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Allocution d’ouverture du Président de l’Assemblée Nationale à l’ouverture de la 3ème conférence africaine sur la migration : «Je souhaite que tous les parlements africains ratifient le futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régu

Publié le mercredi 5 septembre 2018  |  Onep
SE
© Autre presse par DR
SE Ouseini Tinni, le président de l`Assemblée Nationale
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« Honorables Sénateurs et Députés ;
Distingués invités, Mesdames et Messieurs ;
Je voudrais, au nom de la Représentation nationale du Niger, dire à l'ensemble de nos hôtes la joie que nous avons à les accueillir à Niamey pour cette troisième conférence sur la migration qui se tient après celles de Rabat et de
Djibouti. Qu'il me soit également permis de remercier très chaleureusement l'Union Parlementaire Africaine, l'Union Interparlementaire et l'Organisation Internationale pour les Migrations pour l'honneur qu'ils font à notre pays et à son Parlement d'organiser à Niamey cette importante conférence.
Pour notre part, nous voulons croire qu'il ne s'agit pas d'un choix fortuit en raison de la brulante actualité au Niger de son thème principal. C'est pourquoi nous avons accédé à la demande de l'UPA avec fierté et empressement. En effet, pour notre pays où naguère les mouvements migratoires étaient saisonniers, la migration est devenue une problématique centrale parmi les questions nationales majeures.
Comme vous le savez, le Niger est récemment devenu un véritable carrefour de départ de jeunes africains vers des horizons jadis inhabituels comme l'Europe. D'aucuns ont même parlé de notre pays en termes de nœud migratoire, principalement en raison de sa position géographique. Pays charnière entre le Maghreb et l'Afrique noire, il est devenu, ces dix dernières années, une terre de transit en direction de l'Algérie et de la Libye, étapes ultimes vers l'Europe. Il s'agit pour lui d'un défi de type nouveau qu'il doit relever dans un contexte économique et sécuritaire découlant de facteurs exogènes qui lui imposent rigueur et vigilance.
Monsieur le Président, ce défi est d'autant plus grand que la migration a changé de nature : longtemps pratiquée comme mode de résilience entre deux saisons, elle devient progressivement un objectif de vie pour une jeunesse de plus en plus nombreuse qui ne recule devant aucun danger pour rejoindre ce pays de cocagne qui hante ses rêves. Dès lors, c'est une préoccupation de premier plan pour les pouvoirs publics qui doivent agir pour éviter que la jeunesse ne devienne la proie de réseaux maffieux de passeurs et autres trafiquants d'êtres humains.
Monsieur le Président, distingués participants, malheureusement, malgré toutes les précautions que prennent nos pays, les organisations maffieuses marquent des points et le trafic d'êtres humains continuent et se développent comme au cours de ces temps tragiques que tous les africains ne demandent qu'à oublier !Cette malheureuse situation rend toute sa pertinence au thème de cette troisième conférence, ''promouvoir une migration sûre, ordonnée et régulière : quel rôle pour le Parlement y compris dans la mise en œuvre du pacte mondial y relatif''. Il me semble que cela revient à définir les voies et moyens permettant d'éviter que la migration ne devienne un spectre qui effraie migrants et populations des pays de transit et d'accueil.
Monsieur le Président, nous le savons tous, au-delà de son aspect sociologique, la migration est un facteur économique majeur comme en témoigne les statistiques de l'Organisation Internationale pour les Migrations qui nous rappellent qu'en 2016, sur une population mondiale de 7 milliards d'habitants, il y avait un milliard de migrants. Il va sans dire que ces chiffres sont aujourd'hui dépassés en raison notamment de certains facteurs démographiques et des crises multiformes que connaissent les principales régions de départ de migrants avec notamment, la persistance du terrorisme, les conflits frontaliers, les mauvaises récoltes ...
En définitive, Monsieur le Président, la migration vue dans son aspect global est un phénomène humain des plus ordinaires ; elle a toujours existé et elle continuera à exister parce qu'elle est utile voire indispensable à l'économie, à la culture, à la régulation de la paix internationale. Pourvu que l'on en maîtrise tous les paramètres.

Il faudrait notamment que par l'intervention des pouvoirs publics, des acteurs non étatiques, l'on arrive à créer des conditions de sûreté qui en éviterait les dérives que les actualités nous rappellent bien trop souvent. Ces dérives sont si importantes que l'on vient à croire que migration est toujours synonyme d'opérations clandestines, de louches trafics, d'invasions de hordes barbares...
A mon sens, il faut combattre ces dérives en mutualisant les moyens de lutte à l'échelle de la communauté internationale. Par-dessus tout, il faut lutter contre cet aspect clandestin de la migration qui condamne à la mort dans le désert ou en mer de milliers de jeunes gens, en enrichissant des trafiquants sans foi ni loi.
Je pense qu'une des solutions consistera à renforcer la législation pénale pour criminaliser le trafic de migrants. Il me semble que c'est à ce premier niveau qu'intervient le Parlement, dans le cadre de la première de ses missions, la mission législative. Il faut en effet, plus que jamais, encadrer le fait migratoire afin que l'impact attendu sur les économies de départ et d'arrivée soit des plus significatifs.
En matière de contrôle de l'action du pouvoir exécutif, le parlement devra s'assurer que le Gouvernement dispose d'une politique migratoire efficace parce que reposant sur une règlementation des plus complètes et transparentes.
Dans le cadre de sa mission de représentation il reviendra au député d'entreprendre des actions de proximité auprès de la jeunesse afin de persuader les candidats à la migration clandestine qu'il s'agit d'un dangereux mirage.
Au niveau international, le Parlement, dans le cadre de la diplomatie parlementaire, devra encourager la mutualisation des efforts des pays concernés pour notamment organiser des contrôles vigilants au niveau des frontières les plus exposées comme celles des pays riverains du Sahara. Il me semble que nos pays devront également organiser une traque transnationale vigilante des réseaux de passeurs en surveillant particulièrement les ports d'embarquement et les lieux clandestins d'hébergement des candidats à la migration.
Bien évidemment, il sera nécessaire de mobiliser des ressources financières, à la hauteur de l'enjeu. Il faudra ainsi financer des projets et programmes de développement économique et social susceptibles de maintenir les jeunes dans leurs terroirs d'origine.
Au Niger, les autorités, en premier lieu le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou, sont en train de s'investir pleinement pour réunir ces différents moyens. Le Président de la République est ainsi en passe de devenir le champion de la lutte contre l'immigration clandestine. Récemment, il devait justifier sa motivation à travers les propos suivants : « La première raison est morale parce que le dirigeant africain que je suis, trouve insupportable que des milliers d'Africains viennent mourir dans le désert et en Méditerranée. Mais aussi le Niger est fortement engagé pour des raisons sécuritaires, parce que les passeurs qui amènent les migrants en Libye reviennent au Niger avec des armes, cela nous pose donc un problème de sécurité».
Monsieur le Président, distingués participants, tout le thème de votre débat se résume dans ces propos : il faut promouvoir une migration sûre ordonnée et régulière ; c'est un impératif d'avenir pour notre jeunesse, c'est un enjeu économique d'importance, c'est surtout une problématique transversale où diplomatie et coopération judiciaire s'entremêlent pour éliminer les trafics illicites en tous genres. Dans cette occurrence, le député et le Parlement se doivent d'être aux avant-postes et jouer de leurs prérogatives et de leur leadership pour agir en complément des efforts des gouvernements, au niveau national comme dans un cadre multilatéral.
Monsieur le Président, au-delà des députés et des Parlements, l'Afrique tout entière doit se mobiliser pour créer les conditions d'une migration utile, une migration humaine. Il est en effet, grand temps qu'il soit mis fin à ces spectacles dégradants où nos enfants, notre avenir, sont exposés devant les caméras du monde entier, errant de port en port méprisés et violentés ! Il est grand temps que cesse ce cauchemar de cadavres anonymes rejetés par la mer, au gré des vagues, sur des plages désolées des littoraux méditerranéens. Nous sommes tous interpellés, autorités comme citoyens.
A cet égard, je souhaite que tous les parlements africains ratifient le futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières que les Nations-Unies viennent de finaliser et qui sera très bientôt soumis à l'adoption de tous les pays.
Pour ma part, j'estime que ce pacte sera l'outil qui nous aidera à mieux organiser la gouvernance du phénomène migratoire à l'échelle mondiale, pour mieux accompagner la circulation des biens et des capitaux.
Monsieur le Président, je ne vais pas garder plus longtemps la parole de peur d'anticiper sur vos débats que je souhaite des plus francs, des plus riches et surtout des plus concrets afin que l'on se dise que la rencontre de Niamey a été une réussite. Avec ce souhait et en renouvelant à nos hôtes la plus cordiale des bienvenues à Niamey, je déclare ouverte la 3ème conférence africaine sur la migration.
Je vous remercie. »
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