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Loi des finances 2018 : Le bras de fer continue

Publié le mardi 11 septembre 2018  |  Agence Nigerienne de Presse
NIAMEY
© Autre presse par DR
NIAMEY : La manifestation pacifique de la société civile vire à l’émeute
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Plusieurs centaines de personnes ont battu le pavé, hier matin à Niamey à l’appel du cadre de concertation des organisations de la société civile. Cette manifestation dite journée d’action citoyenne (JAC), intervient après la sortie de prison des leaders et la première qui se tient dans plusieurs villes du pays.

Neuf (9) heures à la place Toumo de Niamey, lieu de rendez-vous et départ de la marche. Les organisateurs s’activent à régler les derniers détails. Les manifestants eux, arrivent peu à peu et constituent des petits groupes visibles de toutes parts. Les discussions vont bon train. On échange des civilités par ci, des nouvelles liées à la manifestation par là mais aussi les derniers faits d’actualité. Toutes les discussions ont un trait commun : les impacts de la loi des finances sur le quotidien. Et ce sont ces impacts qui les poussent à sortir.

Le départ fut donné par les meneurs de la marche, en première ligne. Dans la file, des manifestants scandant des slogans hostiles à la loi contestée et au pouvoir en place à Niamey. A l’aide, des pancartes et autres banderoles, parfois de circonstances, chacun dénonçait à sa façon « les méfaits » des mesures budgétaires de cette année. « Nous voilà débout, mobilisés et déterminés à exprimer de vive voix notre indignation et notre désapprobation de l’attitude et du comportement du Gouvernement et de la Représentation nationale, qui ont choisi lamentablement de se mettre en porte à faux avec les aspirations du peuple en élaborant et en adoptant une loi scélérate et antisociale des finances 2018, qui confèrent des cadeaux fiscaux illégitimes aux plus nantis et consacre l’iniquité fiscale vis-à-vis des moins nantis en même temps qu’elle maintient en hausse le train de vie de l’Etat et les dépenses de prestige au détriment des services sociaux de base », avait lancé un orateur.

Le long du trajet qui l’a conduit à la place de la concertation (face au parlement), le cortège n’a cessé de s’agrandir ou s’effriter au gré des humeurs des manifestants. Arrivé à destination, une déclaration a été faite lors du meeting subséquent à la marche. Dans cette dernière les organisateurs ont décrié « la rupture d’égalité entre les citoyens » car le budget 2018 consacre « des mesures impopulaires et antisociales » malgré le contexte extrêmement difficile dans lequel végètent les populations nigériennes. Ce contexte caractérisé par « une guerre asymétrique à l’ouest et à l’est du pays, une insécurité alimentaire rampante, un chômage endémique des jeunes, une crise chronique des systèmes éducatif et sanitaire, un renchérissement vertigineux du coût de la vie et une dégradation continue du niveau de vie de la majorité écrasante du peuple » n’est pas propice à des initiatives de loi qui « instituerait des avantages indus, abusifs et égoïstes aux multinationales et aux princes, qui nous gouvernent ».

C’est donc face à ce qu’il qualifie de « dérive » que le collectif interpelle le peuple tout entier à dire « non à la loi des finances 2018, non au pillage systématique, non à la mauvaise répartition des ressources nationales, non à la gabegie et train de vie abusif de l’Etat, non à l’abus de pouvoir, non au gangstérisme juridique, à la manipulation et à la violation des textes fondamentaux ». Pour le collectif, « plus personne ne doute de la nécessité de se battre contre vents et marrées pour asseoir les bases d’une véritable gouvernance démocratique aux services du peuple », mieux il s’agirait même « d’un impératif de survie» pour le cadre démocratique. Les choix politiques « antisociaux et inopportuns » seraient aujourd’hui la cause de la « misère ambiante ». Une allusion à peine voilée à la hausse des prix de plusieurs produits et services sous le prétexte des nouvelles mesures de la loi de finances 2018. Il s’agissait de dire non à la loi de finances et la mauvaise gouvernance; à la corruption au plus haut sommet de l'État; au détournement des deniers publics; aux arrestations extrajudiciaire; au licenciement des jeunes hostiles; à la justice sélective; à l'abandon de l'école publique ; à la création des postes inutiles et budgétivores pour ne citer que ces points.

C’est pourquoi le collectif appelle au « Président de la République et au Gouvernement de prendre des mesures additionnelles d’urgence exigées par les circonstances ». Il demande également aux citoyens « s’invertir davantage dans le cadre des Journées d’Actions Citoyennes (JAC) et de prier, chacun du mieux qu’il peut, pour implorer Dieu le Tout Puissant, afin qu’Il nous assiste de Sa Miséricorde pour amener nos gouvernants à écouter le cri des cœurs meurtris de tous les nigériens mobilisés pour dire non à la loi des finances 2018 ».

C’était une promesse du cadre de concertation des organisations de la société civile, il l’a tenue. Organiser une journée d’action citoyenne dans toutes les principales villes du pays. Mieux la ville de Diffa, assujettie à l’état d’urgence depuis quatre (4) ans a vu pour la première fois une manifestation publique se tenir dans ses rues. Les manifestants ont remis un mémorandum au secrétaire général de la région contenant l’ensemble de leurs doléances.

Par Mourtala Issa
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