Un homme sur cinq et une femme sur six dans le monde développeront un cancer au cours de leur vie, et un homme sur huit et une femme sur onze en mourront, selon les estimations publiées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence travaillant pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui font l’objet d’un article paru jeudi dans « A Cancer Journal for Clinicians », édité par l’American Cancer Society.
Les chercheurs du CIRC et de l’American Cancer Society ont analysé les chiffres pour 35 types de cancers provenant de 185 pays, révélé par Globocan, la base de données accessible au public. Les estimations avancées pour 2018, ce que les spécialistes appellent la « charge mondiale du cancer », sont de 18,1 millions de nouveaux cas découverts et 9,6 millions de décès dus à cette maladie.
Le CIRC évoque une « augmentation rapide » de cette charge, mais les comparaisons avec la précédente étude alimentée par les données de Globocan, réalisée en 2012, sont rendues très difficiles par un changement de méthodologie. Certains cancers voient leur incidence diminuer, tel le cancer du poumon chez les hommes en Europe du Nord et en Amérique du Nord, ou le cancer du col utérin partout, sauf en Afrique subsaharienne. Toutefois, la plupart des pays connaissent une hausse en valeur absolue du nombre de cas diagnostiqués et à traiter.
Les raisons avancées par le CIRC sont entre autres, l’accroissement et le vieillissement de la population à un rythme soutenu, et des évolutions de la prévalence de certains cancers. Freddie Bray, responsable de la surveillance des cancers au CIRC, et les coauteurs de l’article, soulignent que « les différences de profils de cancer entre pays et entre régions signifient qu’une diversité géographique demeure, avec la persistance de facteurs de risque locaux dans des populations qui en sont à des phases très différentes de la transition sociale et économique. Cela est illustré par les différences saillantes dans les taux de cancers associés à une infection, entre autres ceux du col utérin, de l’estomac et du foie, observés dans des pays situés aux deux extrémités du spectre du développement humain ».
Les auteurs ont en effet cherché à établir des schémas de fréquence des cancers selon le niveau de développement humain par pays, évalué au moyen d’un indice combinant le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants de 15 ans et plus. Les écarts entre les pays à indice de développement humain (IDH) élevé ou très élevé et ceux à IDH faible ou intermédiaire sont très marqués pour l’incidence de la plupart des cancers, les premiers ayant des fréquences deux à trois fois plus élevées que les seconds.
En revanche, les différences sont beaucoup moins nettes s’agissant de la mortalité. Une proximité qui s’expliquerait à la fois par la fréquence de cancers de mauvais pronostic dans les pays à IDH faible ou intermédiaire, et par des diagnostics plus tardifs et des traitements efficaces moins disponibles.
Le cancer apparaît comme la première cause de mortalité chez les moins de 70 ans en Amérique du Nord et dans une partie de l’Amérique du Sud, l’Europe de l’Ouest, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que le Japon, le Vietnam et la Thaïlande. Il n’arrive qu’en troisième ou quatrième position en Afrique subsaharienne, dans la majeure partie du Moyen-Orient et de l’Asie.
A l’échelle mondiale, le cancer le plus fréquent est celui du poumon, avec plus de deux millions de cas estimés pour 2018, qui est également et de loin le plus meurtrier : plus de 1,7 million de morts (18 % du total des décès par cancer). Il est suivi par celui du sein, quasiment aussi fréquent, mais trois fois moins meurtrier. Le mauvais pronostic en général des cancers du poumon explique cette différence.