
Quant à Mahamadou Issa commerçant, il affirme être venu envoyer l’argent pour son fournisseur qui au retour lui envoie les articles ainsi commandés.
Tous les deux affichent un sentiment de satisfaction du point de vue de rapidité et de sécurité.
Le taux de bancarisation est autour de 6,3% au Niger qui compte 12 Banques et un(1) établissement financier, totalisant quelque1658 employés.