Les élections locales sont prévues pour le 13 janvier 2019. Et selon la loi, il n'est plus question de report. La loi, qui a été maintes fois modifiée pour prendre en compte les desiderata du pouvoir en place et repousser la tenue des élections locales, n'offre plus une telle possibilité. Les temps de parenthèse autorisés ne sauraient dépasser le temps consacré à un mandat électif. Pourtant, le Niger n'a pas encore de fichier électoral pour l'organisation de ces élections locales. Alors que le fichier classique a été déclaré non fiable pour des élections crédibles par les tenants du pouvoir eux-mêmes, le fichier biométrique qu'ils se sont engagés à confectionner est loin de connaître un début de réalité. Une chimère, confie une source proche de l'affaire.
À trois mois desdites élections, les observateurs indiquent qu'il sera pratiquement impossible de réaliser ce fichier biométrique. Il y a certes, le lancement des campagnes foraines pour l'attribution de pièces d'état-civil aux Nigériens en âge de voter qui n'en ont pas. Mais, le folklore l'emporte sur les performances. De fait, la procédure est plombée dès le départ, avec un mouvement d'humeur des magistrats qui ont refusé de jouer le rôle de faire-valoir dans une procédure chargée de suspicions de fraudes. Cinq mois avant le lancement de ces campagnes foraines, le journal Le Courrier, depuis fermé " pour non-paiement d'impôt ", a fait des révélations fracassantes sur les fraudes en perspective.
La commission électorale, dirigée par maître Souna Issaka, a passé commande de milliers d'actes d'Etat-civil auprès d'un imprimeur de la Place qui est reconnu être militant du parti au pouvoir. Surprise de taille, parmi ces actes d'Etat-civil figurent des actes de mariages et de décès. D'où le titre journal " Les morts aussi vont voter ". Ébranlés mais nullement découragés pour abandonner le projet de production d'un fichier électoral truqué, maître Souna et ses potes, presque tous choisis au nom de leur proximité avec le PndsTareyya, ont expliqué qu'il s'agirait de documents destinés aux campagnes foraines. Que viennent faire alors les actes de décès et de mariage ?
Aujourd'hui, le doute n'est plus permis. La commission électorale ne peut produire un fichier biométrique pour les élections locales. Deux éminents membres de cette commission, en l'occurrence le premier rapporteur, Nafiou Wada et la superviseure de la communication et d'autres aspects connexes, madame Katambé Mariama, pourtant militante du PndsTareyya mais agissant au nom d'un regroupement de femmes, ont étalé leur scepticisme quant au respect de cette échéance très proche. Dans un document qu'ils ont intitulé " Vision et contributions ", les deux membres de la commission électorale n'ont pas passé par quatre chemins pour fustiger le fonctionnement interne de ladite commission et tirer la sonnette d'alarme. Mais n'est-il pas déjà trop tard ? Affaire à suivre