Avec la défection de la MRN du parti Moden Lumana de Hama Amadou et la création d'un front anti gouvernemental dénommé ARDR, le Nigérien, au lendemain de la fête de Tabaski qui a quelque peu détourné son attention, aimerait bien savoir où nous en sommes exactement avec ces turbulences politiques, et à quelle sauce il sera mangé.
Il est évident qu'avec un Président de l’Assemblée Nationale, numéro 2 de l’Etat, affiché à l'opposition, rien de vraiment constructif pour le pays ne peut être attendu, malgré les dénégations clamées par les principaux acteurs. Le besoin de clarification habite tous les Nigériens, soucieux de l'avenir de leur pays. Et cependant, les observateurs notent que personne ne veut ouvrir les hostilités, en premier, pour ne pas être taxé d'antipatriotisme. Parce que s'il y a dérapage, c'est celui qui le premier les déclenchera qui sera indexé. Et alors, « malheur à celui par lequel le scandale arrive ! »
Au plan économique
Peut-être est-ce là la question qui taraude le plus l'esprit du chef de l’exécutif, S.E.M. lssoufou Mahamadou. Parce qu'il joue gros sur sa lancée de revoir les conventions minières du pays face aux partenaires extérieurs.
Le moindre faux pas peut être sanctionné sur le champ, sans rémission. C’est de lui-même que le Magistrat suprême a ouvert ce front il cherche à se débarrasser aujourd’hui, en le refilant au Premier Ministre, Brigi Rafini. Ca ne fonctionne pas. Luc Oursel, le patron du directoire du groupe Areva (Somair, Cominak, lmouraren) est venu la semaine dernière à Niamey pour une visite éclair de deux (2) heures. Son seul interlocuteur, en présence de M. Omar Hamidou Tchiana, Ministre des Mines, fut le Président de la République. Rien n'a filtré de cette audience. Mais le simple fait d'obliger Areva à venir promptement défendre ses intérêts n'est pas en soi, un signe de confiance inébranlable. Toujours est-il qu'il y a une ligne rouge que le magistrat suprême nigérien, compte tenu de ses antécédents, ne peut se permettre de franchir.
Au plan politique
Ici, deux fronts brûlants, attendent le chef de l’Etat. Le premier, qui, selon nos sources, ouvert par lui-même, consistera à poser la question de confiance sur le vote d'un texte, comme le lui permet l'article 107, alinéa 3 de la Constitution. Une telle démarche a l'avantage de se rassurer tout de suite sur ses propres forces.
Certes. Mais l'article 108, alinéa 1, précise que si la confiance n'est pas accordée à 57 voix sur 113, le Premier Ministre doit démissionner. S'il est improbable que I’ARDR approuve le Gouvernement en place, il est tout aussi improbable qu'elle veuille ouvrir les hostilités sans avoir peaufiné sa stratégie de reconquête du pourvoir.
Il est envisageable que l’opposition s’abstienne pour le moment pour ne pas paraitre comme une force de blocage des institutions, surtout si le vote porte sur un texte très manifestement d’intérêt supérieur de la nation.
L'ARDR est en train d'affiner ses tactiques, parmi lesquels la formation de nouveaux groupes parlementaires, par ses soins. ll se susurre, en effet, que des députés MNSD-Nassara et MODEN Lumana, seraient volontaires pour démissionner de leurs partis respectifs, afin de venir compléter d'autres partis moyens, leur permettant ainsi d'atteindre le nombre suffisant (8 députés) pour former un groupe parlementaire.
Par exemple, un renfort de deux (2) députés permettrait à l'UDR-TABBAT d'avoir son propre groupe à l'Assemblée Nationale.
Pour quels avantages ? lls sont multiples et comprennent notamment le temps de parole accordé à chaque groupe, le poids de chaque groupe dans le bureau de l'Assemblée Nationale qui doit refléter la configuration politique de l'hémicycle et aussi le fait d'être la seule habilitée à permettre ou pas, l'arrestation des Représentants du peuple en matière correctionnelle ou criminelle durant une session. Sans parler de l'effet nombre sur l'opinion nationale et internationale.
Pour couper l'herbe sous les pieds des opposants, le pouvoir va s'empresser de leur donner un autre os à rogner, à savoir, la question de confiance, apte à chambouler la dynamique en cours.
A très brèves échéances, les lignes vont immanquablement bouger. C’est le souhait le plus ardent de tous les Nigériens, que l’ont soit du coté du camp présidentiel ou du coté de la nouvelle force dénommée ARDR.